Imaginez une startup qui, en pleine tempête sur le marché du venture capital, lève 300 millions de dollars supplémentaires… et voit sa valorisation bondir de 22,5 à 32 milliards de dollars en seulement trois mois. C’est exactement ce qui vient d’arriver à Ramp. Pendant que la plupart des fondateurs pleurent la disparition des term sheets, cette fintech new-yorkaise spécialisée dans la gestion de dépenses d’entreprise continue de faire pleuvoir l’argent comme si nous étions encore en 2021.
Une ascension fulgurante qui donne le vertige
Revenons quelques mois en arrière pour bien mesurer l’ampleur du phénomène. En mars 2025, Ramp valait « seulement » 13 milliards après une vente secondaire de 150 millions. Trois mois plus tard, en juin, nouveau tour de table : 200 millions à 16 milliards. À peine six semaines après, en juillet, 500 millions supplémentaires et hop, 22,5 milliards. Et voilà qu’en novembre, Lightspeed mène un nouveau tour de 300 millions (incluant un tender offer pour les employés) qui catapulte la valorisation à 32 milliards de dollars.
En moins d’un an, Ramp a donc multiplié sa valeur par près de 2,5 et levé plus d’1,3 milliard de dollars rien qu’en 2025. Pour une entreprise qui n’est même pas (vraiment) une boîte d’IA pure player, c’est proprement hallucinant.
Ramp en quelques chiffres qui font tourner la tête
- Valorisation actuelle : 32 milliards de dollars
- Total levé en equity : 2,3 milliards de dollars
- Revenus annualisés : > 1 milliard de dollars (annoncé en octobre 2025)
- Clients : plus de 50 000 entreprises
- Croissance de la valorisation en 2025 : +146 % (de 13 à 32 milliards)
Mais au fait, Ramp fait quoi exactement ?
À la base, Ramp propose une plateforme tout-en-un de gestion des dépenses professionnelles : cartes corporate illimitées, logiciel de notes de frais, gestion des achats, travel booking… Le tout avec une promesse forte : faire économiser en moyenne 3,3 % des dépenses totales de l’entreprise (et jusqu’à 5 % pour certains clients).
Leur arme secrète ? Une automatisation poussée (oui, il y a de l’IA dedans, mais pas que) qui supprime 90 % des tâches manuelles : reconnaissance automatique des reçus, approbations intelligentes, détection de doublons, politiques de dépenses appliquées en temps réel… Bref, tout ce que Brex, Expensify ou Concur faisaient il y a dix ans, mais en dix fois plus rapide et dix fois plus agréable.
« Nous ne sommes pas une entreprise d’IA qui fait de la fintech. Nous sommes une entreprise de fintech qui utilise l’IA pour résoudre de vrais problèmes opérationnels. »
– Eric Glyman, CEO et cofondateur de Ramp
Pourquoi les investisseurs se battent encore pour Ramp en 2025
En dehors de l’IA générative, il y a très peu de secteurs qui font encore rêver les fonds. Pourtant, Ramp arrive à créer une exception majeure. Plusieurs raisons à cela :
- Un marché gigantesque et encore sous-pénétré : les entreprises américaines dépensent plus de 10 000 milliards de dollars par an en achats et frais professionnels. Même en prenant 0,1 %, ça fait beaucoup de zéros.
- Effet réseau puissant : plus une entreprise a d’employés qui utilisent Ramp, plus les données permettent d’affiner les modèles d’économies et de détection de fraude.
- Modèle économique sain : interchange fees sur les cartes + abonnement logiciel. Deux sources de revenus récurrentes et à marge élevée.
- Une croissance qui ne ralentit pas : dépasser le milliard de dollars de revenu annualisé seulement 5 ans après la création, c’est du jamais vu dans la catégorie.
La liste impressionnante des investisseurs qui se bousculent
Quand on regarde le cap table de Ramp, on comprend mieux pourquoi les tours de table s’enchaînent aussi vite :
- Founders Fund (Peter Thiel)
- Khosla Ventures
- Iconiq Growth
- Lightspeed Venture Partners (dernier lead)
- Thrive Capital
- General Catalyst
- Stripe (oui, Stripe a investi dans Ramp)
Bref, tout le gratin du venture US est là. Et ils continuent de remettre au tour de table, ce qui est extrêmement rare en 2025.
Et la concurrence dans tout ça ?
Brex, qui dominait le segment il y a encore deux ans, a vu sa valorisation chuter de 12,3 milliards à environ 3 milliards après plusieurs restructurations. Airbase, Divvy (racheté par Bill.com), Expensify… aucun n’arrive à suivre le rythme de Ramp actuellement.
Le secret ? Une exécution absolument sans faute et une obsession du produit qui rappelle les meilleures heures de Stripe à ses débuts.
Qu’est-ce que ça nous dit sur l’état du marché en 2025 ?
Le cas Ramp est fascinant parce qu’il montre que, même dans un marché venture en pleine déprime, les entreprises qui délivrent de la croissance rentable et résolvent de vrais problèmes continuent de trouver des financements à des valorisations stratosphériques.
En clair : l’argent n’a pas disparu. Il s’est simplement réfugié sur une poignée d’entreprises considérées comme les futurs leaders incontestés de leur catégorie.
Que peut-on attendre pour la suite ?
À 32 milliards de valorisation et plus d’un milliard de revenus, la question n’est plus vraiment « est-ce que Ramp va devenir un géant ? » mais plutôt « quand va-t-elle entrer en bourse ? ».
Beaucoup d’observateurs parient sur une introduction en 2026 ou 2027, qui pourrait être l’une des plus grosses IPO tech depuis Snowflake.
En attendant, la machine Ramp continue de tourner à plein régime : embauches massives (ils recrutent encore des centaines d’ingénieurs), expansion internationale (Europe et Asie en ligne de mire), et probablement de nouvelles acquisitions.
Leçons à retenir pour tous les entrepreneurs
L’histoire de Ramp en 2025 nous donne plusieurs enseignements précieux :
- Concentrez-vous sur un problème douloureux et récurrent (les notes de frais, c’est l’enfer partout dans le monde)
- Exécutez à la perfection, encore et encore
- Construisez un produit que vos clients adorent (le NPS de Ramp est dans la stratosphère)
- L’IA, c’est bien. Mais résoudre un problème de 10 000 milliards de dollars, c’est mieux.
En résumé, pendant que tout le monde court après la prochaine application grand public dopée à l’IA générative, Ramp est en train de construire discrètement l’un des plus beaux empires B2B de la décennie.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant.






