Imaginez : vous êtes affalé dans votre canapé un dimanche soir, vous demandez à ChatGPT « Qu’est-ce que je pourrais cuisiner cette semaine avec des produits de saison ? », et vingt minutes plus tard, vos courses sont déjà commandées chez Instacart, livrées demain matin, sans jamais avoir quitté la conversation. Ce n’est plus de la science-fiction. C’est exactement ce qu’OpenAI vient de lancer avec Instacart. Et pour les entrepreneurs, marketeurs et passionnés de tech, cette annonce est bien plus qu’une simple fonctionnalité sympa : c’est le signal que l’ère du **commerce agentique** vient de passer la vitesse supérieure.
Une expérience d’achat 100 % intégrée dans le chat
Concrètement, l’utilisateur peut désormais brainstormer des idées de repas, générer une liste de courses adaptée à ses restrictions alimentaires, comparer les prix en temps réel, ajouter des produits au panier et valider le paiement… tout ça depuis l’interface même de ChatGPT. Aucun changement d’onglet, aucune nouvelle appli à télécharger, aucun formulaire interminable à remplir. L’expérience est fluide, presque magique.
Ce n’est pas la première collaboration entre les deux entreprises. Dès 2023, Instacart avait déjà intégré ChatGPT pour améliorer la recherche dans son application (« Que faire avec trois avocats et du saumon ? »). Mais là, on change de dimension : on passe d’un outil de recherche à un véritable **assistant commercial autonome** capable de conclure la transaction.
Fidji Simo, le lien humain qui accélère tout
Derrière ce rapprochement stratégique, il y a une femme : Fidji Simo. Ex-CEO d’Instacart, déjà membre du board d’OpenAI, elle a pris en mai 2025 le poste de CEO of Applications chez OpenAI. Autrement dit, elle pilote désormais la stratégie produit grand public de l’entreprise la plus chaude de la planète. Quand votre ancienne patronne rejoint la direction de votre partenaire tech majeur, les choses avancent vite. Très vite.
« L’avenir du commerce, c’est la conversation. »
– Fidji Simo (paraphrase fréquemment attribuée dans les milieux VC)
L’agentic commerce : la prochaine bataille des géants
Le terme « agentic commerce » (commerce agentique) désigne l’utilisation d’agents IA capables de rechercher, comparer, négocier et acheter pour l’utilisateur. OpenAI n’est pas seul sur le terrain :
- Perplexity a lancé ses « shopping answers » juste avant les fêtes 2025
- Google prépare Gemini Shopping
- Amazon travaille sur Rufus 2.0 avec capacités transactionnelles
- Même Shopify teste des agents d’achat dans son admin
Mais OpenAI a un avantage colossal : 400 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires sur ChatGPT. Aucun autre acteur n’a une telle base d’utilisateurs déjà habitués à discuter avec une IA tous les jours.
Le modèle économique : la petite commission qui peut tout changer
Officiellement, OpenAI prend une « petite commission » (taux non communiqué) sur chaque vente réalisée via ChatGPT. Ça peut paraître anodin, mais multipliez par des millions de paniers moyens de 80-120 €… Ça commence à faire des chiffres intéressants.
Pourquoi c’est crucial ? Parce qu’OpenAI perd encore des milliards chaque année. Les coûts d’inférence des modèles sont astronomiques et les abonnements ChatGPT Plus/Team/Enterprise ne suffisent pas à équilibrer les comptes. Le commerce agentique représente donc une nouvelle voie de monétisation directe, scalable et à marge élevée.
Adobe prévoit une croissance de **520 %** des achats assistances IA dans le shopping en ligne pour la saison 2025. Si OpenAI capture ne serait-ce que 5 % de cette vague, on parle de plusieurs centaines de millions de dollars de revenus additionnels.
Ce que ça change pour les e-commerçants et les startups
Pour les marchands, être intégré dans ChatGPT devient soudainement stratégique. Instacart n’est que le début. On peut raisonnablement imaginer que Carrefour, Amazon Fresh, Whole Foods, ou même des DNVB françaises comme Sezane ou Jimmy Fairly voudront leur place.
- Visibilité massive auprès d’une audience premium
- Conversion ultra-élevée grâce à l’intention immédiate
- Données riches sur les intentions d’achat réelles
- Possibilité de proposer des offres personnalisées en temps réel
Pour les startups du e-commerce, c’est à la fois une opportunité énorme et un risque existentiel. Si les utilisateurs commencent à faire 20-30 % de leur chiffre directement via des agents IA, les sites classiques pourraient devenir secondaires.
Et la France dans tout ça ?
Instacart n’opère pas en France, mais le modèle est parfaitement reproductible. On peut imaginer très vite des partenariats avec :
- Carrefour et son service Carrefour Livré Chez Vous
- Leclerc Drive
- Monoprix / Naturalia
- Ou même des acteurs comme Cajoo (Getir) ou Gorillas pour la livraison ultra-rapide
Les startups françaises spécialisées dans le quick commerce (Flink, Getir, etc.) ont tout intérêt à se positionner dès maintenant pour ne pas rater le train.
Les questions qui restent en suspens
Tout n’est pas rose. Quelques points d’attention majeurs :
- Confidentialité : quelles données de paiement et d’achat OpenAI conserve-t-il ?
- Responsabilité : qui est responsable si l’IA commande 10 kg de bananes au lieu de 10 bananes ?
- Biais : l’IA favorisera-t-elle certains marchands (ceux qui paient plus ?) au détriment d’autres ?
- Impact écologique : plus de confort = plus de livraisons individuelles ?
Conclusion : le début d’une révolution silencieuse
Ce partenariat OpenAI x Instacart n’est pas une simple fonctionnalité de plus. C’est le premier vrai cas d’usage massif de commerce entièrement piloté par une intelligence artificielle conversationnelle. Dans deux ou trois ans, commander ses courses, ses vêtements, ses billets d’avion ou même son matériel informatique sans quitter son messagerie IA paraîtra aussi normal que commander sur Amazon aujourd’hui.
Pour les entrepreneurs et marketeurs, le message est clair : préparez-vous dès maintenant à un monde où la découverte, la considération et l’achat se font dans le même flux conversationnel. Ceux qui sauront intégrer les agents IA dans leur stratégie distribution seront les grands gagnants de la décennie.
Le futur du shopping ne se passe plus sur un site web. Il se passe dans une conversation.







