JustiGuide : L’IA Qui Révolutionne l’Immigration US

Imaginez-vous arrivé aux États-Unis plein d’ambition, un diplôme tout frais en poche, et devoir affronter des dizaines de formulaires administratifs incompréhensibles, des frais d’avocat qui explosent les 10 000 dollars et des délais qui s’étirent sur des années. C’est le parcours du combattant que vivent des centaines de milliers d’immigrants chaque année. Et si une intelligence artificielle pouvait rendre tout cela aussi simple qu’un chat avec un ami ? C’est exactement la promesse de JustiGuide, une startup qui fait actuellement beaucoup parler d’elle dans la Silicon Valley.

En remportant le prix du meilleur pitch dans la catégorie « Policy + Protection » lors du dernier TechCrunch Disrupt, JustiGuide a prouvé qu’on pouvait allier technologie de pointe et impact social profond. Derrière ce projet : Bisi Obateru, un entrepreneur nigérian qui a lui-même galéré pendant des années pour obtenir son visa H-1B puis sa carte verte. Son histoire personnelle est devenue le moteur d’une solution qui pourrait bien bouleverser tout le secteur de l’immigration.

Un système d’immigration américain totalement archaïque

Avant d’aller plus loin, remettons les choses en perspective. Le système d’immigration américain est souvent décrit comme l’un des plus complexes au monde. Des rapports du Government Accountability Office estiment que le traitement d’une demande de green card peut prendre entre 7 et… 35 ans selon les pays d’origine ! Les frais d’avocats tournent facilement autour de 15 000 à 25 000 dollars pour les dossiers les plus courants.

Et pourtant, les États-Unis ont plus que jamais besoin de talents étrangers : en 2024, plus de 65 % des docteurs en intelligence artificielle et 70 % des ingénieurs dans la Silicon Valley étaient nés à l’étranger. Sans ces cerveaux venus du monde entier, la plupart des géants tech n’auraient tout simplement jamais existé.

Qui est Bisi Obateru, le cerveau derrière JustiGuide ?

Originaire du Nigeria, Bisi Obateru arrive aux États-Unis pour ses études. Comme tant d’autres, il se retrouve coincé dans le labyrinthe administratif. OPT, STEM extension, loterie H-1B, attente interminable pour la green card… il passe par toutes les étapes. Une fois sa carte verte en poche, il se fait une promesse : personne d’autre ne devrait vivre ce cauchemar.

« Plus on rend la technologie accessible, plus les gens seront capables de comprendre leurs options et de remplir eux-mêmes leurs formulaires. Les avocats ne serviront plus qu’à la relecture finale. »

– Bisi Obateru, fondateur de JustiGuide

Dolores : l’IA qui parle 12 langues et connaît 40 000 jurisprudences

Au cœur de JustiGuide trône Dolores, une intelligence artificielle spécialisée en droit de l’immigration américaine. Formée sur plus de 40 000 décisions de justice (grâce aux données ouvertes du Free Law Project), elle est capable de répondre en temps réel aux questions les plus pointues.

Ce qui la rend unique ? Elle parle couramment 12 langues et s’adapte au niveau de compréhension de chaque utilisateur. Un étudiant indien, un entrepreneur brésilien ou une famille vietnamienne : chacun peut dialoguer dans sa langue maternelle et obtenir une réponse claire, précise et à jour.

Et contrairement à certaines solutions grand public, Dolores ne se contente pas de regurgiter des informations génériques. Elle analyse le profil de l’utilisateur (études, expérience professionnelle, situation familiale, pays d’origine) pour proposer les meilleures stratégies possibles.

Comment fonctionne concrètement la plateforme ?

JustiGuide n’est pas seulement un chatbot juridique. C’est un véritable écosystème pensé pour accélérer chaque étape du parcours migratoire :

  • Un assistant de recherche juridique ultra-précis
  • Un système intelligent de matching entre immigrants et avocats spécialisés
  • Un générateur de formulaires qui pré-remplit automatiquement 80 à 90 % des documents
  • Un espace sécurisé pour le partage de documents (stockage on-premise chiffré)
  • Des traductions certifiables dans 12 langues

Le résultat ? Des dossiers complétés en quelques jours au lieu de plusieurs mois, et des honoraires d’avocat divisés par deux ou trois. L’avocat ne passe plus des heures à remplir des cases : il se concentre sur la stratégie et la validation finale.

