Michael Luciani et Jennifer Kan, deux investisseurs expérimentés du secteur climatique, ont récemment lancé Juniper Ventures, un fonds de capital-risque dédié aux startups de biologie synthétique visant à avoir un impact positif sur l’environnement. Spin-off de Climate Capital, Juniper démarre avec 10,6 millions de dollars, un montant sursouscrit par rapport à son objectif initial.
Un focus sur les secteurs les plus polluants
Si les investissements dans les technologies climatiques ont explosé ces dernières années, ils se sont concentrés à plus de 50% sur l’énergie et les transports. Pourtant, comme le souligne Michael Luciani, ces secteurs représentent moins de la moitié des émissions carbone. Les vrais gros pollueurs sont l’industrie, la chimie, les plastiques, l’agriculture et le bâtiment. Et pour Luciani, la biologie synthétique est la solution émergente la plus prometteuse pour décarboner massivement ces activités.
La bio-ingénierie au service du climat
La biologie synthétique, ou bio-ingénierie, consiste à concevoir et fabriquer de nouveaux systèmes biologiques ou à modifier des organismes existants, comme des micro-organismes, pour leur faire produire des molécules, matériaux ou processus utiles. Cette discipline en plein essor ouvre de formidables perspectives pour :
- Créer des alternatives bas carbone aux plastiques, textiles et autres produits pétrochimiques
- Développer de nouveaux matériaux de construction écologiques
- Mettre au point des solutions agricoles durables (pesticides naturels, cultures résistantes…)
- Capturer et transformer le CO2 via des systèmes biologiques optimisés
Pour Jennifer Kan, « les avancées exponentielles dans des domaines comme la biologie moléculaire, la génomique et l’intelligence artificielle ouvrent un champ des possibles immense pour réinventer de façon durable un grand nombre de secteurs et de procédés industriels. »
Juniper Ventures, le chaînon manquant pour les startups bio-climat
Avec leur nouveau fonds, les deux fondateurs de Juniper Ventures ambitionnent de devenir les spécialistes du financement des jeunes pousses de la biologie synthétique dédiée à l’environnement. Leur approche : investir au stade précoce, dès 100 000 dollars, pour aider les scientifiques à commercialiser leurs recherches et à structurer leur entreprise.
Notre objectif est d’être le premier investisseur institutionnel, d’aider les entrepreneurs à réfléchir à la meilleure façon de construire une société à partir de leur innovation.
– Jennifer Kan, cofondatrice de Juniper Ventures
Juniper a déjà réalisé ses premiers investissements, notamment dans California Cultured qui développe du café et du chocolat plus durables en cultivant des cellules végétales, et Cache DNA qui travaille sur une méthode innovante de stockage d’ADN et d’ARN. Selon Kan, « si on stockait toutes les données du monde dans de l’ADN, elles tiendraient dans une boîte à chaussures ! »
Un signal fort pour l’écosystème bio-climat
Le lancement de Juniper Ventures confirme l’intérêt grandissant des investisseurs pour les applications climatiques de la biologie synthétique. Un signal encourageant pour tout un écosystème de startups qui innovent à la frontière de la biotech et de la greentech.
Reste à transformer l’essai. Car si la bio-ingénierie porte de grands espoirs pour verdir des pans entiers de l’économie, les défis technologiques et réglementaires restent importants pour amener ces innovations à l’échelle industrielle. Le soutien de fonds spécialisés comme Juniper sera clé pour y arriver et faire de la biologie synthétique un véritable levier de décarbonation massive.