Accusations de harcèlement des dirigeants de Rivian

Le fabricant de véhicules électriques Rivian, considéré comme l’un des plus prometteurs de sa génération, se retrouve aujourd’hui sous le feu des projecteurs pour de sombres affaires de harcèlement impliquant plusieurs de ses hauts dirigeants. Pas moins de quatre poursuites distinctes ont été déposées cette année par des employés, révélant une face très troublante de la culture d’entreprise de cette startup jusque-là adulée.

Des cadres dirigeants visés par de graves accusations

Selon les documents judiciaires épluchés par TechCrunch, le directeur du design Jeff Hammoud est cité dans deux plaintes distinctes pour son comportement problématique. Elizabeth Curran, une ancienne directrice, l’accuse de « crises de colère irrationnelles » souvent dirigées contre les femmes occupant des postes à responsabilité. De son côté, le sculpteur Nathan Facciolla affirme qu’Hammoud a créé un environnement de travail hostile, allant jusqu’à traiter sa femme de « prostituée ». Les deux employés affirment avoir signalé ces agissements aux ressources humaines, sans qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise.

Une autre plainte vise Frank Klein, l’ancien directeur des opérations qui vient de quitter l’entreprise. Jeremiah Powe, un ouvrier, l’accuse de l’avoir agressé physiquement en le tirant violemment au sol pour une soi-disant violation du code vestimentaire. Powe affirme que Rivian n’a pas mené d’enquête sérieuse suite à cet incident.

Une culture d’entreprise qui favorise les dérives

Ces affaires font écho à la plainte très médiatisée déposée en 2021 par Laura Schwab, l’ancienne directrice des ventes et du marketing. Elle y dénonçait déjà la « culture de mecs toxique » instaurée par le PDG R.J. Scaringe et son cercle rapproché de dirigeants masculins, aboutissant à la « marginalisation flagrante » des femmes. Malgré le battage autour de cette affaire à l’époque, les récentes poursuites suggèrent qu’il n’y a pas eu de réel changement en interne depuis.

Il semble y avoir un schéma général de comportements complètement délirants de la part de managers haut placés qui ciblent des employés.

Oscar Ramirez, avocat représentant deux plaignants contre Rivian

Au-delà de ces quatre nouvelles poursuites, TechCrunch a découvert que Rivian avait également conclu des accords à l’amiable dans trois autres affaires de harcèlement et de discrimination ces dernières années. Cela laisse entrevoir l’ampleur potentielle du problème.

La croissance à tout prix, au détriment de l’humain ?

Comment une entreprise aussi prometteuse que Rivian a-t-elle pu laisser prospérer une telle culture toxique ? Certains y voient les dérives d’un modèle startup focalisé sur la croissance à tout prix. La pression pour tenir les délais et les objectifs prend le dessus, reléguant les considérations humaines au second plan.

Les longs horaires et la charge de travail écrasante, évoqués dans les plaintes, sont symptomatiques de cette dérive. Un rythme effréné qui peut laisser la voie libre aux abus de pouvoir et aux comportements déplacés, sans réel garde-fou.

Que va faire Rivian pour redresser la barre ?

Face à ces révélations accablantes, Rivian va devoir prouver qu’elle prend le problème à bras le corps. Au-delà des dénégations de façade, de vraies actions seront nécessaires pour changer la donne :

  • Tolérance zéro envers le harcèlement, quelque soit le niveau hiérarchique
  • Renforcement des processus RH pour traiter les plaintes
  • Formation et sensibilisation des managers
  • Féminisation des effectifs et de l’encadrement

Rivian joue gros dans cette affaire. Si elle ne parvient pas à convaincre qu’elle met en place de vrais garde-fous, elle risque de perdre la confiance de ses investisseurs et de ternir durablement son image. Dans le monde hautement concurrentiel de la voiture électrique, elle ne peut pas se permettre un tel faux pas.

Ces affaires sont aussi un signal d’alerte pour toute l’industrie des startups, sommée de remettre l’humain et l’éthique au centre de ses priorités. Car la fin ne justifie pas tous les moyens. Trop de jeunes pousses brillantes ont vu leur étoile pâlir pour avoir laissé prospérer une culture interne délétère. Aux startups automobiles de nouvelle génération de montrer qu’elles ont retenu la leçon.

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