Dans le monde bouillonnant des startups automobiles, un changement majeur vient de se produire chez Canoo, le fabricant de véhicules électriques. Sohel Merchant, co-fondateur et directeur de la technologie (CTO) de l’entreprise, a quitté son poste au milieu d’une vaste réorganisation. Cette nouvelle, rapportée par des sources proches du dossier à TechCrunch, marque un tournant pour Canoo.
L’équipe fondatrice se réduit comme peau de chagrin
Sohel Merchant faisait partie de l’équipe fondatrice de Canoo, qui a créé la startup fin 2017. Son départ signifie qu’il ne reste plus qu’un seul membre de cette équipe pionnière : Christoph Kuttner, l’ingénieur en chef. Cette évolution soulève des questions sur la direction future de l’entreprise et sa capacité à maintenir sa vision originale.
Une réorganisation d’envergure chez Canoo
Le départ de Sohel Merchant intervient à un moment charnière pour Canoo. La startup est en effet en pleine réorganisation. Elle ferme son siège de Los Angeles et demande à la plupart des 200 employés qui y travaillent de déménager, soit au Texas où Canoo a un bureau, soit en Oklahoma où elle tente de mettre en place un site de production.
Depuis son introduction en bourse fin 2020 via une fusion SPAC, Canoo n’a cessé de se réinventer. Tony Aquila, le président, est devenu PDG et a réorienté l’entreprise du marché grand public vers le secteur des véhicules utilitaires électriques.
Des hauts et des bas pour la startup automobile
Les plans d’Aquila pour Canoo ont fluctué au fil des années. Fin 2021, il a annoncé le déménagement du siège de Los Angeles à Bentonville dans l’Arkansas, ville natale de Walmart que Canoo courtisait comme client de premier plan. Walmart a fini par signer un accord avec Canoo en 2022, mais à très faible risque pour le géant de la distribution. À ce jour, Canoo n’a livré qu’un volume symbolique de véhicules dans le cadre de cet accord.
Le déménagement à Bentonville ne s’est finalement pas concrétisé. Canoo s’est alors tourné vers l’Oklahoma, où Aquila a annoncé des plans pour une immense usine qui reste à construire. L’entreprise teste actuellement des véhicules pour l’U.S. Postal Service, la NASA et le département de la Défense, mais manque cruellement de liquidités. La semaine dernière, elle a déclaré ne disposer que de 19,1 millions de dollars au 30 juin.
L’exode continu des fondateurs
Pendant cette période, Canoo a vu partir presque tous ses fondateurs. Stefan Krause, co-fondateur et ancien PDG, a quitté l’entreprise en 2020. Son remplaçant, Ulrich Kranz, également co-fondateur, a démissionné en 2021 et a passé quelques années à travailler sur le projet de voiture électrique ultra-secret d’Apple. Richard Kim, un autre co-fondateur clé et directeur du design, est parti en 2023.
Le départ de Sohel Merchant s’inscrit donc dans une longue série de défections au plus haut niveau chez Canoo. Il soulève des interrogations sur la capacité de l’entreprise à maintenir le cap et à concrétiser ses ambitions dans un secteur hautement compétitif et capitalistique.
L’avenir incertain d’une startup prometteuse
Malgré des débuts prometteurs et une vision audacieuse, Canoo traverse une zone de turbulences. La perte de ses fondateurs, les revirements stratégiques et les difficultés financières pèsent lourdement sur son avenir.
Canoo parviendra-t-elle à remettre de l’ordre dans ses opérations, à sécuriser de nouveaux financements et à tenir ses engagements vis-à-vis de ses clients et partenaires ? Les prochains mois seront décisifs pour cette jeune pousse automobile, qui doit absolument transformer l’essai si elle veut s’imposer sur le marché ultra-concurrentiel des véhicules électriques.
Une chose est sûre : dans l’univers impitoyable des startups, surtout quand il s’agit de bousculer une industrie aussi vaste et établie que l’automobile, rien n’est jamais acquis. Seuls les plus agiles, les mieux gérés et les plus résilients sortent vainqueurs. Canoo en a-t-elle l’étoffe ? L’avenir nous le dira.