Et si le prochain grand rival de Salesforce venait… de Paris ? C’est en tout cas l’ambition affichée par Brevo, l’ex-Sendinblue, qui vient de franchir un cap symbolique : celui de la licorne. Avec une levée de fonds monstrueuse de 583 millions de dollars (500 millions d’euros), la startup française entre dans la cour des très grands et se donne les moyens de ses rêves américains. Une nouvelle qui fait vibrer tout l’écosystème tech européen.
De Sendinblue à Brevo : l’évolution d’une success story à la française
Retour en 2012. Armand Thiberge lance Sendinblue, une solution d’email marketing pensée pour les petites entreprises qui n’ont ni le budget ni le temps de s’embarrasser avec les outils complexes made in USA. Le positionnement est clair : simplicité, prix agressifs, et un support en français. Très vite, la sauce prend. La plateforme séduit des centaines de milliers de PME en Europe.
Mais quand on grandit, on change de nom. En 2023, Sendinblue devient Brevo. Exit l’image “petit outil d’emailing”, place à une suite complète de relation client : CRM, automation marketing, chat, WhatsApp, SMS, appels… Bref, un vrai concurrent direct des géants du secteur.
Le résultat ne s’est pas fait attendre : plus de 600 000 clients dans le monde, dont des noms comme Carrefour, eBay ou H&M. Et surtout, un ARR (revenu récurrent annuel) qui a dépassé les 200 millions d’euros dès 2025, avec plusieurs années d’avance sur le plan initial.
Une levée de fonds XXL pour accélérer outre-Atlantique
500 millions d’euros en equity. Autant dire que Brevo joue désormais dans la cour des adultes. À titre de comparaison, c’est l’une des plus grosses levées jamais réalisées par une startup française.
Derrière ce tour de table, on retrouve deux poids lourds : General Atlantic et Oakley Capital, qui entrent chacun à hauteur de 25 % du capital. Bpifrance et Bridgepoint conservent 24 %, tandis que les fondateurs et les équipes restent le premier actionnaire avec 26 %. Partech, l’investisseur historique de la série A, sort quant à lui complètement.
« Les États-Unis, c’est 50 % du marché mondial du CRM. Aujourd’hui on n’en fait que 15 %. Notre objectif, c’est que ça devienne 50 % de notre chiffre d’affaires. »
– Armand Thiberge, CEO et fondateur de Brevo
Plus de 100 millions d’euros seront consacrés à la conquête du marché américain. Recrutements massifs, marketing agressif, acquisitions ciblées : tout y passera.
L’ambition 2030 : 1 milliard d’euros de revenus
Le plan est clair et chiffré :
- 2023 : entrée dans le club des centaures (>100 M$ ARR)
- 2025 : déjà >200 M€ ARR (objectif atteint avec deux ans d’avance)
- 2030 : 1 milliard d’euros de revenus annuels
Pour y arriver, Brevo mise sur deux leviers majeurs :
1. La croissance organique grâce à un produit toujours plus complet et intuitif, même pour les très petites structures.
2. La croissance externe : 45 % des revenus attendus en 2030 devraient provenir d’acquisitions. La startup en a déjà réalisé 11 et compte bien continuer le shopping, notamment aux États-Unis et dans les pays où elle veut renforcer sa présence locale.
Pourquoi Brevo peut réellement inquiéter Salesforce et HubSpot
On a tendance à l’oublier, mais le marché du CRM reste ultra-dominant par deux acteurs américains. Pourtant, les failles existent :
- Prix perçus comme excessifs pour les PME et ETI
- Complexité croissante des plateformes
- Manque de flexibilité sur les canaux de communication (WhatsApp, SMS…)
- Support souvent délocalisé et peu réactif
Brevo attaque précisément sur ces points faibles. La plateforme propose une suite tout-en-un à un tarif souvent 3 à 5 fois inférieur à celui de Salesforce pour un usage équivalent. Et surtout, elle a su garder cette simplicité d’utilisation qui faisait le succès de Sendinblue à ses débuts.
Autre atout : l’Europe. Dans un contexte où la souveraineté numérique redevient un sujet brûlant, beaucoup d’entreprises du vieux continent préfèrent travailler avec un acteur européen plutôt qu’avec un géant américain soumis au Cloud Act.
L’IA au cœur de la roadmap produit
Brevo a annoncé un plan d’investissement de 50 millions d’euros sur 5 ans dédié à l’intelligence artificielle. Concrètement, cela se traduit déjà par :
- Suggestions de contenu automatisées pour les emails et SMS
- Segmentation prédictive des contacts
- Chatbots enrichis et assistants de vente intégrés
- Scoring de leads en temps réel
Et ce n’est que le début. L’objectif : faire de l’IA un différenciateur clair face aux acteurs historiques qui, malgré leurs annonces, peinent parfois à rendre ces fonctionnalités accessibles aux équipes marketing non techniques.
Ce que ça change pour vous, marketeurs et entrepreneurs
Si vous cherchez une alternative sérieuse à HubSpot ou Salesforce, surtout si vous êtes en Europe ou que vous ciblez des PME, Brevo mérite clairement votre attention dès maintenant.
Les points forts aujourd’hui :
- Tarifs ultra-compétitifs (souvent 3x moins cher)
- Interface en français (et support réactif)
- Canaux WhatsApp et SMS intégrés nativement
- Migration facilitée depuis Mailchimp, HubSpot ou Salesforce
Avec cette nouvelle puissance de feu financière, attendez-vous à voir Brevo multiplier les fonctionnalités premium et accélérer son expansion internationale. Le match Europe vs USA dans le CRM ne fait que commencer.
Conclusion : un moment historique pour la French Tech
Brevo n’est plus une simple success story française. C’est désormais une licorne qui a les moyens de ses ambitions mondiales. En conservant une culture produit obsessionnelle et une proximité avec ses utilisateurs PME, la startup parisienne pourrait bien réussir là où beaucoup ont échoué : créer un champion européen capable de tenir tête aux géants américains sur leur propre terrain.
À suivre de très près en 2026. Et qui sait, peut-être que votre prochain outil CRM ne sera plus américain… mais français.






