Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, fait face à une nouvelle controverse concernant l’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs européens. Le géant des réseaux sociaux a annoncé la suspension de son projet d’entraînement d’un modèle de langage d’intelligence artificielle (IA) utilisant les contenus publics partagés par les adultes sur ses plateformes dans l’Union Européenne et l’Espace Économique Européen.
Les plaintes à l’origine de la suspension
Cette décision fait suite à des plaintes déposées dans 11 pays européens la semaine dernière par l’association autrichienne Noyb, connue pour ses actions contre les géants de la tech. Noyb accusait Meta de vouloir exploiter les données personnelles des internautes dans le cadre d’une « technologie expérimentale d’IA sans aucune limite », et ce sans demander le consentement requis par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Nous nous félicitons de cette évolution, mais nous la suivrons de près. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de modification officielle de la politique de confidentialité de Meta, ce qui rendrait cet engagement juridiquement contraignant.
– Max Schrems, responsable de Noyb
Un projet d’IA ambitieux mais controversé
Le projet Meta AI visait à exploiter l’immense volume de données générées par les milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux de Meta pour entraîner des modèles de langage performants. Mais l’utilisation de données personnelles sensibles soulève de nombreuses questions éthiques et légales, en particulier dans le cadre strict du RGPD européen.
Meta n’en est pas à sa première controverse concernant le respect de la vie privée. Les actions de Noyb ont déjà conduit à plus de 1,5 milliard d’euros d’amendes pour le groupe. Cette nouvelle affaire illustre la tension croissante entre les ambitions des géants de la tech dans l’IA et les exigences de protection des données personnelles.
Quelle suite pour l’IA chez Meta en Europe ?
Si Meta a suspendu son projet pour l’instant, le groupe n’a pas renoncé à développer ses capacités en IA. Mais il devra trouver un équilibre entre ses besoins en données d’entraînement et le respect du cadre légal européen particulièrement protecteur des données personnelles. Cela pourrait passer par des solutions techniques comme l’anonymisation ou la minimisation des données, ou par une révision de sa politique de confidentialité pour obtenir un consentement explicite des utilisateurs.
Cette affaire est symptomatique des défis posés par le développement rapide de l’IA et la course à l’innovation technologique. Elle rappelle l’importance d’un cadre éthique et légal solide pour encadrer ces évolutions et protéger les droits fondamentaux des citoyens à l’ère numérique. L’Europe, avec son RGPD, montre la voie mais la régulation de l’IA est un enjeu majeur qui nécessite une coopération internationale.
- Meta suspend son projet d’IA suite à des plaintes dans 11 pays européens
- L’association Noyb dénonce l’utilisation de données personnelles sans consentement
- Le RGPD encadre strictement l’exploitation des données des internautes européens
- Meta doit trouver un équilibre entre ses ambitions en IA et le respect de la vie privée