Imaginez un petit compagnon virtuel qui vous rappelle doucement de boire de l’eau, de méditer ou de lire quelques pages avant de dormir. Un être adorable qui grandit et s’épanouit à mesure que vous prenez soin de vous-même. Dans un monde saturé de notifications agressives et de contenus générés par IA souvent vides de sens, cette idée semble presque révolutionnaire. C’est exactement ce que propose First Voyage avec son application Momo Self Care, qui vient de boucler une levée de fonds de 2,5 millions de dollars. Une success story qui illustre parfaitement comment l’intelligence artificielle peut être mise au service du bien-être personnel plutôt que de la distraction pure.
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de cette startup prometteuse, comprendre son concept innovant, analyser les raisons de son succès précoce et explorer les implications plus larges pour le marché des applications de développement personnel boostées à l’IA. Préparez-vous à découvrir pourquoi Momo pourrait bien devenir le prochain phénomène dans le domaine du self-care digital.
Qu’est-ce que Momo Self Care exactement ?
Momo Self Care n’est pas une énième application de to-do list froide et impersonnelle. Au centre de l’expérience se trouve Momo, un animal de compagnie virtuel attachant que l’utilisateur doit choyer en retour de son aide précieuse. Le principe est simple mais puissant : vous définissez vos objectifs d’habitudes (boire plus d’eau, pratiquer la mindfulness, faire du sport, etc.), et Momo vous envoie des rappels bienveillants.
À chaque tâche accomplie, vous gagnez des pièces virtuelles que vous pouvez dépenser pour personnaliser votre compagnon : nouveaux accessoires, vêtements mignons, décorations… C’est une boucle de gamification qui transforme la discipline en jeu plaisant. Et le plus intéressant ? Vous pouvez discuter avec Momo. L’IA analyse vos échanges et propose des suggestions personnalisées d’habitudes en fonction de vos besoins exprimés.
« Momo aide les utilisateurs à devenir la meilleure version d’eux-mêmes, et les utilisateurs récompensent Momo avec des soins, de l’affection et des accessoires mignons. »
– Besart Çopa, co-fondateur et CEO de First Voyage
Cette citation résume parfaitement la philosophie du produit : une relation symbiotique entre l’humain et l’IA, où chacun prend soin de l’autre.
Une levée de fonds qui valide le concept
Le 15 décembre 2025, First Voyage a annoncé avoir bouclé un seed round de 2,5 millions de dollars. Parmi les investisseurs, on retrouve des noms prestigieux comme a16z Speedrun, SignalFire et True Global. Un signal fort pour une jeune startup fondée par Besart Çopa (CEO) et Egehan Ozsoy (CTO).
Ces fonds vont principalement servir à deux objectifs majeurs :
- Lancement de la version Android (l’app est déjà disponible sur iOS)
- Amélioration de l’intelligence de Momo pour des interactions plus riches et personnalisées
Ce tour de table arrive à un moment clé où le marché des AI companions explose, mais où les interrogations éthiques se multiplient. Le fait que des investisseurs de ce calibre misent sur un produit orienté bien-être positif plutôt que sur des applications plus sensationnelles est révélateur d’une tendance de fond.
Les chiffres qui impressionnent déjà
Malgré son jeune âge, Momo Self Care affiche des métriques encourageantes. Les utilisateurs ont déjà créé plus de 2 millions de tâches sur la plateforme. Les habitudes les plus populaires tournent autour de trois grands thèmes :
- La productivité (gestion du temps, focus)
- La spiritualité (prière, gratitude)
- La pleine conscience (méditation, respiration)
Ces données montrent que l’app touche une corde sensible chez ceux qui cherchent à améliorer leur quotidien de façon durable, loin des solutions miracles ou des challenges extrêmes souvent promus sur les réseaux sociaux.
En comparaison, des applications comme Focus Friend avaient déjà prouvé l’efficacité de la gamification pour la concentration. Momo va plus loin en ajoutant une dimension émotionnelle forte grâce à son personnage attachant.
L’essor des compagnons IA : opportunité ou risque ?
Avec l’explosion de ChatGPT, Claude ou encore Grok, les interactions humain-IA deviennent quotidiennes. Les compagnons virtuels se multiplient : amis, coachs, thérapeutes… Mais cette tendance soulève des questions légitimes. Peut-on développer une dépendance excessive ? Ces relations artificielles peuvent-elles nuire aux interactions réelles ?
