CrowdStrike : Un Insider Trahit pour des Hackers

Imaginez être le leader mondial de la cybersécurité, celui qui protège des milliers d’entreprises contre les pires menaces… et découvrir qu’un de vos propres employés vient de livrer des informations sensibles à des hackers notoires. C’est exactement ce qui est arrivé à CrowdStrike fin octobre 2025. Un incident qui fait froid dans le dos et qui rappelle une vérité brutale : parfois, la plus grande vulnérabilité d’une entreprise ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur.

Que s’est-il réellement passé chez CrowdStrike ?

Le 21 novembre 2025, le collectif de hackers « Scattered Lapsus$ Hunters » a publié sur Telegram des captures d’écran montrant un accès apparent à des dashboards internes de CrowdStrike. On y voit notamment un tableau de bord Okta, l’outil utilisé par les employés pour se connecter aux applications internes de l’entreprise.

Les pirates ont immédiatement revendiqué une compromission massive via une brèche chez Gainsight, un éditeur de CRM pour les clients Salesforce. Selon eux, les données volées chez Gainsight leur auraient permis de cibler plusieurs géants, dont CrowdStrike.

Mais la réalité est bien différente – et finalement plus inquiétante.

« Nos systèmes n’ont jamais été compromis et les clients sont restés protégés tout au long de l’incident. Nous avons déterminé qu’un individu partageait des photos de son écran à l’extérieur et avons immédiatement résilié son accès. »

– Kevin Benacci, porte-parole de CrowdStrike

En clair : pas de faille technique, mais un insider malveillant (ou au minimum négligent) qui a photographié son écran et transmis ces images à des tiers.

Qui sont les Scattered Lapsus$ Hunters ?

Ce nom barbare regroupe en réalité plusieurs groupes parmi les plus actifs et dangereux du moment :

  • Scattered Spider (aussi appelé OCTO Tempest)
  • ShinyHunters
  • Lapsus$ (le groupe qui avait déjà frappé Microsoft, Nvidia ou Ubisoft)

Leur spécialité ? Le social engineering à un niveau quasi artistique : usurpation d’identité, harcèlement téléphonique des helpdesks, SIM swapping, et surtout la corruption ou la manipulation directe d’employés.

En octobre 2025, ils revendiquaient déjà le vol de plus d’un milliard de données chez des clients Salesforce : Allianz, Qantas, Stellantis, TransUnion, Workday… La liste est longue et impressionnante.

Pourquoi cet incident est particulièrement alarmant pour les startups et scale-ups

Vous pensez que ça n’arrive qu’aux géants ? Détrompez-vous. Les insiders représentent aujourd’hui plus de 30 % des incidents de sécurité selon le rapport Verizon DBIR 2025. Et pour une startup en croissance, les conséquences peuvent être fatales.

Voici pourquoi cet événement doit vous faire réfléchir :

  • Les outils SaaS (Okta, Slack, Notion, Google Workspace…) sont des cibles privilégiées car ils concentrent tous les accès
  • Les employés en remote ou les nouveaux arrivants sont souvent moins sensibilisés aux risques
  • Une simple photo d’écran peut suffire à compromettre des mois de travail de sécurité
  • Les hackers recrutent activement des insiders via Telegram, Discord ou même LinkedIn

Les 7 mesures concrètes à mettre en place dès demain dans votre entreprise

Pas besoin d’avoir le budget de CrowdStrike pour vous protéger. Voici les actions prioritaires :

1. Activez le screen watermarking

Des outils comme Uptycs, Lookout ou même Microsoft Purview permettent d’ajouter des filigranes dynamiques sur les écrans des employés (nom, IP, date). Une photo devient immédiatement traçable.

2. Implémentez le Zero Trust à 100 %

Fini les VPN qui donnent accès à tout une fois connecté. Chaque application doit nécessiter une authentification contextuelle (device compliance, localisation, comportement).

3. Surveillez les comportements anormaux

Des solutions UEBA (User and Entity Behavior Analytics) détectent quand un employé prend soudainement 50 captures d’écran par jour ou se connecte à 3h du matin depuis un nouvel appareil.

4. Formez… mais surtout testez

Une formation annuelle ne suffit plus. Envoyez régulièrement de faux phishing internes et mesurez qui clique. Les résultats sont souvent effrayants.

5. Segmentez les accès au strict minimum

Un développeur n’a pas besoin d’accéder au dashboard financier. Un marketer n’a rien à faire dans le repo GitHub principal. Appliquez le principe du least privilege sans exception.

6. Mettez en place une politique BYOD stricte

Les téléphones personnels sont souvent la porte d’entrée. Obligez l’utilisation d’appareils managés ou de containers sécurisés (Microsoft Intune, Jamf, etc.).

7. Préparez le plan de crise

CrowdStrike a réagi en moins de 24h. Avez-vous déjà un playbook « insider malveillant » ? Qui appeler ? Comment couper tous les accès en 5 minutes ?

Ce que cet incident nous dit sur l’évolution des cybermenaces en 2025-2026

Le temps où il suffisait d’acheter un firewall et un antivirus est révolu. Les attaques d’aujourd’hui sont hybrides : elles combinent exploitation technique, ingénierie sociale et corruption humaine.

Et avec l’arrivée massive de l’IA, les hackers deviennent encore plus efficaces :

  • Génération automatique de messages de phishing ultra-personnalisés
  • Deepfakes vocaux pour usurper l’identité du CEO
  • Analyse en temps réel des profils LinkedIn pour identifier les employés vulnérables

Le facteur humain reste le maillon faible. Et tant que les entreprises continueront à le négliger, les Scattered Spider et consorts auront de beaux jours devant eux.

Conclusion : la cybersécurité n’est plus une option, c’est votre premier avantage compétitif

L’incident CrowdStrike n’est pas une anomalie. C’est le nouveau standard. Dans un monde où vos données valent plus que votre produit, la confiance devient le principal argument de vente.

Les clients paieront plus cher, resteront plus longtemps et vous recommanderont davantage s’ils savent que vous prenez leur sécurité au sérieux. À l’inverse, une fuite – même mineure – peut détruire des années de travail.

Alors oui, mettre en place toutes ces mesures coûte du temps et de l’argent. Mais comparez cela au coût d’une attaque : amendes RGPD, perte de clients, chute de valorisation…

En 2025, la vraie question n’est plus « est-ce que je vais être attaqué ? » mais « suis-je prêt quand ça arrivera ? »

Chez CrowdStrike, ils ont su réagir vite et limiter les dégâts. Et vous ?

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