Dans le monde des startups, les fondateurs font souvent face à des défis pour lever des fonds, mais certains doivent également surmonter des préjugés profondément ancrés. C’est le cas de Keely Cat-Wells, activiste reconnue pour les droits des personnes handicapées et fondatrice de la plateforme de recrutement Making Space. Lorsqu’un investisseur lui a suggéré de s’associer à un co-fondateur masculin non-handicapé, elle a refusé de se plier à ces stéréotypes. Sa détermination a porté ses fruits : elle vient de boucler un tour de table de pré-amorçage sursouscrit de 2 millions de dollars, mené par Beta Boom.
Rendre le recrutement plus inclusif
Lancée en 2023, Making Space vise à aider les entreprises de tous secteurs à embaucher, former et fidéliser des talents handicapés. Les candidats peuvent s’inscrire gratuitement pour trouver des offres d’emploi, tandis que les recruteurs accèdent à un vivier de profils qualifiés et à des ressources pour mieux intégrer les travailleurs handicapés.
Selon Cat-Wells, les processus de recrutement traditionnels sont souvent excluants et inaccessibles, passant à côté de nombreux candidats talentueux en situation de handicap. Beaucoup n’osent pas évoquer leur handicap de peur d’être discriminés, les privant d’aménagements adaptés.
Un potentiel sous-estimé
Pourtant, une étude d’Accenture et de l’American Association of People with Disabilities a montré que les entreprises embauchant et accompagnant des personnes handicapées avaient un chiffre d’affaires supérieur de 28% et des marges plus élevées. Intégrer davantage de travailleurs handicapés pourrait générer au moins 25 milliards de dollars de PIB supplémentaire aux États-Unis. Malgré cela, leur taux de chômage reste deux fois plus élevé.
Quand on développe des solutions intégrant l’impact social à la stratégie business, plutôt que d’en faire une initiative secondaire, on peut initier un changement systémique.
– Keely Cat-Wells, fondatrice de Making Space
Les employés handicapés présentent pourtant souvent de meilleurs taux de rétention et de performance. Pour Cat-Wells, c’est l’occasion de créer de nouvelles passerelles vers l’emploi, bénéfiques tant pour les entreprises que pour les travailleurs handicapés dont le potentiel est bridé par les limitations sociétales.
Convaincre des investisseurs réticents
Trouver les bons investisseurs n’a pas été simple. Malgré la traction et la technologie, beaucoup doutaient qu’une entreprise centrée sur le handicap puisse connaître un succès commercial à grande échelle. Un investisseur a même suggéré à Cat-Wells de s’adjoindre un co-fondateur masculin valide, un commentaire reflétant les biais profonds de l’écosystème.
C’est finalement via son réseau qu’elle a pu rencontrer Beta Boom. Pour ce fonds, Making Space s’attaque de façon unique aux obstacles rencontrés tant par les employés que les employeurs. Le potentiel est immense puisque n’importe qui peut devenir handicapé à tout moment.
Un écosystème plus large
Au-delà de la plateforme, Making Space développe tout un écosystème. Son pôle média, co-fondé par Sophie Morgan, collabore déjà avec Netflix et NBCUniversal pour favoriser l’emploi de talents handicapés devant et derrière la caméra. De nouveaux outils comme Compass, qui présente tout handicap comme une compétence transférable, seront bientôt proposés.
À seulement 28 ans, Cat-Wells cumule les réussites : vente d’une première agence artistique, participation à des conseils d’administration, échanges à la Maison Blanche… Son ambition est claire :
- Changer la donne sur le chômage des personnes handicapées
- Développer les partenariats avec de grandes entreprises
- Sensibiliser dès le plus jeune âge à l’inclusion du handicap
Une mission porteuse de sens, qui bouscule les préjugés et ouvre la voie à une société réellement inclusive.