Une rencontre au sommet entre le fondateur de la startup d’intelligence artificielle chinoise DeepSeek, Liang Wenfeng, et les plus hauts dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping, serait prévue très prochainement. Jack Ma, fondateur du géant de l’e-commerce Alibaba, est également attendu à cet événement qui pourrait se tenir dès la semaine prochaine selon l’agence Bloomberg.

Un signal fort du Parti communiste chinois

Ce sommet serait un message clair envoyé par le Parti communiste chinois sur sa volonté d’adopter une position plus favorable envers les entreprises privées du pays. Un changement de ton notable après le blocage par les autorités en 2020 de ce qui aurait été la plus grosse introduction en bourse de l’histoire, celle d’Alibaba.

Le choix de convier le patron de DeepSeek est à cet égard révélateur. Fondée en 2023 par Liang Wenfeng comme une filiale de son fonds spéculatif High-Flyer, la jeune pousse a connu une ascension fulgurante grâce à la puissance de ses modèles d’IA générative mis à disposition du public.

Des performances qui inquiètent les États-Unis

La popularité des modèles et services de DeepSeek a en effet attiré l’attention bien au-delà des frontières chinoises. Leur capacité à rivaliser avec les meilleures IA d’OpenAI et d’autres géants américains inquiètent Washington, qui y voit une menace pour la domination des États-Unis dans ce domaine stratégique.

Les officiels américains sont très préoccupés par les progrès rapides de DeepSeek et plus largement de l’IA chinoise. Ils craignent de perdre leur leadership dans cette course technologique cruciale.

Un expert du secteur cité par Bloomberg

Avec ce sommet, Pékin envoie donc un signal fort, à la fois aux entrepreneurs chinois et au reste du monde. Malgré un contrôle strict, le régime communiste est prêt à soutenir l’innovation locale pour rester dans la course face aux États-Unis.

L’importance stratégique de l’IA

L’intelligence artificielle est en effet devenue un enjeu géopolitique et économique majeur. Ses applications, de la santé à l’armement en passant par les services et l’industrie, en font une technologie indispensable pour les grandes puissances du 21e siècle.

• La Chine a fait de l’IA une priorité nationale avec un plan ambitieux lancé dès 2017
• Les États-Unis ont investi massivement via des programmes publics et le dynamisme de la Silicon Valley
• L’Europe tente de rattraper son retard avec l’Intelligence Artificielle Act en cours d’adoption

Dans cette compétition mondiale, l’essor des startups comme DeepSeek pourrait permettre à la Chine d’atteindre plus rapidement son objectif : devenir le leader de l’IA d’ici 2030. Une ambition que le président Xi Jinping pourrait réaffirmer lors de sa rencontre avec Liang Wenfeng.

Des défis éthiques et réglementaires

Le développement à grande vitesse de l’IA ne va cependant pas sans poser de questions, en Chine comme ailleurs. Le respect de la vie privée, la sécurité des systèmes, la transparence des algorithmes ou l’impact sur l’emploi sont autant de défis que les régulateurs du monde entier vont devoir relever.

Pékin a déjà commencé à prendre des mesures, avec l’adoption de premières règles encadrant l’usage des algorithmes. Mais le cadre législatif reste encore embryonnaire par rapport à l’ampleur des enjeux.

Le sommet prévu entre Xi Jinping et les champions technologiques chinois sera donc scruté avec attention. Au-delà des effets d’annonce, il donnera le ton de la stratégie de la Chine pour tirer parti de la révolution de l’IA, tout en tentant de maîtriser ses potentielles dérives.