Des clients déjà conquis (et très variés)

Avec déjà plus de 47 000 utilisateurs, JustiGuide touche tous les profils :

  • Les fondateurs de startups qui veulent recruter les meilleurs talents mondiaux sans se ruiner en frais juridiques
  • Les détenteurs de visa H-1B qui cherchent des alternatives (O-1, EB-1, EB-2 NIW…)
  • Les étudiants internationaux qui envisagent de créer leur entreprise aux USA
  • Les cabinets d’avocats eux-mêmes, qui utilisent la plateforme pour multiplier leur productivité

Bisi Obateru rêve même qu’un jour, des institutions gouvernementales licencient la technologie pour moderniser leurs propres services. Ambitieux ? Peut-être. Mais vu la vitesse à laquelle l’IA transforme déjà la médecine et la finance, pourquoi pas le droit de l’immigration ?

La privacy au cœur du projet

On touche ici à des données ultra-sensibles : passeports, casiers judiciaires, situations familiales… JustiGuide l’a bien compris. La plateforme fonctionne en stockage on-premise, toutes les données sont chiffrées, et aucune information personnelle n’est partagée tant que l’utilisateur n’a pas explicitement choisi son avocat.

Petite anecdote : au tout début du projet, l’équipe avait même programmé Dolores pour scanner Reddit, Facebook et LinkedIn à la recherche de questions sur l’immigration… et répondre automatiquement ! Une technique de growth hacking audacieuse, mais rapidement abandonnée pour des raisons évidentes de confidentialité.

Legaltech + Tech for Good : le combo gagnant de 2025

JustiGuide arrive pile au moment où deux tendances majeures se croisent :

D’un côté, l’explosion des outils d’intelligence artificielle spécialisés (après le droit des contrats avec Harvey, la recherche juridique avec Casetext racheté par Thomson Reuters, voici venir l’immigration).

De l’autre, une demande croissante de solutions « tech for good » : des technologies qui ne servent pas seulement à faire plus d’argent, mais à résoudre des problèmes humains profonds.

Dans un contexte où l’immigration redevient un sujet brûlant aux États-Unis (et ailleurs), JustiGuide propose une troisième voie : ni angélisme ni fermeture, mais une dématérialisation intelligente qui profite à tout le monde – immigrants, entreprises, avocats et, à terme, peut-être même l’administration.

Et la suite ?

La startup est actuellement en train de s’enregistrer comme cabinet d’avocats afin de proposer une offre full-stack : de la première question gratuite jusqu’au dépôt final du dossier. L’objectif à moyen terme : s’exporter dans d’autres pays (Canada, Australie, Union européenne) où les systèmes d’immigration sont tout aussi complexes.

Pour les entrepreneurs et investisseurs qui nous lisent : imaginez l’impact d’une telle plateforme dans les pays émergents. Des millions de personnes rêvent de venir travailler en Europe ou en Amérique du Nord. Une IA capable de les guider dans leur langue maternelle, à moindre coût, pourrait littéralement changer des destins.

Pourquoi cela nous concerne tous (même si on n’est pas immigré)

Parce que derrière chaque visa H-1B, chaque green card, il y a un futur fondateur de licorne, un chercheur qui trouvera le prochain vaccin, un ingénieur qui construira la prochaine révolution technologique.

Lorsque des outils comme JustiGuide permettent à ces talents d’arriver plus vite et plus facilement, c’est tout l’écosystème tech – et donc notre économie – qui en bénéficie.

Et quelque part, c’est aussi une belle réponse à tous ceux qui pensent que l’IA ne sert qu’à remplacer des emplois : voilà un exemple concret où elle crée de l’opportunité, de l’inclusion et de la croissance.

JustiGuide n’a peut-être pas encore levé des centaines de millions comme certaines startups de la Valley, mais elle porte déjà une ambition bien plus grande : rendre le rêve américain à nouveau accessible. Et ça, ça vaut tous les pitch awards du monde.

author avatar
MondeTech.fr

À lire également