Imaginez : il y a à peine seize mois, trois chercheurs allemands quittaient Stability AI en claquant la porte. Aujourd’hui, leur nouvelle société, Black Forest Labs, vient de lever 300 millions de dollars à une valorisation de 3,25 milliards. En pleine tempête sur le marché de l’IA générative, cette opération fait l’effet d’un coup de tonnerre. Retour sur une ascension fulgurante qui mérite qu’on s’y arrête.
Les pères de Stable Diffusion reviennent en force
Robin Rombach, Andreas Blattmann et Patrick Esser ne sont pas des inconnus. Ce sont eux qui, chez Stability AI, ont posé les bases de Stable Diffusion, le modèle open-source qui a démocratisé la génération d’images par IA en 2022. Leur départ, en pleine crise de gouvernance chez Stability, avait fait jaser. Moins d’un an et demi plus tard, le message est clair : ils n’avaient pas dit leur dernier mot.
Créée en août 2024, Black Forest Labs a immédiatement sorti Flux 1, un modèle qui s’est hissé en quelques semaines parmi les tous meilleurs du marché, souvent devant Midjourney V6 et DALL·E 3 sur les benchmarks communautaires. La suite logique ? Flux 2, dévoilé il y a quelques jours seulement, capable de gérer jusqu’à dix images de référence et de monter en 4K sans broncher.
Une levée de fonds XXL qui donne le vertige
300 millions de dollars en Series B, seulement 16 mois après la création. C’est du jamais vu, même dans les folles années 2021-2022. Pour vous donner une idée :
- OpenAI a mis 4 ans pour atteindre une valorisation comparable.
- Midjourney reste bootstrappé et n’a jamais levé autant en une seule fois.
- Stability AI, à son pic, valait « seulement » 4 milliards… avant de plonger.
Le tour de table est co-lead par Salesforce Ventures et Anjney Midha (ex-a16z et désormais investisseur solo très courtisé). On y retrouve pêle-mêle NVIDIA, a16z, General Catalyst, Temasek, Bain Capital Ventures ou encore les corporate ventures de Canva et Figma. Quand les géants du software et du hardware misent en même temps, c’est un signal fort.
« Nous voyons en Black Forest Labs le futur des modèles de fondation visuels open-weight. »
– Un partenaire du fonds, sous couvert d’anonymat
Flux 2 : pourquoi tout le monde en parle
Techniquement, Flux 2 repousse plusieurs limites à la fois :
- Meilleure compréhension du texte dans l’image (goodbye les mains à six doigts)
- Respect impressionnant du style quand on lui donne plusieurs références
- Génération native jusqu’en 4K (la plupart des concurrents upscalent encore)
- Prompt adherence parmi les meilleures du marché
Résultat ? Des entreprises comme Adobe, Picsart, ElevenLabs, VSCO ou Vercel l’ont déjà intégré. Et oui, vous vous souvenez peut-être que Grok d’Elon Musk utilisait déjà Flux 1 pour ses images. La boucle est bouclée.
L’Allemagne, nouveau hotspot de l’IA générative ?
On a tendance à tout focaliser sur la Silicon Valley, mais l’Europe bouge. Aleph Alpha, Mistral AI, et maintenant Black Forest Labs : les signaux sont là. L’écosystème allemand bénéficie d’une recherche universitaire de pointe (Max Planck, TU Munich…) et commence à attirer massivement les capitaux américains et asiatiques.
Le siège est à Freiburg-im-Breisgau, en pleine Forêt-Noire (d’où le nom). Loin des sunlights de San Francisco, l’équipe cultive une certaine discrétion… jusqu’à ce genre d’annonce qui remet tout le monde à l’heure.
Ce que ça dit du marché de l’IA en décembre 2025
Plusieurs leçons à tirer :
- Le segment image/vidéo reste brûlant malgré les craintes de bulle
- Les investisseurs misent encore sur les foundation models open-weight (pas seulement les API fermées)
- Les talents priment : trois chercheurs peuvent lever 300 M$ en un claquement de doigts
- La course à la multimodalité s’accélère (texte → image → vidéo)
On murmure déjà que la prochaine étape, ce sera la vidéo. Black Forest Labs a embauché plusieurs anciens de Runway et Pika Labs. Les paris sont ouverts.
Et pour les entrepreneurs et marketeurs, ça change quoi ?
Concrètement, si vous travaillez dans le marketing, le design ou la création de contenu :
- Les coûts de production visuelle vont continuer à chuter de façon vertigineuse
- La personnalisation massive (10 références d’image) devient accessible
- Les agences qui ne maîtrisent pas encore le prompt engineering vont prendre un retard définitif
- Les marques vont pouvoir créer des campagnes entières en quelques heures
En résumé, on entre dans l’ère où une PME pourra se payer des visuels dignes des plus gros studios hollywoodiens… pour quelques euros.
Conclusion : la Forêt-Noire n’a pas fini de nous surprendre
En levant 300 millions à 3,25 milliards de valorisation seulement seize mois après sa création, Black Forest Labs vient de rentrer dans le club très fermé des licornes de l’IA qui comptent vraiment. Avec Flux 2 sous le capot et une dream team d’investisseurs, la startup allemande a toutes les cartes en main pour devenir le prochain poids lourd incontesté de la génération d’images – et probablement de vidéo – par intelligence artificielle.
À suivre de très près en 2026. La forêt est dense, mais la lumière commence à percer.






