C’est une triste nouvelle pour l’industrie émergente des avions électriques. Lilium, la startup allemande qui avait levé plus d’un milliard de dollars avant son entrée en bourse, a définitivement cessé ses activités. Environ 1 000 employés ont été licenciés suite à l’échec des tentatives de financement et de sortie d’insolvabilité. Retour sur la chute de cette entreprise autrefois prometteuse.
Une Vision Ambitieuse de l’Aviation Durable
Fondée il y a 10 ans, Lilium avait pour ambition de révolutionner le transport aérien avec ses avions électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL). La startup visait à développer des appareils capables d’atteindre une vitesse de 100 km/h, tout en offrant une alternative plus écologique aux avions et hélicoptères traditionnels.
Cette vision audacieuse avait séduit de nombreux investisseurs de renom, dont le géant chinois Tencent. Lilium avait également décroché des contrats prometteurs, notamment une commande de 100 avions électriques de la part de l’Arabie Saoudite. En 2021, la société est entrée en bourse via une fusion inversée avec un SPAC, le Qell.
Un Chemin Semé d’Embûches
Malgré ces avancées, le parcours de Lilium n’a pas été de tout repos. Si la startup avait réussi à mettre sous tension son premier prototype à échelle réelle, la commercialisation de ses appareils restait encore lointaine. Le développement d’avions électriques est un défi technologique et réglementaire de taille, nécessitant des investissements colossaux.
Ces derniers mois, Lilium a traversé une zone de fortes turbulences. En octobre, la société a annoncé son intention de déposer le bilan, faute d’avoir pu lever des fonds d’urgence auprès du gouvernement allemand. Placée sous le régime de l’insolvabilité, elle a perdu le contrôle de ses filiales, dont Lilium eAircraft.
1 000 Emplois Supprimés, un Avenir Incertain
Malgré les efforts du cabinet KPMG pour trouver un repreneur, aucune solution viable n’a pu être dégagée. Patrick Nathen, co-fondateur et CEO de Lilium, a confirmé sur LinkedIn la triste nouvelle: les activités ont été stoppées et la quasi-totalité des effectifs, soit environ 1 000 personnes, ont été licenciés.
Après 10 ans et 10 mois, je constate avec tristesse que Lilium a cessé ses opérations. L’entreprise que Daniel, Sebastian, Matthias et moi avons fondée ne peut plus poursuivre notre conviction commune d’une aviation plus respectueuse de l’environnement. C’est déchirant.
– Patrick Nathen, CEO et co-fondateur de Lilium
Cette annonce soulève des questions sur l’avenir de la mobilité aérienne urbaine et les défis auxquels font face les startups dans ce secteur très exigeant. Les coûts de développement faramineux, les contraintes réglementaires et la nécessité de convaincre le public représentent autant d’obstacles sur la voie de l’aviation électrique.
Quelles Leçons Tirer de Cet Échec ?
Si la chute de Lilium est un coup dur, elle ne sonne pas le glas des eVTOL pour autant. D’autres acteurs comme Joby Aviation, Archer ou Volocopter continuent de miser sur cette technologie, avec des approches et des moyens différents. Cependant, cet échec rappelle l’importance de plusieurs facteurs clés :
- Une gestion rigoureuse des coûts et de la trésorerie, pour tenir la distance
- Un calendrier réaliste, tenant compte des défis technologiques et réglementaires
- Une communication transparente avec les investisseurs et le public
- Une diversification des sources de financement pour limiter les risques
L’histoire de Lilium, malgré sa fin douloureuse, aura au moins eu le mérite de pousser plus loin les frontières de l’aviation durable. Espérons que les leçons tirées de cet échec permettront à d’autres pionniers de relever avec succès le défi des avions électriques, pour façonner la mobilité aérienne de demain.