L’avenir de l’exploration spatiale passe par le ravitaillement en orbite. C’est la conviction d’Ashi Dissanayake et Reza Fetanat, cofondateurs de la startup Spaceium. Cette jeune pousse canadienne, fraîchement diplômée du célèbre accélérateur Y Combinator, vient de lever 6,3 millions de dollars lors d’un tour de table sursouscrit mené par Initialized Capital. Une levée de fonds remarquable qui témoigne de l’intérêt grandissant des investisseurs pour les technologies spatiales innovantes.
Des débuts modestes mais ambitieux
Ashi Dissanayake et Reza Fetanat se sont rencontrés à l’Université d’Ottawa, unis par leur passion commune pour l’espace. Ensemble, ils ont participé à des projets de recherche où ils construisaient des fusées, des structures, des systèmes de propulsion et même des parachutes pour ramener les engins sur Terre. Ils envoyaient leurs fusées jusqu’à 9000 mètres d’altitude avec des échantillons à bord, avant de récupérer les données pour les laboratoires canadiens.
C’est au cours de ces travaux qu’ils ont identifié le plus gros goulot d’étranglement de l’industrie spatiale : l’absence d’options de ravitaillement en carburant dans l’espace. Actuellement, un vaisseau spatial doit emporter tout le carburant nécessaire à sa mission depuis le sol. Et une fois la mission terminée, il devient un déchet spatial. Un problème majeur pour les missions de longue durée ou d’exploration lointaine, comme la colonisation de Mars.
Bâtir les stations-service de l’espace
Spaceium a donc pour ambition de construire de véritables « supérettes spatiales », un réseau de stations de ravitaillement en orbite où les vaisseaux pourraient venir se ravitailler avant de repartir vers leur destination finale. Un concept qui rappelle celui d’Orbit Fab, autre startup positionnée sur ce créneau prometteur mais sur lequel Spaceium aurait une longueur d’avance technologique.
Nous avons développé un système unique permettant de stocker le carburant pendant de longues périodes, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.
– Ashi Dissanayake, cofondatrice de Spaceium
La startup entend ainsi lever les verrous techniques qui entravent le développement de l’économie spatiale et ouvrir la voie à des missions plus ambitieuses. Une démonstration de faisabilité de leur technologie est d’ailleurs prévue plus tard cette année et l’entreprise affirme disposer d’un solide pipeline de clients potentiels.
Une concurrence féroce mais stimulante
Si le marché du ravitaillement spatial est encore naissant, Spaceium n’est pas seule sur ce terrain. Outre sa rivale américaine Orbit Fab qui a quelques années d’avance, le géant japonais de l’aérospatiale Astroscale a décroché un contrat de 25,5 millions de dollars avec l’US Space Force pour développer un véhicule de ravitaillement. Mais Ashi Dissanayake et son équipe sont confiants quant à leur avantage concurrentiel unique :
- Une technologie de stockage de carburant longue durée inédite
- Un soutien de poids avec Y Combinator et Initialized Capital
- Une expertise technique et scientifique reconnue des cofondateurs
La voie est encore longue mais la motivation est là
Cette levée de fonds de 6,3 millions de dollars permet à Spaceium de changer de dimension et de se projeter vers la commercialisation de ses services. L’entreprise a pu quitter le modeste appartement d’Ottawa qui lui servait de premier quartier général pour des installations plus adaptées. Mais Ashi Dissanayake et Reza Fetanat savent qu’il reste encore un long chemin à parcourir avant de voir leur rêve se concrétiser. Un rêve incarné par l’image de la cofondatrice flottant dans l’espace, contemplant le vide infini de l’espace et apercevant, au loin, le réseau de stations-service spatiales déployé par Spaceium. La route est tracée, il ne reste plus qu’à poser les jalons un à un.