Dans un mouvement surprenant, Meta, la société mère de Facebook et Instagram, a récemment levé les restrictions sur la diffusion de fausses informations pour ses utilisateurs américains. Cette décision, passée quelque peu inaperçue parmi d’autres annonces de l’entreprise, pourrait avoir des répercussions significatives sur la qualité des informations circulant sur ces plateformes de premier plan.
Un changement d’algorithme majeur
Le média spécialisé « Platformer » a révélé que Meta avait assoupli ses politiques concernant les fausses nouvelles et les messages potentiellement trompeurs aux États-Unis. Ce changement fait suite à une communication de Joel Kaplan, le nouveau responsable de la modération chez Meta, qui a déclaré vouloir exiger davantage de certitude avant de rétrograder du contenu suspect.
Depuis 2016, Meta avait mis en place un vaste programme international de vérification des faits pour limiter la portée des fake news grâce à des outils de modération automatisés. Ces algorithmes détectaient les contenus douteux et en réduisaient la visibilité. Cependant, ces systèmes ont été désactivés sur les plateformes américaines de Meta, ouvrant ainsi la voie à une recrudescence potentielle de la désinformation.
L’arrêt progressif des outils de contrôle automatisé
Les mesures automatiques de réduction de la portée des informations non vérifiées, en place depuis plusieurs années pour sécuriser notamment les élections présidentielles de 2016, avaient permis à Meta de diminuer la propagation des fausses nouvelles de 90%. Ces algorithmes d’apprentissage machine évaluaient les contenus publiés en se basant sur la fréquence des signalements de fausseté ou l’origine des messages.
Selon Joel Kaplan, Meta continuerait uniquement à rétrograder les contenus présentant une forte probabilité de violation des normes communautaires. Cependant, cette approche soulève des interrogations quant aux débordements futurs rendus possibles par la suppression de ces régulations. Ce retrait graduel de contrôle a suscité de vives réactions parmi les spécialistes et utilisateurs soucieux de la fiabilité des informations présentes sur ces grandes plateformes.
Réactions et critiques face à cette nouvelle politique
L’abandon des partenariats avec les fact-checkers indépendants aux États-Unis, annoncé précédemment par Meta, a complexifié davantage la situation. L’entreprise a justifié cette décision en accusant ces vérificateurs de biais systématiques, bien qu’aucune plainte officielle n’ait été enregistrée à leur encontre selon les déclarations publiques de Meta.
Cette politique a des conséquences notables sur la circulation des fake news, permettant leur réplication sans frein immédiat. Certains observateurs rappellent des cas emblématiques comme les rumeurs sur le soutien du Pape François à Donald Trump ou l’affaire « Pizzagate », qui avaient déjà marqué les années précédentes. Ces exemples illustrent pourquoi une régulation stricte était jugée nécessaire par de nombreux analystes.
Changement des règles sur les discours de haine
Parallèlement, Meta a annoncé une modification de ses politiques relatives aux discours de haine. Désormais, certaines insultes envers les femmes et la communauté LGBTQ seront tolérées, à l’encontre des efforts entrepris ces dernières années pour promouvoir la diversité et lutter contre les discriminations.
Ces annonces ont alimenté le débat sur la responsabilité des géants technologiques en matière de régulation du contenu. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a exprimé ses regrets concernant les demandes passées de censure de certains contenus liés au COVID-19, assurant que l’entreprise ne rétrograderait plus des contenus suspects avant vérification.
Meta face aux défis de la désinformation
Les décisions récentes de Meta s’inscrivent dans un contexte de pression croissante pour garantir la transparence et l’intégrité des informations disponibles sur les réseaux sociaux. Les accusations de sabotage politique et les témoignages sur l’ingérence étrangère lors des élections américaines incitent à une vigilance accrue.
L’arrêt des systèmes internes de limitation des fake news coïncide également avec des redistributions importantes dans les équipes responsables de la diversité et de l’inclusion chez Meta. L’annonce de la suppression de critères pour tenir compte de la diversité lors des recrutements marque un autre tournant controversé dans la stratégie globale de l’entreprise.
Ces choix de Meta ouvrent des perspectives inquiétantes concernant la diffusion incontrôlée de fausses informations et l’augmentation possible des discours de haine sur ses plateformes. Il reste à voir comment l’entreprise compte relever les défis de la désinformation et répondre aux attentes croissantes en matière de responsabilité et de transparence dans la modération des contenus.