Les Pratiques Douteuses d’OpenAI Envers ses Ex-Employés

La Silicon Valley est souvent présentée comme un eldorado pour les employés de startups, avec la promesse d’equity généreuse en contrepartie de leur travail acharné. Mais récemment, les révélations sur les pratiques d’OpenAI envers ses anciens salariés ont jeté une ombre inquiétante sur cet écosystème…

OpenAI accusé de chantage à l’equity sur ses ex-employés

D’après une enquête publiée par le média Vox, les anciens employés d’OpenAI qui souhaitaient quitter l’entreprise étaient soumis à un véritable chantage. Pour pouvoir conserver leurs précieuses parts dans la société, valorisée aujourd’hui à près de 100 milliards de dollars, ils devaient signer des clauses extrêmement restrictives de non-divulgation et de non-dénigrement à vie. Faute de quoi, ils risquaient de perdre leur equity chèrement acquise ou de se voir interdire de la revendre.

Si les clauses de confidentialité sont monnaie courante dans la Silicon Valley, OpenAI semble avoir poussé le bouchon très loin. Les ex-employés n’avaient que 7 jours pour signer une masse de documents juridiques complexes, sans possibilité de délai. Cette forme de chantage contraste avec le statut habituel de l’equity comme élément clé de rémunération, censé motiver les équipes sur le long-terme.

Sam Altman contraint de s’excuser publiquement

Face au tollé suscité par ces révélations, Sam Altman, CEO d’OpenAI, a dû faire son mea culpa sur le réseau social X (ex-Twitter). Dans une série de tweets, il a reconnu que ces clauses étaient « une erreur » et n’auraient « jamais dû être utilisées ».

C’est de ma faute et l’une des rares fois où j’ai été vraiment gêné de diriger OpenAI ; je ne savais pas que cela se produisait et j’aurais dû.

– Sam Altman, CEO d’OpenAI

Cependant, selon Vox, la signature d’Altman figurait bien sur certains documents comportant lesdites clauses abusives. Sa sincérité est donc remise en cause, d’autant qu’un accord signé en avril 2023 lui donnait un immense pouvoir sur la gestion de l’equity des employés.

Une culture du secret inquiétante chez un leader de l’IA

Au-delà du cas des ex-salariés, cette affaire met en lumière un problème de transparence plus global chez OpenAI. Alors que l’entreprise planche sur le développement d’une intelligence artificielle générale (IAG) qui pourrait dépasser les capacités humaines, son manque d’ouverture interroge. Devant les inquiétudes soulevées par ses travaux, Sam Altman prône pourtant la nécessité d’une totale transparence…

OpenAI a finalement promis de supprimer les clauses de non-dénigrement pour les anciens comme les futurs employés, reconnaissant que « cela ne reflète pas [leurs] valeurs ». Mais le mal est fait et le doute s’est installé sur les pratiques réelles de l’entreprise, malgré sa communication lisse. À l’heure où l’IA s’apprête à bouleverser nos sociétés, la question de l’éthique et de la responsabilité de ceux qui la développent est plus cruciale que jamais.

Les dérives de la Silicon Valley, des signaux d’alerte à prendre au sérieux

Le cas OpenAI est symptomatique de dérives bien plus larges au sein de la Silicon Valley et des startups tech en général :

  • Course à la valorisation et à la performance au détriment de l’éthique et du bien-être des employés
  • Opacité sur les pratiques réelles, malgré un marketing soigné mettant en avant des valeurs de transparence et de progrès
  • Concentration du pouvoir et des richesses entre les mains de quelques dirigeants via le système de l’equity
  • Impunité face aux abus grâce au culte du secret et aux armées d’avocats de la tech

À l’aube d’une nouvelle révolution technologique portée par l’IA, il est urgent que les géants de la Silicon Valley retrouvent le sens de leur responsabilité. Les récentes annonces de régulation, comme l’AI Act en Europe, vont dans le bon sens. Mais un véritable changement de culture en interne, pour mettre l’éthique et la transparence au cœur des pratiques, sera aussi indispensable. Sous peine de voir se multiplier les scandales et la défiance du public et des autorités envers un secteur en plein essor, mais qui semble parfois oublier que le progrès ne doit pas se faire aux dépens de l’humain.

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