Bâtir Une Startup Sans Sacrifier Sa Santé Mentale : Les Conseils d’Andy Dunn

Peut-on bâtir une startup florissante sans mettre sa santé mentale en péril ? Andy Dunn, fondateur de la marque de vêtements pour hommes Bonobos, en est convaincu. Lors de sa récente intervention au TechCrunch Disrupt 2024, l’entrepreneur a livré de précieux conseils tirés de son expérience personnelle, lui qui a vendu Bonobos pour 310 millions de dollars en 2017 tout en luttant contre des troubles bipolaires.

Diagnostiqué bipolaire pendant ses études, Andy Dunn n’a pris pleinement conscience de sa maladie qu’en 2016, après une seconde hospitalisation suite à un épisode maniaque. Un déclic salvateur : il entame alors une thérapie, se met sous traitement et surveille son sommeil. Des mesures essentielles pour maintenir son équilibre mental alors qu’il est aux commandes de Bonobos.

L’entrepreneuriat, un terreau fertile pour les troubles mentaux ?

Andy Dunn souligne la corrélation entre entrepreneuriat et troubles psychiques. «Les entrepreneurs ont tendance à rapporter une incidence plus élevée de problèmes de santé mentale au cours de leur vie que la moyenne», constate-t-il. Une réalité qu’il relie à la fois aux traits de personnalité de ceux qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale et à la pression inhérente au fait de créer une entreprise :

Il y a définitivement une corrélation entre neurodivergence et créativité. Je ne sais pas si l’entrepreneuriat attire les personnes neurodivergentes, ou s’il les rend plus neurodivergentes, mais il y a certainement une sorte de cercle vertueux et parfois non vertueux.

Andy Dunn

Paradoxalement, la phase d’hypomanie – cet état d’excitation et d’euphorie qui caractérise la bipolarité – peut s’avérer propice à la conduite d’une startup de par l’énergie créative, la sensation de toute-puissance et le besoin réduit de sommeil qu’elle procure. Andy Dunn reconnaît en avoir bénéficié, mais à quel prix ?

La santé mentale, un enjeu encore tabou dans l’écosystème startup

Si la santé mentale est un sujet de plus en plus débattu dans la société, il reste un tabou dans le monde des startups. Beaucoup d’entrepreneurs craignent d’être stigmatisés s’ils révèlent un diagnostic à leurs associés ou investisseurs. Andy Dunn, qui conseille le Founder Mental Health Pledge, incitant les investisseurs à se soucier du bien-être psychique des fondateurs qu’ils soutiennent, en est bien conscient.

Nous avons levé 125 millions de dollars chez Bonobos – donneriez-vous 125 millions de dollars à quelqu’un qui peut être soit psychotique soit en dépression catatonique ?

Andy Dunn

Toutefois, dissimuler ses fragilités n’est pas non plus la solution selon lui. Mieux vaut jouer la transparence, une fois le deal conclu, pour éviter les mauvaises surprises en cas de crise.

Trouver le bon équilibre entre ambition et bien-être

Si Andy Dunn plaide pour une meilleure prise en compte de la santé mentale dans l’entrepreneuriat, il n’en reste pas moins pragmatique. «Voici le défi : nous voulons avoir une bonne santé mentale, et nous voulons que nos équipes aient un équilibre mental, et pourtant une semaine de travail de 40 heures ne suffit pas. On ne peut pas changer le monde avec des gens qui travaillent 40 heures par semaine», reconnaît-il.

Pour trouver le juste milieu, le fondateur de Pie, sa nouvelle entreprise, mise sur la transparence dès le recrutement :

J’ai un nouveau discours que je tiens lorsque je recrute, qui est le suivant : il s’agit d’un travail de 50 à 60 heures par semaine, et en retour, vous allez obtenir deux choses géniales. Premièrement, vous allez apprendre, grandir et vous développer davantage. Deuxièmement, vous avez des parts.

Andy Dunn

Prendre soin de soi fait donc partie intégrante du travail acharné qu’exige le succès d’une startup. Un équilibre subtil à trouver pour les entrepreneurs en quête de sens et d’impact, qu’Andy Dunn résume ainsi dans son livre «Burn Rate : Launching a Startup and Losing My Mind» :

J’en suis venu à une conclusion erronée classique d’un fondateur de startup immature : si l’entreprise ne fonctionne pas, c’est que nous ne travaillons pas assez dur.

Andy Dunn

Le parcours d’Andy Dunn est riche d’enseignements pour tous les entrepreneurs, qu’ils soient concernés ou non par des troubles psychiques. En normalisant la prise en compte du bien-être mental dans un univers startup prompt à le négliger, il ouvre la voie à un nouveau modèle de réussite conjuguant ambition et équilibre. Un défi de taille, mais ô combien essentiel pour s’épanouir durablement dans son aventure entrepreneuriale.

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