Imaginez un monde où les taxis sillonnent les rues sans chauffeur, où la technologie redéfinit la mobilité urbaine, et où d’anciens rivaux s’associent pour conquérir un marché en pleine effervescence. C’est exactement ce qui se profile avec l’annonce explosive de Travis Kalanick, l’ancien PDG d’Uber, qui ambitionne de racheter la branche américaine de Pony AI, une entreprise chinoise spécialisée dans les véhicules autonomes. Plus surprenant encore, Uber, la société qui l’a évincé en 2017, pourrait jouer un rôle clé dans le financement de cette opération. Pourquoi cette alliance improbable ? Quels sont les enjeux pour le marché des robotaxis et l’avenir de la mobilité ? Cet article plonge dans cette saga technologique, mêlant innovation, stratégie d’entreprise et rivalités historiques, pour décrypter ce qui pourrait redessiner le paysage des startups et de l’intelligence artificielle.
Travis Kalanick : Un Retour en Force dans l’IA et la Mobilité
Travis Kalanick n’est pas un inconnu dans le monde des startups. Fondateur d’Uber, il a révolutionné le transport urbain avant d’être poussé vers la sortie en 2017 suite à une série de controverses. Depuis, il s’est concentré sur CloudKitchens, une entreprise de cuisines fantômes qui mise sur l’automatisation et la robotique pour optimiser la livraison de repas. Mais son ambition ne s’arrête pas là. Selon le New York Times, Kalanick cherche à acquérir la branche américaine de Pony AI, une entreprise chinoise de véhicules autonomes valorisée à environ 4,5 milliards de dollars après son introduction en bourse en 2024. Cette démarche marque son retour dans le secteur des véhicules autonomes, un domaine qu’il avait tenté de conquérir chez Uber avant que l’entreprise ne vende sa division de conduite autonome à Aurora.
Ce qui rend cette opération fascinante, c’est l’implication potentielle d’Uber. Après une rupture brutale avec Kalanick, la société semble prête à collaborer avec lui pour financer cette acquisition. Pourquoi ce revirement ? La réponse réside dans la montée en puissance des robotaxis, avec des acteurs comme Waymo (filiale d’Alphabet) et Tesla qui redéfinissent les règles du jeu. Uber, sous la direction de Dara Khosrowshahi, a adopté une stratégie de partenariats avec des entreprises de conduite autonome plutôt que de développer sa propre technologie. Soutenir Kalanick pourrait permettre à Uber de renforcer sa position dans ce marché sans engager de ressources massives en R&D.
« J’étais convaincu qu’Uber était sur le point de rattraper Waymo en matière de conduite autonome avant mon départ. »
– Travis Kalanick, lors d’un événement en mars 2025
Pony AI : Une Pépite de l’Autonomie sous Pression Géopolitique
Fondée en 2016 à Silicon Valley, Pony AI est une entreprise chinoise qui s’est imposée comme un leader dans le développement de technologies de conduite autonome. Avec des permis pour opérer des robotaxis et des camions autonomes aux États-Unis et en Chine, elle a attiré l’attention d’investisseurs comme Toyota, qui détient près de 16 % de ses parts. Cependant, les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine ont compliqué ses opérations. En 2019, un décret de l’administration Trump a visé à réduire la dépendance américaine aux technologies chinoises, et une règle de 2025 interdit l’utilisation de logiciels autonomes contrôlés par des entités chinoises aux États-Unis. Ces contraintes ont poussé Pony AI à préparer la vente ou la scission de sa branche américaine dès 2022, en créant une version « forkée » de son code source pour se conformer aux réglementations.
Pour Kalanick, cette situation représente une opportunité. La branche américaine de Pony AI, qui ne contribue qu’à 1 % des ventes totales de l’entreprise, pourrait être acquise à un prix attractif. Avec Uber comme partenaire financier, Kalanick pourrait non seulement relancer sa carrière dans la mobilité autonome, mais aussi positionner Pony AI comme un concurrent sérieux face à Waymo et Tesla. Selon Bloomberg, les actions d’Uber et de Pony AI ont bondi respectivement de 3,8 % et 21 % après l’annonce des négociations, reflétant l’enthousiasme des investisseurs pour cette opération.
Pourquoi Uber Soutient-il Kalanick ?
À première vue, l’idée qu’Uber finance une acquisition menée par son ancien PDG, évincé dans des circonstances controversées, semble improbable. Pourtant, cette décision s’inscrit dans une logique stratégique. Depuis que Dara Khosrowshahi a pris les rênes, Uber a abandonné le développement interne de technologies autonomes, marqué par des incidents comme l’accident mortel d’un véhicule d’essai en Arizona en 2018. À la place, Uber a multiplié les partenariats avec des acteurs comme Waymo, WeRide et May Mobility, intégrant leurs robotaxis à sa plateforme. En mars 2025, par exemple, 20 % des trajets Uber à Austin étaient effectués via des véhicules Waymo, selon Yipit Data.
