Malgré les missions Artemis en cours qui visent à renvoyer des astronautes sur la Lune, la NASA garde un œil attentif sur la planète Mars. L’agence spatiale américaine vient en effet de sélectionner sept entreprises américaines, parmi lesquelles figurent des géants comme SpaceX, Blue Origin et Lockheed Martin, dans le but de réfléchir à la meilleure façon de ramener sur Terre les précieux échantillons martiens collectés par le rover Perseverance.
Au mois d’avril dernier, la NASA avait reçu pas moins de 48 propositions de projets suite à un appel d’offres. Après examen approfondi, elle a finalement retenu sept sociétés qui se partageront équitablement une enveloppe globale de 10,5 millions de dollars. Chacune d’entre elles disposera ainsi d’un budget de 1,5 million de dollars et de 90 jours pour plancher sur la solution la plus pertinente et réalisable dans le cadre de l’ambitieux programme Mars Sample Return (MSR).
Un défi technologique et logistique de taille
Ramener des échantillons martiens sur Terre représente un défi considérable à bien des égards. Les distances astronomiques à parcourir, les conditions extrêmes qui règnent sur la planète rouge, la complexité des manœuvres à réaliser aussi bien au sol que dans l’espace sont autant de paramètres qui rendent la tâche ardue. Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, a d’ailleurs souligné que la mission MSR sera « l’une des plus complexes jamais entreprises par la NASA » et qu’il est « essentiel de la mener plus rapidement, avec moins de risques et à moindre coût ».
L’objectif principal est de récupérer les nombreux échantillons de roche et de régolithe que le rover Perseverance collecte minutieusement depuis son arrivée dans le cratère Jezero en février 2021. Ces échantillons, soigneusement scellés dans des tubes en titane, pourraient receler des indices cruciaux sur l’histoire géologique de Mars et peut-être même sur une éventuelle vie microbienne passée. Les rapporter sur Terre permettrait de les analyser avec les instruments les plus perfectionnés dans les meilleures conditions de laboratoire.
Un partenariat international pour une mission historique
La mission MSR est le fruit d’un partenariat entre la NASA et l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Si les entreprises sélectionnées pour proposer des solutions de retour d’échantillons sont toutes américaines, l’ESA jouera néanmoins un rôle important, notamment en fournissant le « fetch rover » qui ira récupérer les échantillons collectés par Perseverance. Une fois le précieux chargement récupéré, il faudra le placer en orbite martienne, puis le transférer dans un véhicule conçu pour résister à une rentrée atmosphérique sur Terre.
Je suis ravi de voir la vision présentée par ces entreprises, centres et partenaires alors que nous recherchons des idées nouvelles, passionnantes et innovantes pour découvrir les grands secrets cosmiques de la planète rouge.
Bill Nelson, administrateur de la NASA
Parmi les autres entreprises retenues, on trouve Aerojet Rocketdyne, qui conçoit et fabrique des moteurs-fusées, Quantum Space, spécialisée dans les petits satellites et les sondes, Northrop Grumman, un poids lourd du secteur aérospatial, et Wittinghill Aerospace, qui développe des solutions robotiques. Cette sélection illustre la volonté de la NASA de s’entourer d’un écosystème diversifié allant des grands groupes industriels établis aux start-ups innovantes.
Une course contre la montre pour percer les secrets de Mars
Le temps est compté pour mettre au point une solution viable pour le retour des échantillons martiens. La NASA espère en effet lancer la mission MSR à l’horizon 2026, avec un retour sur Terre prévu au début des années 2030. D’ici là, les sept entreprises sélectionnées vont devoir redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour proposer des concepts à la fois innovants, fiables et économiquement viables.
Les enjeux scientifiques sont immenses. L’analyse d’échantillons martiens en laboratoire pourrait révolutionner notre compréhension de la planète rouge, de son histoire géologique et climatique, et peut-être même apporter des réponses à la question de la vie extraterrestre. Les retombées technologiques sont également considérables, avec le développement de nouveaux systèmes de propulsion, de navigation, d’atterrissage et de récupération d’échantillons qui pourraient trouver des applications dans d’autres domaines.
Une nouvelle étape vers l’exploration humaine de Mars
Au-delà de sa portée scientifique immédiate, la mission MSR s’inscrit dans une stratégie plus vaste d’exploration du système solaire et de préparation aux futures missions habitées vers Mars. Démontrer notre capacité à ramener des échantillons martiens sur Terre serait une étape cruciale vers l’envoi d’astronautes sur la planète rouge, un objectif que la NASA envisage à plus long terme.
En attendant, tous les regards sont tournés vers les sept entreprises qui vont plancher sur cet extraordinaire défi technologique et logistique. SpaceX, Blue Origin, Lockheed Martin et les autres ont désormais 90 jours pour imaginer des solutions innovantes et audacieuses qui pourraient bien marquer un tournant dans l’histoire de l’exploration spatiale et de notre quête des origines de la vie dans l’Univers.