Besart Çopa est conscient de ces débats. Il préfère voir le verre à moitié plein :
« Nous sommes heureux que tant de fondateurs et startups travaillent dans l’espace du bien-être et self-care avec l’IA plutôt que de construire des waifus. »
– Besart Çopa
La référence aux « waifus » (personnages féminins sexualisés issus de la culture anime) est claire : mieux vaut canaliser la puissance de l’IA vers des usages positifs et constructifs.
First Voyage a d’ailleurs intégré des guardrails de sécurité robustes : filtres de prompts, limitations pour éviter les conversations inappropriées. Une démarche responsable qui devrait rassurer les parents et les utilisateurs soucieux d’éthique.
Pourquoi la gamification marche si bien pour les habitudes
La science derrière Momo n’est pas nouvelle. Depuis des années, les chercheurs en psychologie comportementale montrent que la gamification augmente significativement l’adhésion aux nouvelles habitudes. Quelques mécanismes clés expliquent ce succès :
- Récompenses immédiates : les pièces gagnées procurent une satisfaction dopaminergique rapide
- Personnification : on se sent responsable du bien-être de Momo, ce qui crée un lien émotionnel
- Progression visible : voir son animal évoluer motive à continuer
- Social proof indirect : savoir que des millions d’autres utilisateurs créent des tâches renforce l’effet communauté
Ces éléments combinés rendent l’expérience addictive au bon sens du terme : on revient non pas par contrainte, mais par plaisir.
Des études comme celle de Duolingo (qui utilise aussi un animal mascotte) montrent des taux de rétention bien supérieurs aux apps classiques de learning. Momo applique la même recette au développement personnel global.
Le marché du bien-être digital en pleine explosion
Le secteur des applications de santé mentale et bien-être pèse déjà des milliards de dollars et croît à deux chiffres chaque année. La pandémie a accéléré cette tendance : plus de solitude, plus de stress, plus de besoin d’outils accessibles.
Momo arrive au bon moment avec une proposition différenciante. Contrairement à Calm ou Headspace (axés méditation guidée payante), ou à Habitica (gamification pure mais sans IA émotionnelle), Momo combine :
- Gamification avancée
- Compagnon IA conversationnel
- Gratuité de base avec personnalisation
- Focus sur la relation bidirectionnelle
Cette recette pourrait bien séduire une génération habituée aux animaux virtuels (Tamagotchi, Nintendogs, Pokémon GO) et désormais rompue aux chatbots IA.
Les défis à venir pour First Voyage
Malgré l’enthousiasme, plusieurs challenges attendent l’équipe :
- Monétisation durable : achats in-app ? Abonnement premium ? Trouver le bon équilibre pour ne pas frustrer les utilisateurs
- Différenciation continue : avec l’arrivée probable de concurrents (y compris des géants), innover constamment
- Réglementation : les apps de santé mentale pourraient faire l’objet de contrôles plus stricts
- Retention long terme : éviter l’effet « nouvelle app » où l’enthousiasme retombe après quelques semaines
Mais avec 2,5 millions en caisse et une vision claire, First Voyage a les moyens de ses ambitions.
Ce que cela nous dit sur l’avenir de l’IA grand public
L’histoire de Momo illustre une tendance majeure : l’IA sort des outils productivité purs pour investir la sphère intime et émotionnelle. Les prochains hits ne seront pas forcément les plus techniques, mais ceux qui sauront créer du lien affectif.
Comme le dit Besart Çopa, les relations humain-IA vont se multiplier. La question n’est plus « si » mais « comment » : avec quelles valeurs ? Quelles limites ? Quel impact sur notre bien-être réel ?
En choisissant le camp du self-care positif et responsable, First Voyage pose un jalon intéressant. Peut-être que Momo n’est que le début d’une vague d’applications qui utiliseront l’IA non pas pour nous distraire ou nous vendre plus, mais pour nous aider à devenir de meilleures versions de nous-mêmes.
Une chose est sûre : dans les mois à venir, nous allons entendre beaucoup parler de ce petit compagnon virtuel. Et peut-être qu’un jour, prendre soin de soi passera inévitablement par prendre soin d’un adorable Momo sur son smartphone.
(Article basé sur les informations publiées par TechCrunch le 15 décembre 2025)