En soutenant Kalanick, Uber pourrait renforcer sa position dans le secteur des véhicules autonomes sans investir directement dans le développement technologique. Cela lui permettrait de diversifier ses partenaires et de contrer la menace croissante de Waymo et Tesla, qui a lancé un service de robotaxis à Austin en 2025. De plus, Uber a déjà collaboré avec Pony AI pour des services de robotaxis au Moyen-Orient, ce qui suggère une confiance dans les capacités technologiques de l’entreprise. Comme l’a déclaré un porte-parole d’Uber :
« Uber adopte une stratégie de plateforme et travaille avec de multiples acteurs pour intégrer des technologies autonomes en toute sécurité. »
– Porte-parole d’Uber, 2025
Les Enjeux pour le Marché des Robotaxis
Le marché des robotaxis est en pleine effervescence, avec des acteurs comme Waymo, Tesla et Zoox qui repoussent les limites de la mobilité autonome. Waymo, en particulier, domine avec des services opérationnels à San Francisco et Phoenix, tandis que Tesla a récemment lancé un programme pilote à Austin. Pour Uber, rester compétitif dans ce secteur est crucial, car les robotaxis menacent de réduire la dépendance aux chauffeurs humains, qui représentent une part importante de ses coûts opérationnels. Selon TechCrunch, l’acquisition de Pony AI par Kalanick, soutenue par Uber, pourrait accélérer la consolidation du marché et donner un avantage stratégique à Uber face à ses rivaux.
Pour les startups et les investisseurs, cette opération illustre l’importance de la flexibilité stratégique. En collaborant avec Kalanick, Uber montre qu’il est prêt à mettre de côté d’anciennes rivalités pour saisir des opportunités. De son côté, Pony AI bénéficie d’une chance de se recentrer sur le marché chinois tout en permettant à sa technologie de prospérer aux États-Unis sous une nouvelle direction. Voici les principaux points à retenir :
- L’acquisition pourrait repositionner Kalanick comme un acteur clé dans la mobilité autonome.
- Uber renforce sa stratégie de partenariats sans développer sa propre technologie.
- Les tensions géopolitiques offrent une opportunité d’achat à prix réduit pour la branche US de Pony AI.
CloudKitchens : Une Passion pour la Robotique
Si Kalanick réussit à acquérir Pony AI, il prévoit de continuer à diriger CloudKitchens, son entreprise de cuisines fantômes. Cette décision reflète son intérêt croissant pour la robotique. Chez CloudKitchens, il a déjà intégré des robots pour préparer des repas et expérimenté des solutions de livraison automatisée. Cette expertise pourrait se révéler précieuse pour gérer la branche américaine de Pony AI, où il pourrait appliquer des principes d’automatisation pour optimiser les opérations. Cette double casquette – à la tête de CloudKitchens et de Pony AI – positionnerait Kalanick comme un pionnier dans l’intersection de la mobilité et de l’automatisation.
Pour les entrepreneurs et les marketeurs, l’histoire de Kalanick est une leçon de résilience. Malgré son éviction d’Uber, il a su rebondir en explorant de nouveaux secteurs tout en restant fidèle à sa vision de l’innovation technologique. Son retour dans la conduite autonome montre que les échecs passés ne définissent pas l’avenir d’un entrepreneur audacieux.
Les Défis à Venir
Si l’acquisition de Pony AI par Kalanick est prometteuse, elle n’est pas sans risques. Les négociations sont encore à un stade préliminaire, et les détails financiers restent flous. Selon Bloomberg Intelligence, la branche américaine de Pony AI pourrait être valorisée à moins de 500 millions de dollars, ce qui en ferait une cible abordable, mais les défis réglementaires et concurrentiels demeurent. Les restrictions américaines sur les technologies chinoises pourraient compliquer l’intégration de Pony AI, et la concurrence avec Waymo et Tesla exigera des investissements massifs pour rester dans la course.
De plus, la relation entre Kalanick et Uber reste complexe. Bien que l’entreprise semble prête à collaborer, des tensions passées pourraient ressurgir si les intérêts divergent. Pour les investisseurs, cette opération est un pari audacieux, mais risqué, dans un secteur où la technologie évolue rapidement et où les erreurs peuvent coûter cher. Comme le souligne Reuters, les tensions géopolitiques fragmentent le marché des robotaxis, obligeant les entreprises à se concentrer sur leurs marchés domestiques. Cette fragmentation pourrait toutefois jouer en faveur de Kalanick, qui pourrait exploiter les divisions du secteur pour se repositionner.
Une Nouvelle Ère pour la Mobilité ?
L’annonce de l’acquisition potentielle de Pony AI par Travis Kalanick, avec le soutien d’Uber, marque un tournant dans l’industrie des véhicules autonomes. Pour les professionnels du marketing, des startups et de la technologie, cette saga illustre comment l’innovation, les partenariats stratégiques et la résilience peuvent transformer un secteur. Que ce soit pour contrer la domination de Waymo, répondre aux ambitions de Tesla ou naviguer dans un paysage géopolitique complexe, cette opération pourrait redéfinir la mobilité urbaine.
Pour les entrepreneurs, l’histoire de Kalanick est un rappel que les opportunités se trouvent souvent là où les défis sont les plus grands. En combinant son expertise en robotique avec l’ambition de relancer Pony AI aux États-Unis, il pourrait non seulement réécrire son propre parcours, mais aussi influencer l’avenir de l’intelligence artificielle dans la mobilité. Reste à voir si cette alliance improbable entre Kalanick et Uber tiendra ses promesses. Une chose est sûre : le monde des robotaxis n’a pas fini de nous surprendre.
- Travis Kalanick vise à acquérir la branche US de Pony AI.
- Uber pourrait financer l’opération pour renforcer sa position.
- Les tensions géopolitiques favorisent cette opportunité stratégique.