Imaginez-vous en train de faire du shopping en ligne un soir de décembre, bien au chaud chez vous, et de pouvoir essayer des dizaines de vêtements sans avoir à prendre une photo en pied devant votre miroir. Un simple selfie suffit désormais. C’est exactement ce que Google vient de rendre possible avec la mise à jour de sa fonctionnalité d’essayage virtuel. Cette avancée, propulsée par l’intelligence artificielle, marque un tournant décisif dans la façon dont les consommateurs interagissent avec les marques en ligne. Pour les entrepreneurs, les marketeurs et les startups du e-commerce, c’est une opportunité énorme à saisir rapidement.
Dans un monde où l’expérience utilisateur dicte le succès ou l’échec d’une plateforme marchande, Google frappe fort en rendant l’essayage virtuel plus accessible que jamais. Plus besoin de se contorsionner pour une photo pleine longueur : un selfie, une taille habituelle indiquée, et l’IA fait le reste. Cette innovation n’est pas anodine ; elle répond à un problème majeur du shopping en ligne : les retours produits, qui coûtent cher aux entreprises et frustrent les clients.
Quoi de neuf exactement dans cette mise à jour ?
Google a annoncé, le 11 décembre 2025, le déploiement aux États-Unis d’une version améliorée de sa fonctionnalité “Try On” intégrée à Google Shopping. Auparavant, pour visualiser un vêtement sur soi, il fallait uploader une photo en pied. Désormais, l’utilisateur peut simplement prendre un selfie. L’intelligence artificielle, via le modèle Gemini 2.5 Flash Image surnommé affectueusement Nano Banana, génère automatiquement une version numérique pleine corps réaliste.
Le processus est simple et fluide :
- L’utilisateur sélectionne sa taille habituelle.
- L’IA produit plusieurs images pleine corps à partir du selfie.
- Il choisit celle qui lui correspond le mieux et la définit comme photo d’essayage par défaut.
- Option alternative : conserver l’ancienne méthode ou choisir parmi des modèles diversifiés proposés par Google.
Cette flexibilité montre que Google pense à l’inclusion : différents types de morphologies, tons de peau et styles sont représentés parmi les modèles standards.
Pourquoi cette innovation change la donne pour l’e-commerce
Le taux de retour moyen dans la mode en ligne oscille entre 30 et 40 % selon les études récentes. La principale cause ? La taille et l’ajustement. Quand un client ne peut pas “essayer” avant d’acheter, il commande plusieurs tailles et renvoie ce qui ne va pas. Résultat : coûts logistiques exorbitants pour les marchands, empreinte carbone accrue et expérience client dégradée.
Avec cet essayage virtuel ultra-simplifié, Google s’attaque directement à ce problème. Un selfie suffit pour créer un avatar personnel fidèle. Le client visualise immédiatement comment le vêtement tombe, comment les couleurs rendent sur sa carnation, comment la coupe s’adapte à sa morphologie. La décision d’achat devient plus confiante, le panier moyen augmente, et le taux de conversion grimpe.
Pour les marques et les retailers, c’est une mine d’or. Moins de retours signifie des marges préservées. Mais surtout, cela ouvre la porte à une personnalisation massive. Imaginez des campagnes marketing où chaque pub montre le produit porté par un avatar ressemblant à l’internaute ciblé. Le rêve du one-to-one marketing devient réalité.
Le rôle clé de Gemini 2.5 Flash et Nano Banana
Derrière cette magie se cache Gemini 2.5 Flash Image, un modèle optimisé pour la génération rapide d’images. Google l’a baptisé en interne Nano Banana, un nom qui prête à sourire mais qui cache une prouesse technique impressionnante. Ce modèle est capable de comprendre le visage, la posture approximative et les caractéristiques physiques à partir d’un simple selfie, puis d’extrapoler un corps complet réaliste.
Ce n’est pas de la génération d’image purement créative : ici, la fidélité anatomique et vestimentaire est cruciale. Le modèle a été entraîné sur des millions d’images de personnes réelles portant des vêtements variés, ce qui lui permet de respecter les lois de la physique (chute du tissu, plis, transparence). Le rendu final est bluffant et évite les aberrations trop souvent vues dans les premières générations d’IA.
« Rendre l’essayage virtuel accessible à tous avec un simple selfie change fondamentalement l’expérience d’achat en ligne. »
– Équipe Google Shopping (paraphrase inspirée de l’annonce officielle)
Doppl : l’application dédiée qui monte en puissance
Google ne s’arrête pas à l’intégration dans Shopping. L’entreprise possède une application dédiée baptisée Doppl, entièrement centrée sur l’essayage virtuel. Récemment mise à jour, elle intègre désormais un flux de découverte shoppable inspiré des réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram Reels.
