Lors de l’assemblée générale annuelle de Tesla qui s’est tenue jeudi dernier au Texas, les actionnaires ont exprimé un soutien retentissant au plan de rémunération record du PDG Elon Musk. Malgré les controverses et un jugement du Delaware remettant en cause ce package, les votes en faveur permettent à Musk de potentiellement empocher jusqu’à 56 milliards de dollars, soit la plus grosse rémunération jamais accordée à un dirigeant d’entreprise.
Un vote sans appel des actionnaires
Lorsque les résultats du vote ont été annoncés par Brandon Ehrhart, le directeur juridique de Tesla, l’assemblée a éclaté en applaudissements et ovations. Même si la marge exacte n’a pas été communiquée, le soutien massif des actionnaires ne fait aucun doute. Elon Musk lui-même a bondi sur scène en s’exclamant : « Bon sang, je vous aime tellement les gars ! Je pense qu’on n’ouvre pas seulement un nouveau chapitre pour Tesla, on démarre carrément un nouveau livre. »
Un feuilleton judiciaire qui n’est pas terminé
Ce vote favorable ne garantit cependant pas que Musk empochera effectivement ces 56 milliards. La juge du Delaware qui avait invalidé ce plan en janvier doit encore rendre son jugement définitif, suite à un long combat judiciaire initié par un actionnaire mécontent en 2019. Richard Tornetta accusait à l’époque le package d’être injustement élevé pour un PDG à temps partiel, et reprochait au conseil d’administration de ne pas avoir exigé que Musk se consacre entièrement à Tesla.
La juge McCormick avait statué en janvier que ce plan était injuste et que les actionnaires n’avaient pas été correctement informés, Tesla n’ayant pas divulgué de façon adéquate le contrôle exercé par Musk sur le processus d’élaboration de sa propre rémunération.
Jugement de janvier 2023
Une campagne marketing intense sur les réseaux
Ces dernières semaines, les fans de Tesla et Elon Musk ont mené une campagne particulièrement intense sur le réseau social X (anciennement Twitter) pour soutenir cette rémunération. Musk lui-même a largement interagi avec ces publications, générant une avalanche de documents réglementaires alors que Tesla s’efforçait cette fois de mettre toutes les chances de son côté d’un point de vue légal.
Les actionnaires ne désarment pas pour autant
Malgré ce vote, Tesla et son dirigeant controversé font toujours l’objet de poursuites de la part d’autres actionnaires. Certains l’accusent d’avoir engrangé des milliards en vendant des actions Tesla en 2021-2022 grâce à des informations privilégiées. D’autres lui reprochent de détourner des ressources et talents de Tesla au profit de ses autres sociétés comme xAI, sa nouvelle startup d’intelligence artificielle potentiellement concurrente.
Un changement d’État pour échapper à la justice ?
C’est probablement la crainte d’un nouveau revers judiciaire qui a poussé Tesla à déménager son siège du Delaware vers le Texas, où la société espère sans doute un traitement plus clément de la part des tribunaux. Après le jugement défavorable de janvier, Musk avait d’ailleurs tweeté : « N’incorporez jamais votre entreprise dans l’État du Delaware ». Il avait ensuite lancé un sondage sur X pour demander si Tesla devait transférer son siège au Texas. On connait la suite.
Les autres résolutions en demi-teinte
Sans surprise, aucune des cinq propositions d’actionnaires visant à améliorer les performances ESG de Tesla n’a été adoptée, comme par exemple des rapports annuels sur la lutte contre le harcèlement, la négociation collective ou des objectifs de développement durable dans la rémunération des dirigeants. Le conseil d’administration avait recommandé de voter contre, et les actionnaires suivent généralement ses consignes.
Deux propositions ont tout de même été approuvées, l’une réduisant le mandat des administrateurs à un an, l’autre instaurant des dispositions de vote à la majorité simple dans les statuts de Tesla.
Conclusion
Au final, ce vote est une grande victoire pour Elon Musk qui conforte son aura auprès des actionnaires malgré les multiples polémiques. Il permet à Tesla de tourner provisoirement la page du Delaware, même si la saga judiciaire est loin d’être terminée. L’avenir dira si ce changement de juridiction permettra réellement de valider ce plan de rémunération historique et controversé.
