Un séisme frappe l’industrie indienne de l’énergie solaire. Gautam Adani, puissant magnat des affaires et l’une des plus grandes fortunes d’Asie, ainsi que plusieurs hauts dirigeants de son conglomérat Adani Group, font face à de graves accusations. Un acte d’accusation révélé mercredi les accuse d’avoir orchestré un vaste système de pots-de-vin de plus de 250 millions de dollars auprès de responsables gouvernementaux indiens. L’objectif : décrocher des contrats pour un mégaprojet solaire de 12 gigawatts, l’un des plus ambitieux au monde.
Un scandale qui ébranle un empire
Gautam Adani, 60 ans, préside aux destinées d’un véritable empire industriel en Inde. Ports, mines, aéroports, immobilier… Peu de secteurs échappent au groupe Adani, qui s’est aussi imposé comme un acteur majeur des énergies renouvelables. Proche du Premier ministre Narendra Modi, Adani a vu sa fortune exploser ces dernières années, devenant l’homme le plus riche d’Asie. Mais ce succès fulgurant suscitait des interrogations. En janvier 2023, le fonds activiste américain Hindenburg Research publiait un rapport retentissant, accusant le conglomérat de « la plus grande fraude de l’histoire des entreprises ». Adani Group avait vivement nié, mais sa capitalisation boursière et la fortune de son fondateur ont fondu.
Les accusés ont orchestré un schéma élaboré pour soudoyer des responsables du gouvernement indien afin d’obtenir des contrats d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.
Breon Peace, procureur américain
Des pots-de-vin pour un mégaprojet solaire
Les nouvelles accusations portées par la justice américaine donnent une tout autre dimension au scandale. Selon l’acte d’accusation, Gautam Adani et son neveu Sagar Adani auraient versé des pots-de-vin massifs, avec la complicité de plusieurs cadres du groupe, pour remporter un contrat pharaonique : la construction d’un parc solaire de 12 gigawatts, présenté comme l’un des plus grands au monde.
Pour financer ce projet, le groupe aurait levé 175 millions de dollars auprès d’investisseurs américains, en leur cachant l’existence du système de corruption. Ces fonds étaient censés financer un projet propre et vertueux, mais auraient en réalité servi à graisser les rouages de l’administration indienne. Les dirigeants sont poursuivis pour conspirations en vue de commettre une fraude, fraude en matière de valeurs mobilières et de virements électroniques.
L’Inde et ses mégaprojets d’énergie verte dans la tourmente
Ce scandale de corruption jette une ombre sur les ambitions de l’Inde en matière d’énergie solaire. Le pays s’est fixé pour objectif d’atteindre 100 GW de capacités solaires d’ici 2022, et 450 GW d’énergies renouvelables d’ici 2030. Un effort colossal pour ce géant de 1,3 milliard d’habitants, 3e émetteur mondial de gaz à effet de serre, qui doit verdir en urgence son mix énergétique dominé par le charbon.
L’affaire Adani risque de refroidir les investisseurs étrangers, pourtant essentiels pour financer la transition énergétique indienne. Elle révèle l’ampleur de la corruption qui gangrène encore ce secteur stratégique et les chantiers pharaoniques lancés par New Delhi.
Les enjeux sont immenses pour l’Inde, qui doit à la fois répondre aux besoins énergétiques croissants de sa population et honorer ses engagements climatiques. Un défi colossal qui passera par davantage de transparence et une gouvernance renforcée, pour ne pas revivre le séisme Adani.
- L’un des hommes les plus riches d’Asie inculpé dans un scandale de pots-de-vin
- 250 millions de dollars de pots-de-vin présumés pour un mégaprojet solaire indien
- Un coup dur pour les ambitions vertes de l’Inde et la réputation d’Adani Group