Apple : Départs en Cascade des Top Executives

Imaginez un paquebot géant qui, pendant des années, semblait inamovible. Puis, d’un seul coup, les officiers les plus expérimentés commencent à quitter le pont les uns après les autres. C’est exactement ce qui se passe chez Apple en cette fin 2025. Après le départ du patron de l’IA John Giannandrea et du légendaire designer Alan Dye vers Meta, deux nouvelles bombes viennent d’exploser : Kate Adams, générale counsel depuis 2017, et Lisa Jackson, vice-présidente Environnement, Politique et Initiatives sociales, prennent toutes les deux leur retraite en 2026. Et ce n’est pas tout : Apple annonce déjà l’arrivée de Jennifer Newstead, actuelle chief legal officer de… Meta. Coïncidence ? Vraiment ?

Pour les entrepreneurs, les investisseurs et tous ceux qui suivent la Silicon Valley de près, ces mouvements ne sont pas de simples anecdotes RH. Ils racontent une histoire beaucoup plus profonde sur la pression réglementaire, les retards en intelligence artificielle et, peut-être, les premiers signes d’un changement de cycle chez le géant aux 400 milliards de dollars de cash.

Les faits bruts : qui part et qui arrive ?

Commençons par le tableau de chasse de ces dernières semaines chez Apple :

  • Kate Adams – General Counsel et Secretary depuis 2017 – retraite fin 2026
  • Lisa Jackson – VP Environment, Policy and Social Initiatives – départ janvier 2026
  • John Giannandrea – ex-responsable IA et Machine Learning – déjà parti
  • Alan Dye – vice-président design interface – rejoint Meta
  • Jeff Williams – ex-COO – retraite annoncée en juillet 2025
  • Ke Yang et Ruoming Pang – responsables recherche IA – tous deux chez Meta désormais

En face, Apple recrute Jennifer Newstead, actuelle chief legal officer de Meta, qui prendra le poste de General Counsel le 1er mars 2026 et supervisera à la fois le département juridique et les affaires gouvernementales. Un poste élargi donc, et une recrue au CV impressionnant : ancienne conseillère juridique du Département d’État américain, ex-Office of Management and Budget à la Maison Blanche, clerk pour le juge suprême Stephen Breyer…

« Nous ne pourrions être plus heureux d’accueillir Jennifer dans l’équipe. Elle apporte une profondeur d’expérience et de compétences extraordinaire »

– Tim Cook, CEO d’Apple

Pourquoi ces départs font trembler la Silicon Valley

Dans une entreprise aussi verrouillée qu’Apple, les départs de ce calibre ne sont jamais anodins. Plusieurs facteurs se cumulent.

1. Une pression réglementaire jamais vue

Kate Adams a passé les huit dernières années à gérer les dossiers les plus brûlants : procès Epic Games, enquêtes antitrust européennes, DMA, plaintes de Spotify, affaire FBI vs chiffrement… Avec l’arrivée de la seconde administration Trump et la nomination de figures très critiques des Big Tech (notamment au FTC et au DOJ), le climat risque de devenir encore plus hostile. Recruter Jennifer Newstead, qui a déjà navigué les eaux troubles de Washington sous plusieurs administrations, n’est clairement pas un hasard.

2. Le retard criant en intelligence artificielle

Apple est passé de leader incontesté à suiveur en l’espace de trois ans. Siri nouvelle génération, censée arriver avec iOS 18, a été repoussée. Apple Intelligence repose aujourd’hui en partie sur… les modèles de Google et d’OpenAI. John Giannandrea parti, plusieurs cadres clés de l’équipe IA ont filé chez Meta. Le message est clair : les meilleurs talents en IA ne croient plus au projet Apple à court terme.

3. Un virage politique qui déguisé

Le départ de Lisa Jackson est particulièrement symbolique. Ancienne administratrice de l’EPA sous Obama, elle incarnait l’engagement écologique et social d’Apple (objectifs carbone 2030, Racial Equity and Justice Initiative, etc.). Or, sous la nouvelle administration Trump, les programmes DEI et les objectifs climatiques ambitieux sont devenus des cibles. Plusieurs sources internes rapportent que les budgets liés à ces initiatives ont déjà été gelés ou redirigés. Lisa Jackson, à 63 ans, choisit de partir avant de voir son travail démantelé.

Jennifer Newstead : le choix d’une guerrière du droit

Meta laisse partir sa chief legal officer… pour qu’elle aille chez son pire concurrent. Étrange ? Pas tant que ça. Newstead gère chez Meta les dossiers européens (RGPD, DSA, DMA) et les multiples procès aux États-Unis. Avec l’arrivée probable d’une régulation plus clémente sous Trump, Meta a moins besoin d’une profile aussi politique. Apple, elle, entre dans la tempête.

Ses futures missions :

  • Négocier avec la nouvelle administration Trump et le Congrès
  • Gérer les suites du procès Epic et les injonctions antitrust
  • Préparer la défense sur l’App Store en Europe (DMA)
  • Renforcer le lobbying sur l’IA et la privacy

Et Tim Cook dans tout ça ?

À 65 ans, Tim Cook reste solidement en place. Mais les spéculations sur sa succession s’intensifient. Jeff Williams était considéré comme le dauphin naturel. Son départ surprise en juillet a créé un vide. Sabih Khan, qui reprend les opérations, n’a pas le profil pour devenir CEO. John Ternus (hardware) et Greg Joswiak (marketing) sont souvent cités, mais aucun n’a l’expérience politique et réglementaire nécessaire pour naviguer les dix prochaines années.

Le recrutement de Jennifer Newstead directement sous les ordres de Cook montre que ce dernier se prépare à une guerre longue. Il reste aux commandes, mais il sait que les prochaines batailles ne se gagneront plus seulement sur le design ou la supply chain, mais à Washington et Bruxelles.

Ce que ça signifie pour les entrepreneurs et startups

Si vous êtes fondateur, investisseur ou simplement passionné de tech, ces mouvements ont des implications concrètes :

  • Apple va probablement ouvrir un peu plus l’App Store sous la pression (opportunités pour les paiements alternatifs, sideloading en Europe)
  • Le retard en IA laisse un boulevard aux startups IA (Perplexity, Anthropic, xAI…)
  • Meta devient le nouveau aimant à talents d’Apple – à surveiller pour les recrutements
  • Les sujets ESG/DEI risquent de reculer chez les Big Tech – impact sur les fonds VC spécialisés

Conclusion : la fin d’une ère, le début d’une autre

Apple ne va pas s’effondrer demain. L’entreprise reste une machine à cash colossale avec des marges folles et un écosystème inégalé. Mais ces départs en cascade marquent la fin de l’Apple post-Steve Jobs, triomphante et intouchable, et l’arrivée d’une Apple plus vulnérable, plus politique, obligée de composer avec des régulateurs hostiles et une concurrence féroce en IA.

Pour les entrepreneurs, c’est à la fois une menace (moins d’innovation disruptive venue de Cupertino) et une opportunité immense (des failles béantes dans lesquelles s’engouffrer). L’histoire de la tech nous l’a prouvé maintes fois : quand les géants vacillent, les startups dansent.

Et vous, pensez-vous que Tim Cook tiendra encore dix ans ? Ou assiste-t-on au début de la fin de l’ère Cook ? Dites-le-moi en commentaire, je suis curieux de votre avis.

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