New Glenn Super Heavy : Blue Origin Défie Starship

Imaginez une fusée si gigantesque qu’elle dépasse en hauteur la légendaire Saturn V qui a envoyé les hommes sur la Lune. Imaginez maintenant que cette fusée n’est pas l’œuvre de la NASA des années 60, mais celle d’une entreprise privée fondée par l’un des hommes les plus riches de la planète. C’est exactement ce que vient d’annoncer Blue Origin : une version « super heavy » de son lanceur New Glenn qui entre directement en concurrence frontale avec Starship de SpaceX. Pour les entrepreneurs, les investisseurs tech et tous ceux qui suivent l’économie de l’espace, c’est un signal fort : la course aux lancements lourds est bel et bien relancée.

Un géant qui dépasse Saturn V : les chiffres qui impressionnent

La nouvelle variante, baptisée New Glenn 9×4, repose sur une configuration radicale : neuf moteurs BE-4 sur le premier étage (contre sept auparavant) et quatre moteurs BE-3U sur le second étage. Résultat ? Une capacité d’emport supérieure à 70 tonnes en orbite basse, un fairing (la coiffe) beaucoup plus volumineux et une hauteur totale qui dépasse celle de la Saturn V (110 mètres à l eras).

Pour mettre cela en perspective :

  • Saturn V : 363 pieds (110,6 m) → New Glenn 9×4 : plus de 115 mètres
  • Falcon Heavy : 70 mètres et environ 64 tonnes
  • Starship (version actuelle) : environ 120 mètres et 100-150 tonnes théoriques

Blue Origin ne se contente plus de suivre. L’entreprise passe à l’attaque.

Pourquoi ce timing est parfait pour Blue Origin

Le deuxième vol réussi de New Glenn (version 7×2) n’est même pas encore digéré que Jeff Bezos dégaine l’artillerie lourde. Ce n’est pas un hasard. Plusieurs éléments convergent :

  • Le marché des mega-constellations explose (Starlink, Kuiper, etc.) et demande des lanceurs capables d’envoyer des dizaines de tonnes en une seule mission
  • Le programme Artemis de la NASA cherche des alternatives crédibles à SpaceX pour les missions lunaires
  • Le Pentagone et les agences de renseignement misent sur le « Golden Dome », un réseau de satellites de défense qui nécessite des capacités de lancement massives

« Nous construisons les infrastructures qui permettront à la prochaine génération d’entrepreneurs de réaliser leurs rêves dans l’espace. »

– Dave Limp, CEO de Blue Origin

Une stratégie à deux têtes intelligente

Ce qui est particulièrement malin, c’est que Blue Origin ne sacrifie pas la version actuelle. Les deux modèles coexisteront :

  • New Glenn 7×2 : pour les charges utiles classiques, les lancements gouvernementaux, les satellites commerciaux standards
  • New Glenn 9×4 : pour les missions XXL – mega-constellations, stations spatiales privées, bases lunaires, missions habitées vers Mars

Cette approche duale rappelle celle de SpaceX avec Falcon 9 et Starship : garder une vache à lait rentable tout en développant le futur.

Les opportunités business qui s’ouvrent pour les startups

Pour les entrepreneurs qui nous lisent, cette annonce change la donne à plusieurs niveaux :

  • Accès à l’espace plus abordable : plus de capacité = prix au kilo potentiellement plus bas
  • Fairing géant : enfin la possibilité de lancer des satellites ou des modules trop gros pour les lanceurs actuels
  • Diversification des fournisseurs : moins de dépendance à SpaceX, ce qui réduit les risques pour les projets critiques
  • Marché secondaire : les startups de propulsion, de matériaux avancés, de logiciels de trajectographie ou d’IA embarquée vont voir leurs carnets de commandes exploser

L’impact sur le duel Bezos vs Musk

Depuis 20 ans, Elon Musk domine le récit médiatique et technologique. Mais Blue Origin rattrape son retard à une vitesse folle. Les moteurs BE-4 équipent déjà Vulcan de ULA, le deuxième vol de New Glenn a été parfait, et maintenant cette annonce tonitruante.

Le message est clair : « Starship n’aura pas le monopole des lancements super lourds ».

Et quand on connaît la capacité de Jeff Bezos à investir sur le très long terme (il injecte environ 2 milliards de dollars par an dans Blue Origin), on comprend que la concurrence va être féroce.

Les défis techniques qui restent à relever

Tout n’est pas gagné. Passer de 7 à 9 moteurs sur le premier étage demande :

  • Une structure renforcée
  • Un système de contrôle vectoriel plus complexe
  • Des tests de qualification longs et coûteux
  • Une nouvelle tour de lancement ou des modifications majeures

Mais Blue Origin a déjà prouvé avec le succès de New Shepard et les premiers vols de New Glenn qu’elle sait désormais livrer.

Ce que cela signifie pour l’économie spatiale en 2026-2030

Nous entrons dans une ère où plusieurs acteurs seront capables de lancer plus de 100 tonnes en orbite à chaque vol. Cela va :

  • Accélérer le déploiement des constellations internet (Kuiper d’Amazon va en profiter directement)
  • Rendre possibles les stations spatiales privées (Axiom, Vast, Starlab)
  • Ouvrir la voie à des missions habitées vers la Lune et Mars plus fréquentes et moins coûteuses
  • Créer un marché des services en orbite (assemblage, ravitaillement, maintenance)

En résumé, nous sommes à l’aube d’une véritable industrialisation de l’espace.

Conclusion : un moment charnière pour la New Space

Avec cette version super-heavy de New Glenn, Blue Origin ne se contente plus de jouer dans la cour des grands : elle veut redéfinir les règles du jeu. Pour les entrepreneurs, les investisseurs et tous ceux qui croient que l’avenir de l’humanité se joue aussi au-delà de l’atmosphère, c’est une nouvelle incroyable.

La concurrence entre SpaceX et Blue Origin va nous offrir des années de progrès fulgurants. Et au final, c’est l’ensemble de l’écosystème startup spatial qui va en sortir gagnant.

Restez connectés : 2026 s’annonce comme l’année où tout va basculer.

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