General Catalyst s’apprête à investir dans une startup saoudienne pour la première fois

Malgré le bilan controversé de l’Arabie Saoudite en matière de droits de l’homme, certains investisseurs se réchauffent à l’idée d’investir dans les startups du pays. Selon un rapport de The Information, le fonds de capital-risque américain General Catalyst envisage d’investir dans Lean Technology, une startup fintech basée en Arabie Saoudite. Si l’accord se concrétise, il s’agira du premier investissement de la société dans le royaume du Golfe.

Un intérêt croissant pour les startups saoudiennes

General Catalyst n’est pas le seul investisseur américain à s’intéresser aux startups saoudiennes ces derniers temps. L’année dernière, Coatue Management a investi dans Tamara, une plateforme de prêt saoudienne. Et bien qu’il ne s’agisse pas d’un investissement direct, Flow, une startup de coliving soutenue par a16z et fondée par Adam Neumann, a ouvert un complexe d’appartements à Riyad, la capitale saoudienne.

Cet intérêt accru pour l’écosystème des startups saoudiennes semble en partie lié aux efforts du fonds d’investissement souverain du pays, le Public Investment Fund (PIF). Selon son site web, le bras venture du PIF, Sanabil Investments, a soutenu plusieurs sociétés de capital-risque américaines, dont a16z, Craft Ventures et Insight Partners, dans le but apparent que ces sociétés investissent à leur tour dans des startups du Moyen-Orient.

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord regorge d’opportunités inexploitées et nous pensons que le moment est venu d’y développer un écosystème de capital-risque dynamique.

– Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Public Investment Fund saoudien

Les défis de l’investissement en Arabie Saoudite

Malgré ces développements enthousiasmants, investir en Arabie Saoudite présente des défis uniques pour les sociétés de capital-risque occidentales. Le bilan du pays en matière de droits de l’homme reste une préoccupation majeure, avec des restrictions sévères sur la liberté d’expression, les droits des femmes et ceux de la communauté LGBTQ+. L’implication du gouvernement saoudien dans le meurtre brutal du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 a également soulevé de sérieuses questions quant aux risques de s’associer de trop près au royaume.

De plus, le marché saoudien présente des particularités réglementaires et culturelles qui peuvent compliquer les choses pour les investisseurs étrangers. Naviguer dans le système juridique saoudien et se conformer aux réglementations locales peut s’avérer complexe et chronophage. Les différences culturelles peuvent également entraîner des malentendus et des frictions dans les relations entre investisseurs et startups.

Peser les risques et les opportunités

Malgré ces défis, de nombreux investisseurs estiment que les opportunités offertes par le marché saoudien en pleine expansion valent la peine de prendre des risques calculés. Avec une population jeune et connectée, un PIB élevé et des initiatives gouvernementales ambitieuses comme Vision 2030 qui visent à diversifier l’économie au-delà du pétrole, l’Arabie saoudite présente un potentiel de croissance significatif pour les startups technologiques.

Pour les sociétés de capital-risque comme General Catalyst, investir judicieusement dans des startups saoudiennes prometteuses pourrait ouvrir la voie à des rendements substantiels, tout en contribuant au développement de l’écosystème technologique de la région. Cependant, elles devront veiller à atténuer soigneusement les risques, à aligner leurs valeurs avec leurs décisions d’investissement et à maintenir des normes éthiques élevées dans toutes leurs opérations.

  • Évaluer de manière exhaustive les risques légaux, réglementaires et de réputation
  • Établir des critères d’investissement ESG robustes
  • Engager un dialogue ouvert avec les parties prenantes sur les préoccupations éthiques

Un pari stratégique pour General Catalyst

Si General Catalyst décide finalement d’aller de l’avant avec son investissement dans Lean Technology, cela enverra un signal fort sur son appétit pour l’expansion internationale et sa volonté de parier sur des marchés émergents à haut potentiel mais comportant également des risques élevés. Étant donné la trajectoire de croissance fulgurante de nombreuses startups saoudiennes ces dernières années, de tels paris pourraient rapporter gros à la société à long terme.

Cependant, en tant que l’un des premiers grands fonds de capital-risque américains à s’aventurer en Arabie saoudite, General Catalyst sera sans aucun doute soumis à un examen minutieux quant à la manière dont il navigue dans le paysage politique et réglementaire complexe du pays. Sa capacité à équilibrer les opportunités de croissance et les impératifs éthiques façonnera non seulement ses propres résultats, mais servira également de modèle aux autres investisseurs qui envisagent de suivre son exemple.

À mesure que de plus en plus de sociétés de capital-risque occidentales tournent leur attention vers le Moyen-Orient, l’investissement prévu de General Catalyst dans Lean Technology sera observé de près comme un test décisif pour le potentiel et les pièges du marché saoudien des startups. Que l’accord aboutisse ou non, il est clair que l’Arabie saoudite est devenue un front incontournable dans la course mondiale aux prochains géants de la technologie.

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