Nikola, Pionnier Des Camions Électriques En Difficulté, Cherche Des Fonds

Malgré une année record en termes de production et de livraison de camions, le fabricant de poids lourds électriques et à hydrogène Nikola traverse une passe difficile. Après le scandale lié à son fondateur Trevor Milton, condamné pour fraude, la société cherche à renforcer sa position financière en levant jusqu’à 100 millions de dollars via la vente d’actions ordinaires.

Nikola joue la carte de la transparence

Dans ses documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) lundi, Nikola détaille ses efforts pour assainir ses comptes et regagner la confiance des investisseurs. La société prévoit d’utiliser le produit de la vente d’actions pour son fonds de roulement et ses besoins généraux. Une partie pourrait également être consacrée à l’acquisition ou l’investissement dans des activités, actifs ou technologies complémentaires.

Parallèlement, Nikola a déposé une demande pour revendre jusqu’à 34,2 millions d’actions issues de la conversion de billets, permettant ainsi aux détenteurs de convertir leur dette en actions et de les vendre. Si cette opération n’apporte pas de liquidités directes à Nikola, elle offre une porte de sortie aux créanciers.

Des efforts payants malgré la dilution

La semaine dernière, Nikola avait déjà réussi à lever 65 millions de dollars en vendant des actions à ses détenteurs de billets convertibles, en augmentant temporairement le taux de conversion jusqu’au 31 janvier 2025. Le prix de conversion actuel pour les porteurs de billets est d’environ 3,12 dollars par action, alors que l’action Nikola a ouvert à 1,46 dollar lundi matin, en baisse de près de 10% par rapport aux échanges de pré-ouverture.

Nikola semble avoir réduit sa dette de 39,4 millions de dollars après avoir intégralement remboursé ses billets de série B-1 dans le cadre d’un accord datant du 19 août 2024.

Le pari des camions zéro émission

Malgré ces turbulences, Nikola reste un acteur clé dans la course aux camions électriques et à hydrogène. La société a produit et expédié 203 camions à ce jour cette année, un record, mais au prix d’une perte nette de 481 millions de dollars. L’objectif est de vendre entre 300 et 350 semi-remorques à hydrogène FCEV d’ici fin 2024.

Face aux géants du secteur comme Tesla, Daimler ou Volvo, Nikola mise sur une technologie unique combinant batteries et piles à combustible à hydrogène pour offrir une autonomie et une flexibilité accrues. Mais la route est encore longue pour convaincre transporteurs et investisseurs de la viabilité de ce modèle.

  • Scandale Trevor Milton : le fondateur condamné pour fraude
  • Levée de fonds de 100 millions de dollars en actions ordinaires
  • Revente possible de 34,2 millions d’actions issues de la conversion de billets

Au-delà des aspects financiers, c’est toute la stratégie hydrogène qui est questionnée. Le déploiement des infrastructures de recharge, le coût de production de l’hydrogène vert et la sécurité restent des défis majeurs pour imposer cette technologie face aux camions 100% batteries.

Le pari de Nikola est ambitieux mais risqué. Entre besoins de financement colossaux et doutes sur son modèle, le pionnier des camions électriques et à hydrogène joue son avenir. Une success story à l’américaine qui pourrait aussi se transformer en Hindenbourg, du nom du célèbre rapport accusant Nikola de duperie massive en 2020. Trevor Milton n’est plus aux commandes, mais son ombre plane toujours sur un groupe fragilisé qui doit encore faire ses preuves sur la route comme en bourse.

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