Imaginez ouvrir votre téléphone le matin et tomber, avant même votre café, sur une « actualité » qui annonce que le Bitcoin vient de passer à 500 000 $… ou que votre ville va instaurer un couvre-feu permanent. Vous cliquez, vous partagez, vos amis paniquent. Sauf que c’est totalement faux. Ce scénario n’est plus de la science-fiction : c’est le quotidien de millions d’utilisateurs de Google Discover depuis deux ans.
Et le pire ? Ces contenus pourris génèrent parfois des millions de vues et des milliers d’euros de publicité chaque jour pendant que les médias sérieux perdent du terrain. Mais ça y est : Google a enfin sorti le carton rouge. On fait le point complet sur ce qui se passe, pourquoi c’est une révolution pour le trafic organique et surtout comment vous, startup, média ou créateur de contenu, pouvez sortir gagnant de cette tempête.
Discover n’est pas Google News… et c’est bien le problème
Petit rappel pour ceux qui découvrent : Google Discover n’a jamais été conçu comme un agrégateur d’actualités vérifiées. C’est un flux personnalisé qui pousse n’importe quel contenu du web ouvert dès lors qu’il semble correspondre à vos centres d’intérêt. Résultat ? Aucun fact-checking humain, aucun label « presse », juste un algorithme qui regarde l’engagement, la fraîcheur et les signaux techniques.
Et les spammeurs l’ont très bien compris. Pendant que les rédactions traditionnelles passent des heures à vérifier leurs sources, des « usines à contenu » produisent en quelques minutes des articles 100 % faux mais techniquement parfaits : temps de chargement éclair, images en 1200 px, titres ultra-cliquables, domaines avec historique… Tout ce que l’algo adore.
Conséquence chiffrée : au Royaume-Uni, certains de ces articles bidons ont été vus par plus de 3 millions d’utilisateurs en une seule journée. Un autre, prétendant un changement de règle sur les tickets de bus londoniens, a touché 1,85 million de personnes. Autant de place volée aux contenus légitimes.
La recette magique des « sites Discoger » (et pourquoi elle marche encore en 2025)
Derrière chaque pic de faux contenu, il y a une méthode rodée et presque industrielle. Voici, sans filtre, comment ils font :
- Achat massif de domaines expirés (anciens sites d’écoles, mairies, associations) → historique propre et trust immédiat
- Installation express d’un thème ultra-optimisé Core Web Vitals (souvent GeneratePress ou Kadence + cache agressif)
- Génération IA de 800-1200 mots sur un sujet trending (via GPT-4o ou Claude 3.5 + réécriture humaine légère)
- Titres putaclics mais « plausibles » + images 16:9 volées ou créées sur Midjourney
- Boost artificiel les 2-3 premières heures : groupes Facebook, push Telegram, achat de trafic pop-under à 0,0001 € le visiteur
- Déclenchement de la fameuse « spark » : l’algo voit un engagement explosif → propulse l’article à des millions d’utilisateurs
Coût total de l’opération ? Moins de 200 €. Revenus Adsense + affilié sur un gros coup ? Parfois plus de 10 000 € en 48 h. Vous comprenez pourquoi des réseaux entiers se sont montés en Asie du Sud-Est et en Europe de l’Est.
Google passe enfin à l’action : ce qu’on sait du grand ménage
Novembre 2025 marque un tournant. Pour la première fois, Google a reconnu publiquement que ces pratiques « exploitent des failles spécifiques à Discover » et a confirmé qu’un correctif majeur est en cours de déploiement.
« Nous travaillons activement sur des améliorations qui ciblent précisément ce type de manipulation à grande échelle. »
– Équipe Google Discover, novembre 2025
Concrètement, voici les axes qui circulent (sources : conférences Search Central et déclarations officieuses) :
- Détection automatique des domaines expirés réactivés brutalement
- Pénalité temporaire (6 à 12 mois) pour tout domaine racheté et remis en ligne trop vite
- Analyse sémantique renforcée : cohérence factuelle, recoupement avec des bases de connaissances tierces
- Seuil minimal d’autorité (E-E-A-T poussé) pour apparaître dans le flux
- Détection des pics de trafic artificiels (ratio rebond + temps passé + provenance)
Le déploiement a commencé en douceur aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les retours des webmasters sont déjà violents : certains « sites Discoger » ont perdu 99 % de leur trafic Discover du jour au lendemain.
Pourquoi cette mise à jour fait trembler tout l’écosystème
Parce que Discover n’est plus un petit bonus. C’est devenu, pour beaucoup, la première source de trafic organique sur mobile.
Quelques chiffres qui font mal :
- Fin 2024, Reach PLC (Mirror, Express) annonçait que Discover représentait plus de 50 % de son trafic mobile
- Chartbeat estimait que 66 % du trafic Google vers les grands médias provenait de Discover
- Certaines startups médias (tutoriels, finance perso, santé) faisaient jusqu’à 80 % de leurs visites via ce flux
Quand le robinet Discover se ferme pour les spammeurs, il s’ouvre en grand pour les sites légitimes… à condition d’être prêt.
Comment préparer votre site dès aujourd’hui (check-list 2025)
Pas de panique : il y a des actions concrètes et immédiates à mettre en place. Voici la to-do list que j’applique moi-même à mes clients SaaS et médias :
- E-E-A-T au max : page auteur complète (photo, bio, LinkedIn), page À propos transparente, mentions légales à jour
- Core Web Vitals parfaits : LCP < 1,5 s, CLS < 0,05, INP < 100 ms (testez sur PageSpeed Insights en mode mobile)
- Cohérence thématique absolue : Discover adore les sites ultra-spécialisés. Si vous parlez crypto, IA et cuisine, préparez-vous à souffrir
- Titres factuels mais sexy : exit le « Vous ne devinerez jamais… », bonjour « Bitcoin : pourquoi les ETF spot changent tout en 2025 »
- Images larges et optimisées : minimum 1200 px de large, format WebP, alt descriptif
- Fréquence de publication régulière : 3 à 5 articles/semaine sur la même verticale = signal fort
- Schéma Article + NewsArticle bien implémenté (datePublished, author, publisher, image…)
Les scénarios possibles pour 2026
Option 1 – Le grand ménage réussit : 80 % des sites spam disparaissent, les médias et blogs de qualité récupèrent des centaines de milliers de visites mensuelles. Jackpot pour ceux qui ont joué propre dès le début.
Option 2 – Les spammeurs s’adaptent (encore) : nouveaux réseaux de PBN, faux profils auteur avec historique LinkedIn, trafic « organique » via TikTok et Reddit… La guerre continue.
Option 3 – Google durcit trop : seuils d’autorité tellement élevés que seuls les gros médias et sites institutionnels passent. Les indépendants et startups trinquent. Scénario noir mais peu probable.
Mon pari ? On va vers l’option 1 + un peu d’option 2. Google a trop à perdre en crédibilité pour laisser pourrir Discover plus longtemps.
Conclusion : l’opportunité du siècle pour les créateurs sérieux
Oui, cette mise à jour fait peur. Oui, certains vont perdre 90 % de leur trafic du jour au lendemain. Mais pour tous ceux qui produisent du contenu de qualité, respectent l’utilisateur et construisent une vraie marque, c’est Noël avant l’heure.
Discover représente encore des dizaines de milliards de vues par mois. Quand le bruit disparaît, la musique reste. Et là, c’est votre tour de jouer.
Alors on arrête de regarder les spammeurs avec envie. On retrousse les manches, on nettoie son site, on produit le meilleur contenu possible. Parce que 2026, ça va être l’année où les vrais gagnent.







