Imaginez-vous chez le coiffeur, en train de discuter de tout et de rien, quand soudain la phrase tombe : « Tu commences à perdre un peu de cheveux… ». Pour Cyriac Lefort, entrepreneur français de 32 ans installé à New York, ce fut le déclic. Ce moment banal a donné naissance à MyHair AI, une application qui promet de révolutionner la façon dont on aborde la perte de cheveux. Et quand on sait que le marché mondial de la lutte contre la calvitie pèse plus de 50 milliards de dollars, on comprend vite pourquoi cette startup fait déjà parler d’elle.
Un marché énorme, mais totalement opaque
La perte de cheveux touche près de 70 % des hommes et 40 % des femmes au cours de leur vie. Pourtant, l’industrie qui gravite autour reste un véritable Far West : cliniques aux avis douteux, produits miracles vendus à prix d’or, influenceurs qui jurent que leur shampoing à 80 € a tout changé… Résultat ? Des millions de personnes dépensent des fortunes sans vraiment savoir si ça marche.
C’est exactement ce que Cyriac Lefort a constaté après son rendez-vous coiffeur. Il achète le shampoing conseillé (par peur), puis consulte un dermatologue… qui lui annonce qu’il n’est absolument pas en train de devenir chauve. Cette expérience personnelle l’a convaincu qu’il manquait cruellement de transparence et d’objectivité dans ce secteur.
« La perte de cheveux est un sujet tellement émotionnel pour les hommes et les femmes. Quand quelqu’un vous dit que vous perdez vos cheveux, vous êtes prêt à acheter n’importe quoi. »
– Cyriac Lefort, cofondateur de MyHair AI
Comment fonctionne vraiment MyHair AI ?
L’application est d’une simplicité désarmante : vous prenez trois photos de votre cuir chevelu (sommet, côtés, arrière) avec votre smartphone, vous les uploadez, et l’IA fait le reste.
Grâce à un modèle entraîné sur plus de 300 000 images de cuir chevelu, MyHair AI mesure :
- La densité capillaire précise (nombre de cheveux au cm²)
- Le diamètre moyen des cheveux
- Les premiers signes de miniaturisation (signe avant-coureur de la calvitie androgénétique)
- L’évolution dans le temps si vous uploadez régulièrement des photos
Contrairement à la plupart des concurrents qui se contentent d’utiliser un LLM générique (type GPT), MyHair AI a développé son propre modèle dédié. C’est cette spécialisation qui fait toute la différence en termes de précision.
Du « vibe coding » au lancement en quelques mois
Cyriac Lefort et son associé Tilen Babnik, 28 ans, sont des serial entrepreneurs. Ensemble, ils dirigent déjà deux autres sociétés. Pourtant, ils ont réussi à prototyper MyHair AI en seulement quelques semaines grâce au « vibe coding » – cette nouvelle façon de coder ultra-rapide permise par des outils comme Cursor ou GitHub Copilot.
Le parcours complet :
- 1 an d’idéation et de recherche scientifique
- Quelques semaines de développement du premier prototype
- Plusieurs mois de validation clinique
- Lancement grand public à l’été 2025
Aujourd’hui, l’application compte plus de 200 000 comptes utilisateurs et déjà 1 000 abonnés payants – un score impressionnant pour une app aussi récente dans un domaine aussi sensible.
Pourquoi ça marche si bien (et si vite) ?
Plusieurs facteurs expliquent ce succès fulgurant :
- Une douleur universelle : peu d’hommes osent parler ouvertement de leur crainte de devenir chauve
- Un diagnostic objectif : plus besoin de se fier au coiffeur ou à son miroir déformant
- Des recommandations personnalisées : l’IA propose des traitements adaptés au stade réel de perte de cheveux
- Des avis vérifiés de cliniques : fini les arnaques ou les centres low-cost douteux
« Les hommes s’inquiètent de deux choses dans leur santé : la dysfonction sexuelle et la perte de cheveux. On s’attaque à l’une des plus grandes angoisses du quotidien. »
– Cyriac Lefort
Hims, Keeps… et maintenant MyHair AI : qui gagne la guerre de la hairtech ?
Le marché américain est déjà bien occupé par des acteurs comme Hims ou Keeps, qui ont popularisé la téléconsultation et la livraison de minoxidil/finastéride à domicile. Mais MyHair AI se positionne différemment : l’application ne vend pas (encore) de traitements, elle se concentre sur le diagnostic ultra-précis et l’accompagnement.
Le modèle économique repose sur :
- Un abonnement premium pour le suivi longitudinal et les recommandations avancées
- Des partenariats avec des cliniques et dermatologues (accès privilégié à l’IA pour leurs patients)
- Une future marketplace de produits vraiment adaptés
Et bonne nouvelle pour les investisseurs : la célèbre dermatologue Dr. Tess vient de rejoindre le board de la startup, preuve que le projet est pris au sérieux par la communauté médicale.
Ce que ça nous dit sur l’avenir des startups santé
MyHair AI illustre parfaitement plusieurs tendances majeures :
- Le vibe coding permet à deux personnes de lancer un produit médicalisé en quelques mois
- Les sujets autrefois tabous (calvitie, santé sexuelle, règles…) deviennent des marchés grand public grâce à la tech
- Les utilisateurs sont prêts à payer pour de la transparence médicale et des données objectives
- Les modèles IA spécialisés écrasent les approches génériques dans les domaines pointus
Et demain ?
Les ambitions de l’équipe ne s’arrêtent pas là. Prochains chantiers annoncés :
- Une plateforme de réservation intégrée avec les meilleures cliniques
- L’analyse de la qualité du cheveu (sébum, pellicules, santé du follicule)
- Une version pour les femmes (marché encore plus mal adressé)
- Des partenariats avec des marques de shampoings et compléments pour des recommandations ultra-ciblées
Dans un monde où l’on tracke déjà son sommeil, ses pas, son cycle menstruel ou sa fréquence cardiaque, il était temps que quelqu’un s’attaque sérieusement à nos cheveux.
Et si la prochaine licorne santé grand public venait… d’une simple remarque de coiffeur ?
En attendant, si vous avez plus de 25 ans et que vous commencez à regarder votre front avec suspicion le matin, vous savez ce qu’il vous reste à faire. L’IA est là. Et elle voit tout – même ce que votre miroir essaye de vous cacher.