Ce flux propose :
- Des vidéos générées par IA montrant des produits réels portés par des avatars.
- Des suggestions d’outfits personnalisées selon le style de l’utilisateur.
- Des liens directs vers les marchands pour acheter immédiatement.
En combinant découverte inspirante et achat instantané, Doppl vise à capturer l’attention des jeunes générations habituées au scroll infini. C’est une stratégie maligne : transformer l’IA non pas en simple outil utilitaire, mais en véritable compagnon de style.
Impacts business et marketing à prévoir en 2026
Pour les startups et les marques établies, cette technologie ouvre des perspectives vertigineuses. Les retailers partenaires de Google Shopping bénéficient déjà d’un avantage concurrentiel majeur. Mais demain, ceux qui intégreront ces avatars personnels dans leurs propres sites ou applications domineront le marché.
Quelques pistes concrètes :
- Personnalisation des fiches produits : afficher le vêtement directement sur l’avatar du visiteur dès son arrivée sur la page.
- Campagnes publicitaires hyper-ciblées : utiliser les avatars générés (avec consentement) pour des créas dynamiques sur Google Ads ou les réseaux sociaux.
- Programmes de fidélité augmentés : offrir des sessions de styling virtuel avec un personal shopper IA.
- Collaboration influenceurs virtuels : créer des avatars d’influenceurs que les fans peuvent “essayer” avec les produits promus.
Les agences marketing digitales vont devoir se former rapidement à ces nouveaux outils. La créativité ne sera plus limitée par les shooting photos coûteux : une simple description suffira pour générer des visuels parfaitement adaptés à chaque segment client.
Les défis éthiques et techniques à surveiller
Toute médaille a son revers. La génération d’avatars à partir de selfies soulève des questions de confidentialité. Google assure que les images sont traitées de manière sécurisée et non stockées indéfiniment, mais la vigilance reste de mise. Les utilisateurs doivent comprendre ce qu’il advient de leurs données biométriques.
Autre point : la représentation. Si l’IA excelle sur les morphologies standards, qu’en est-il des corps non normés ? Google met en avant la diversité de ses modèles alternatifs, mais la génération personnalisée devra progresser pour inclure vraiment tout le monde sans biais.
Enfin, la tentation du deepfake vestimentaire existe. Des usages malveillants pourraient émerger, même si l’application actuelle est strictement encadrée.
Comment les concurrents réagissent-ils ?
Amazon, avec son outil Virtual Try-On pour les chaussures, ou encore des startups comme Zeekit (rachetée par Walmart) et Fit Analytics, sont déjà dans la course. Meta travaille également sur des avatars hyper-réalistes pour le métaverse et le shopping. Mais Google bénéficie d’un avantage colossal : son moteur de recherche et son graphe Shopping qui référencent des millions de produits.
La bataille se jouera sur trois fronts : la qualité du rendu, la facilité d’utilisation et l’intégration native dans le parcours d’achat. Google marque des points décisifs sur les deux premiers.
Et la France dans tout ça ?
Pour l’instant, le déploiement concerne les États-Unis. Mais vu la vitesse d’adoption des fonctionnalités Google Shopping en Europe, on peut raisonnablement parier sur une arrivée en France dès le premier semestre 2026. Les marques hexagonales ont intérêt à préparer leurs catalogues produits avec des images de qualité (vues multiples, fonds neutres) pour tirer parti au maximum de cette technologie.
Les pure players français comme Shein, Zalando ou Vinted (pour sa partie marketplace) devront accélérer leurs propres initiatives IA pour ne pas se laisser distancer.
Conclusion : vers un shopping 100 % personnalisé
L’essayage virtuel avec un simple selfie n’est pas qu’une petite mise à jour technique. C’est le signe que l’intelligence artificielle devient mature pour transformer concrètement le commerce en ligne. Les barrières entre le digital et le physique s’effacent. Le client ne “imagine” plus : il voit, il vit l’expérience avant même d’avoir commandé.
Pour les entrepreneurs et marketeurs qui nous lisent, le message est clair : 2026 sera l’année de l’hyper-personnalisation visuelle. Ceux qui intégreront ces outils dans leur stratégie sortiront largement gagnants. La mode, la beauté, mais aussi le mobilier ou les lunettes pourraient rapidement suivre le mouvement.
Le futur du shopping est là, à portée de selfie. Il ne reste plus qu’à l’embrasser.







