Imaginez que du jour au lendemain, le coût de production de vos produits explose de 25 % parce qu’un tweet présidentiel a décidé d’imposer de nouveaux droits de douane. C’est exactement ce qui arrive à des milliers de marques américaines (et européennes) en ce moment même. et c’est dans ce chaos que Cavela, une startup IA encore confidentielle il y a six mois, vient de lever 6,6 millions de dollars pour devenir le parachute de secours des e-commerçants. L’histoire est presque trop belle pour être vraie… et pourtant elle est en train de s’écrire sous nos yeux.
Quand les tarifs de Trump font le bonheur d’une startup IA
Novembre 2025. Les annonces de nouveaux droits de douane sur les produits chinois tombent comme un couperet. Les marques qui fabriquaient tranquillement en Chine depuis dix ans découvrent que leur marge va fondre plus vite que neige au soleil. Panique à bord.
Pendant ce temps, Anthony Sardain, fondateur de Cavela, regarde le compteur de son dashboard exploser. En quelques semaines, des centaines de marques viennent frapper à sa porte avec la même question désespérée : « Comment je sors de Chine sans me ruiner ni attendre deux ans ? »
« On n’a pas choisi le bon timing, c’est le timing qui nous a choisis. »
– Anthony Sardain, fondateur de Cavela
Et le timing est effectivement parfait : Cavela propose exactement ce dont ces marques ont besoin : un agent IA qui joue le rôle d’une équipe complète de sourcing internationale, capable de trouver, contacter et négocier avec des usines dans plus de 40 pays… en quelques jours au lieu de plusieurs mois.
Comment fonctionne vraiment cette « magie » IA ?
Concrètement, l’utilisateur upload dans la plateforme tous les éléments de son produit : plans techniques, photos, cahier des charges, spécifications matières, quantités souhaitées. L’agent IA de Cavela se charge du reste.
Voici ce qui se passe ensuite, étape par étape :
- Analyse multimodale (texte + images + schémas) grâce aux derniers LLM et modèles de vision
- Identification automatique des pays alternatifs pertinents (Vietnam, Inde, Turquie, Indonésie, Mexique…)
- Recherche de 50 à 200 usines qualifiées correspondant précisément au besoin
- Contact direct via WhatsApp, email ou WeChat (oui, l’IA parle couramment mandarin, vietnamien, turc…)
- Négociation des prix, MOQ, délais de livraison et conditions de paiement
- Retour sous 48-72h avec une shortlist de devis compétitifs
Le fondateur le dit lui-même : avant l’IA générative, automatiser ce processus était tout simplement impossible. Trop de données non structurées, trop de nuances culturelles, trop de allers-retours humains.
35 % d’économies en moyenne : le chiffre qui fait tourner les têtes
Le résultat ? Les clients de Cavela annoncent en moyenne 35 % d’économies sur leurs coûts de production, même par rapport aux prix chinois d’avant les nouveaux tarifs.
Comment c’est possible ? Tout simplement parce que l’IA joue le jeu de la concurrence parfaite : là où une marque contactait autrefois 3 à 5 usines « parce qu’on connaît quelqu’un », Cavela en contacte 100. Le simple effet volume fait chuter les prix de façon spectaculaire.
Exemple concret : la marque de vêtements ignifugés Western Welder Outfitting ou encore The Longhairs (accessoires pour barbes longues) ont migré une partie de leur production vers le Vietnam et l’Inde grâce à Cavela… et produisent aujourd’hui moins cher qu’en Chine avant les tarifs.
Qui sont les investisseurs qui ont dit « oui » en quelques semaines ?
La levée de 6,6 millions de dollars en seed a été co-lead par deux fonds très sélectifs :
- XYZ Venture Capital
- Susa Ventures
- Avec la participation de Crossover Capital
Un tour de table bouclé en un temps record, preuve que le marché perçoit l’énorme opportunité derrière cette vague de « de-risking » des supply chains.
Le parcours atypique d’Anthony Sardain : trois générations dans le trade asiatique
Ce qui rend l’histoire encore plus fascinante, c’est le background du fondateur. Anthony Sardain n’est pas un ingénieur de la Silicon Valley tombé dans le sourcing par hasard.
Il a grandi entre la Malaisie, Hong Kong, la Thaïlande, Singapour et la Chine continentale. Le commerce international, c’est l’affaire de famille depuis trois générations. Ancien data scientist chez Tierra, il a vu très tôt le potentiel de l’IA pour disrupter un secteur resté incroyablement archaïque.
« On passe notre vie à envoyer des PDF par email en espérant une réponse. J’ai voulu construire l’outil que j’aurais rêvé d’avoir quand j’avais 15 ans et que j’accompagnais mon père dans les usines. »
– Anthony Sardain
Les concurrents existent… mais aucun ne va aussi loin
On pense évidemment à Alibaba, qui domine toujours le sourcing chinois, ou à Pietra, qui propose aussi de l’IA pour le sourcing. Mais Cavela se distingue sur deux points clés :
- Focus exclusif sur la diversification hors Chine
- Automatisation complète de la négociation (pas seulement mise en relation)
Résultat : là où les autres outils vous donnent une liste de contacts, Cavela vous livre des devis négociés, prêts à signer.
Ce que cela nous dit sur l’avenir du manufacturing mondial
Cette levée de fonds n’est pas qu’une belle histoire de startup. Elle est le symptôme d’un mouvement de fond beaucoup plus large :
- La fin de l’hégémonie chinoise sur le manufacturing low-cost
- L’émergence d’un « China + 3 ou 4 » comme nouvelle norme
- L’IA comme accélérateur massif de la résilience supply chain
- La démocratisation du sourcing international pour les PME
Ce qui prenait autrefois 6 à 18 mois (trouver, auditer, négocier, qualifier une nouvelle usine) se fait désormais en quelques semaines. C’est une révolution silencieuse qui est en train de se produire.
Et demain ?
Avec 6,6 millions en caisse et une traction qui explose, Cavela a maintenant les moyens de ses ambitions : recruter massivement, enrichir les capacités d’audit usine (via IA bien sûr), et peut-être même proposer du financement de production pour les marques qui migrent.
Une chose est sûre : dans un monde où la géopolitique redessine les cartes du commerce tous les quatre ans, les marques qui survivront ne seront pas les plus grosses… mais les plus agiles.
Et pour ça, elles auront besoin d’outils comme Cavela.
À suivre de très près.







