FlatPay : La Fintech Danoise Devient Licorne

Imaginez un commerçant qui paie encore 2,5 % + 0,25 € par transaction alors qu’un simple forfait tout compris pourrait diviser sa facture par deux. C’est exactement le pari qu’a fait une startup danoise fondée il y a seulement trois ans et qui vient, le 16 novembre 2025, de franchir le cap symbolique du milliard de dollars de valorisation. FlatPay n’est plus une promesse : c’est désormais une licorne européenne qui fait trembler les géants des paiements. Et le plus fou ? Elle n’a pas fini de grandir.

De 0 à 60 000 clients en pleine tempête fintech

En avril 2024, FlatPay comptait 7 000 commerçants. Huit mois plus tard, ils sont 60 000. Ce n’est pas une croissance : c’est une explosion. Derrière ces chiffres se cache une proposition de valeur d’une simplicité désarmante : un taux unique, sans frais cachés, sans abonnement mensuel, sans surprise. Le commerçant sait exactement ce qu’il paiera, peu importe le volume ou le type de carte.

Dans un marché où Stripe, SumUp, Adyen ou PayPal se battent sur la sophistication technique, FlatPay a choisi l’exact opposé : la transparence absolue. Et ça marche. Terriblement bien.

« Nous avons dépassé les 100 millions d’euros d’ARR en octobre, et nous ajoutons près d’un million d’euros par jour. »

– Sander Janca-Jensen, CEO et cofondateur de FlatPay

Cette phrase, lâchée presque nonchalamment à TechCrunch, donne le vertige. Atteindre 100 M€ d’ARR en trois ans place FlatPay dans une catégorie extrêmement rare, même parmi les licornes.

Une levée de 145 millions d’euros pour accélérer encore

Pour financer cette hypercroissance (l’entreprise reste non rentable, volontairement), FlatPay vient de boucler un tour de table de 145 millions d’euros. Les investisseurs ? AVP Growth, Smash Capital et Dawn Capital, déjà présent au tour précédent. On note aussi la présence discrète mais symbolique de Mario Götze au Series B – oui, le footballeur.

Cette nouvelle valorisation à 1,5 milliard d’euros (environ 1,75 milliard de dollars) consacre FlatPay comme l’une des fintech européennes les plus rapides de l’histoire récente.

Objectif annoncé pour 2026 ? Multiplier l’ARR par quatre et atteindre entre 400 et 500 millions d’euros. Autant dire que les investisseurs parient sur une trajectoire à la Revolut ou Klarna des grandes années.

Le secret : vendre en personne, comme au bon vieux temps

À l’heure où tout le monde parle d’acquisition digitale à bas coût, FlatPay fait exactement l’inverse : elle envoie des commerciaux en porte-à-porte, mallette à la main, avec terminal de démonstration et stylo pour signer sur place.

Oui, vous avez bien lu. En 2025, une licorne fintech vend encore à l’ancienne.

Mais cette approche n’a rien de nostalgique : elle est calculée. Le commerçant de quartier n’a ni le temps ni l’envie de comparer 15 offres en ligne. Il veut qu’on lui explique simplement, qu’on lui montre que ça marche, et qu’on reparte en le laissant prêt à encaisser. FlatPay appelle ça être « ready to go ».

Résultat : un coût d’acquisition plus élevé que la moyenne, mais une vitesse de conquête du marché inégalée et un churn extrêmement bas. Quand on comprend enfin combien on économise, on ne revient pas en arrière.

Les chiffres qui font tourner la tête

Pour bien mesurer l’ampleur du phénomène, voici quelques indicateurs clés :

  • Croissance clients : x8,5 en 19 mois
  • ARR : de probablement < 10 M€ début 2024 à 100 M€+ fin 2025
  • Croissance quotidienne : +1 M€ d’ARR par jour (soit +365 M€ annualisé)
  • Effectifs : 1 500 « flatpayers » aujourd’hui → objectif 3 000 fin 2026
  • Objectif 2029 : x10 sur le chiffre d’affaires et sur les effectifs

Ces objectifs peuvent paraître délirants. Ils ne le sont pas quand on regarde la trajectoire actuelle.

Un modèle qui défie les tendances du moment

On nous répète que 2025 est l’année de l’efficacité, de la rentabilité, de l’IA partout. FlatPay fait exactement le contraire :

  • Elle embauche massivement (1 500 personnes pour 100 M€ d’ARR, c’est énorme)
  • Elle privilégie le contact humain plutôt que l’automatisation totale
  • Elle reste délibérément non rentable pour investir dans la croissance

Et pourtant, les investisseurs adorent. Pourquoi ? Parce que dans les paiements, le winner-takes-most est une réalité brutale. Celui qui prend 20-30 % de parts de marché dans un pays devient quasi impossible à déloger grâce aux effets réseau et à la fidélité des commerçants.

Prochains terrains de jeu : Pays-Bas et au-delà

FlatPay est déjà présent au Danemark (son marché domestique), en Finlande, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie… et en France. Les offres d’emploi trahissent la prochaine cible : les Pays-Bas semblent en pole position.

Mais le véritable enjeu est ailleurs : transformer FlatPay d’un simple acquéreur de paiements en véritable banque pour commerçants. Cartes professionnelles, comptes dédiés, crédit de trésorerie… tout est sur la feuille de route.

Comme le dit Sander Janca-Jensen : « On veut que les commerçants mangent l’éléphant bouchée par bouchée. » Traduction : ajouter les services progressivement, sans jamais compliquer l’expérience.

Et l’IA dans tout ça ?

Non, FlatPay n’a pas succombé à la mode du « AI-first » dans son discours. Mais elle l’utilise déjà :

  • Fonctionnalités en temps réel (détection de fraude, analytics)
  • Expérimentations avec des agents vocaux IA pour le support
  • Automatisation interne massive (même si le client final ne le voit pas)

L’IA est là, mais au service du commerçant, pas comme argument marketing. C’est rafraîchissant.

Ce que cela nous dit sur l’état du marché fintech en 2025

L’histoire de FlatPay est fascinante parce qu’elle contredit beaucoup d’idées reçues :

Oui, il reste encore d’énormes opportunités dans les paiements, même en Europe, même en 2025.

Non, il n’est pas obligatoire d’être 100 % digital pour scaler à la vitesse de la lumière.

Oui, les investisseurs sont prêts à financer des modèles « old-school » s’ils démontrent une traction exceptionnelle.

Et surtout : les PME représentent encore un océan bleu en Europe. 99 % des entreprises ont moins de 10 salariés. Elles sont mal servies, mal comprises, et prêtes à changer si on leur parle simplement.

Conclusion : une licorne à suivre de très près

FlatPay n’est pas seulement une nouvelle licorne. C’est la preuve qu’en 2025, il est encore possible de créer un géant européen en partant d’un pays de 6 millions d’habitants, avec une idée simple et une exécution sans compromis.

Si la trajectoire se maintient, on parlera dans quelques années de FlatPay comme on parle aujourd’hui d’Adyen ou de Klarna. Et peut-être même que certains des géants actuels regarderont avec inquiétude cette mallette que l’on pose sur le comptoir des petits commerçants, partout en Europe.

Une chose est sûre : le paiement par carte n’a pas fini de vivre sa révolution. Et cette fois, elle vient du Nord.

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