La Chef de l’Antitrust de l’UE Regrette de Ne Pas Avoir Agi Plus Rapidement

Après une décennie à la tête de l’antitrust européen, Margrethe Vestager tire sa révérence avec un bilan en demi-teinte. Celle qui s’est fait connaître pour ses offensives retentissantes contre les géants de la tech exprime aujourd’hui des regrets. Dans une interview accordée au New York Times alors qu’elle s’apprête à quitter ses fonctions, la Danoise estime n’avoir été que « partiellement efficace » face aux abus de position dominante des GAFAM.

Malgré les milliards d’euros d’amendes infligés par son service, une poignée de plateformes continuent de dominer l’expérience des consommateurs en ligne. Un constat d’échec difficile à réfuter, même si l’impact à long terme de règlements comme le Digital Markets Act (DMA), qu’elle a contribué à introduire, mettra des années à se faire sentir. Son héritage aura donc besoin de plus de recul pour être véritablement évalué.

Une fenêtre d’opportunité manquée ?

Ce regret n’en est pas moins révélateur. À travers des remarques sur l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, l’entretien laisse transparaître le sentiment qu’une fenêtre d’opportunité pour redéfinir les règles du web a été perdue. Son conseil aux régulateurs du monde entier désormais ? Être « plus audacieux ».

« Nous sommes dans l’industrie de la dissuasion », ajoute-t-elle au sujet de la proposition du DOJ de démanteler Google. « Si nous n’utilisons pas de temps en temps nos outils les plus puissants, il n’y a pas de dissuasion. »

– Margrethe Vestager

Des leçons pour l’avenir

Reste à voir si son successeur saura tirer les leçons de ces regrets. Le chemin vers une réglementation efficace des Big Tech est encore long et semé d’embûches, comme en témoigne la difficulté de mettre en œuvre le DMA. Mais cette prise de conscience d’une des figures de proue de l’antitrust mondial est un signal fort. Voici quelques enseignements à retenir pour les régulateurs :

  • Agir vite et fort face aux abus, avant que les positions dominantes ne soient inexpugnables
  • Ne pas hésiter à utiliser les outils les plus puissants comme le démantèlement pour dissuader les comportements anticoncurrentiels
  • Anticiper les évolutions technologiques et leurs impacts pour adapter la réglementation en amont
  • Coopérer au niveau international pour avoir plus de poids face aux mastodontes de la tech

Les prochaines années seront décisives pour façonner un marché numérique plus équilibré et respectueux des droits des consommateurs. L’Europe, malgré ses imperfections, a montré la voie. Aux autres puissances d’emboîter le pas avec détermination. L’enjeu est de taille pour notre souveraineté économique et démocratique à l’ère digitale.

À lire également