Dans un nouveau coup porté au contrôle strict d’Apple sur son écosystème d’applications, le régulateur antitrust brésilien Cade vient d’ordonner à la firme à la pomme d’ouvrir les achats in-app sur son App Store. Une décision qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières brésiliennes et accélérer l’effritement du « jardin clos » d’Apple à travers le monde.
Apple sommé d’autoriser les liens externes et paiements alternatifs
Selon la décision rendue par le Cade, Apple devra sous 20 jours :
- Permettre aux développeurs d’inclure dans leurs apps des liens renvoyant vers des sites web externes pour les abonnements et achats numériques
- Autoriser les développeurs à gérer eux-mêmes le traitement des paiements, en dehors du système d’achat in-app d’Apple
Si Apple ne se conforme pas à ces injonctions, l’entreprise s’expose à des amendes de 43 000 $ par jour de retard. Cette décision fait suite à une plainte déposée en 2022 par la place de marché en ligne Mercado Libre, qui dénonçait les restrictions imposées par Apple.
Les fissures se multiplient dans le jardin clos d’Apple
Si le cas brésilien est le dernier en date, il est loin d’être isolé. Sous la pression des régulateurs et des poursuites judiciaires, Apple a déjà dû faire des concessions similaires dans plusieurs pays et régions clés :
- En Europe, Apple autorise désormais des options de paiement tierces ou des liens vers des sites web externes pour les achats in-app
- Au Japon, en Corée du Sud et aux États-Unis, des dispositions comparables ont été mises en place ou sont en passe de l’être
Cependant, les régulateurs estiment souvent qu’Apple n’en fait pas assez et que ses concessions restent trop limitées. De nombreuses procédures sont encore en cours pour tenter de faire sauter totalement les verrous de l’App Store.
Vers un effritement inexorable du modèle du jardin clos ?
Longtemps, Apple a justifié le contrôle strict de son App Store par la nécessité de garantir la sécurité et la qualité de l’expérience utilisateur. Mais ce modèle du « jardin clos » (« walled garden ») est de plus en plus remis en cause :
- Les développeurs dénoncent la « taxe Apple » de 30% prélevée sur les achats in-app, qui pénalise leur rentabilité
- Les utilisateurs réclament plus de liberté de choix dans la manière dont ils accèdent aux contenus et effectuent leurs achats
- Les régulateurs s’inquiètent des effets d’un tel contrôle monopolistique sur la concurrence et l’innovation
« Apple exerce un contrôle absolu sur son écosystème, et il est temps que cela change. L’ouverture et la concurrence sont nécessaires pour une économie d’applications saine et dynamique »
– Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, un des plus fervents critiques d’Apple
Avec chaque nouvelle décision comme celle du Brésil, ce sont autant de brèches qui s’ouvrent dans la forteresse App Store. À terme, c’est tout le modèle économique d’Apple autour des applications mobiles qui pourrait être remis en cause. La firme de Cupertino parviendra-t-elle à préserver l’essentiel de son précieux jardin, ou devra-t-elle se résoudre à abaisser drastiquement ses murailles ? L’avenir nous le dira, mais le vent semble tourner de manière inexorable.