Le Fondateur Qui a Bâti et Vendu une Startup de 600 Millions de Dollars

Imaginez un fondateur capable de bâtir une entreprise logicielle de 600 millions de dollars depuis le Sri Lanka, pays peu connu pour son écosystème de startups. C’est pourtant l’exploit réalisé par Sanjiva Weerawarana, créateur de WSO2, un fournisseur de logiciels d’entreprise open source. Retour sur le parcours hors norme de cet entrepreneur sri lankais qui n’a pas hésité à conduire pour Uber en parallèle de son rôle de CEO.

Un pari risqué : créer une startup technologique au Sri Lanka

Lorsque Sanjiva Weerawarana fonde WSO2 en 2005 avec deux cofondateurs, le Sri Lanka est loin d’être un terreau fertile pour les startups. Le pays sort d’une longue guerre civile et les investisseurs doutent de la capacité à y bâtir une entreprise technologique ambitieuse. Beaucoup pressent Weerawarana de s’installer aux États-Unis, où il a vécu 16 ans. Mais l’entrepreneur est déterminé à prouver qu’on peut créer une entreprise logicielle innovante depuis son pays natal.

Je voulais montrer que nous pouvions construire une entreprise de produits technologiques depuis le Sri Lanka. Il n’y avait jamais eu de société comme celle-ci auparavant.

– Sanjiva Weerawarana, fondateur de WSO2

Malgré les doutes, WSO2 parvient à lever des fonds, notamment auprès d’Intel Capital qui y voit l’opportunité d’investir dans une startup open source prometteuse en Asie. La société se spécialise dans les outils middleware (API management, identité et accès…) et mise sur le cloud et les microservices pour moderniser les applications d’entreprise.

Une croissance portée par les talents sri lankais

L’ancrage au Sri Lanka se révèle être un atout pour WSO2 qui peut s’appuyer sur un important vivier de talents techniques. Contrairement aux sociétés de services qui dominent le paysage, l’entreprise peut recruter les meilleurs ingénieurs du pays en leur offrant des postes créatifs sur des technologies de pointe. Aujourd’hui, 80% des 780 employés de WSO2 sont basés au Sri Lanka.

Cette stratégie de développement produit différenciante porte ses fruits. WSO2 signe des grands comptes comme Samsung, Axa ou AT&T et atteint une valorisation de 500 millions de dollars en 2022 lors d’une levée de fonds menée par Goldman Sachs. La rentabilité est au rendez-vous depuis 2018.

Le tournant de la cession à un fonds d’investissement européen

En mai 2024, WSO2 franchit une nouvelle étape en se faisant racheter pour 600 millions de dollars par le fonds d’investissement suédois EQT. Une opération motivée par la volonté de liquidité d’un des actionnaires principaux, mais qui va donner de nouveaux moyens à l’entreprise pour accélérer sa croissance.

Avec un chiffre d’affaires récurrent de presque 100 millions de dollars, des produits matures et une base clients fidèle, WSO2 avait tous les atouts recherchés par EQT. Son fondateur y voit l’opportunité de se donner 5 ans pour atteindre la taille critique avant une potentielle introduction en bourse.

EQT n’a pas d’autres activités dans ce domaine, ils essaient de construire autour de WSO2, pas de le fusionner avec autre chose. Leur objectif est de développer l’entreprise pendant cinq ans, ce qui s’aligne avec ce que je voulais.

– Sanjiva Weerawarana

Un CEO atypique, entre philanthropie et courses Uber

Au-delà de son parcours entrepreneurial inspirant, Sanjiva Weerawarana se démarque par sa personnalité hors du commun. Cet hyperactif a créé une fondation pour l’éducation des enfants défavorisés et n’hésite pas à conduire pour Uber à ses heures perdues. Une activité qu’il a démarrée en 2017 pour montrer que conduire est un métier comme un autre et casser les préjugés de caste.

Son engagement pour le Sri Lanka ne s’arrête pas là. Avec sa success story et l’argent de la vente de WSO2, Weerawarana espère inspirer une nouvelle vague d’entrepreneurs technologiques locaux et prouver qu’une pépite à plusieurs centaines de millions peut éclore depuis son pays.

L’histoire de Sanjiva Weerawarana et WSO2 est une belle leçon pour les entrepreneurs du monde entier. Elle montre qu’avec de la détermination, des idées innovantes et des talents bien gérés, on peut bâtir une licorne tech, même depuis les marchés émergents les moins évidents. En résumé :

  • Un fondateur tenace qui croit en son pays malgré un climat défavorable
  • Une entreprise open source innovante qui répond aux besoins du marché
  • Des talents locaux bien intégrés, clé de la réussite
  • Une cession de 600 millions de dollars, record pour le Sri Lanka
  • Un entrepreneur engagé qui casse les codes et soutient le développement de son pays

Un exemple à suivre pour tous les fondateurs de startups qui rêvent de changer la donne dans leur région, aussi improbable soit-elle. Comme le prouve Sanjiva Weerawarana, impossible n’est pas entrepreneu !

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MondeTech.fr

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