Imaginez vous réveiller un matin et découvrir que Google Maps a renommé un lieu emblématique près de chez vous. C’est ce qui va bientôt arriver aux 129 millions d’utilisateurs mexicains de Google Maps, qui verront le golfe du Mexique rebaptisé « golfe d’Amérique » du jour au lendemain. Une décision unilatérale de l’administration Trump qui ne manque pas de faire des vagues.
Trump ordonne, Google s’exécute
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a signé un décret présidentiel changeant les noms de plusieurs sites géographiques américains, dont le golfe du Mexique. Cette décision a été suivie d’une déclaration du Département de l’Intérieur américain, affirmant que les changements de noms étaient désormais officiels et que les organes géographiques du pays travaillaient « avec diligence » pour appliquer l’ordre de Trump.
Face à cela, Google a annoncé lundi qu’il renommerait le golfe du Mexique et le mont Denali en Alaska dans Google Maps dès que la base de données cartographique officielle du gouvernement, le Système d’Information sur les Noms Géographiques (GNIS), serait mise à jour. Le géant technologique a déclaré avoir « une pratique de longue date consistant à appliquer les changements de nom lorsqu’ils ont été mis à jour dans les sources gouvernementales officielles ».
Un nouveau nom inédit : le « golfe d’Amérique »
Ainsi, le golfe du Mexique apparaîtra bientôt dans Google Maps sous le nom de « golfe d’Amérique » pour tous les utilisateurs américains. Un nom entièrement nouveau, créé de toutes pièces par l’administration Trump. Il en va de même pour le mont Denali en Alaska, point culminant d’Amérique du Nord, qui retrouvera son ancien nom de mont McKinley, en l’honneur du 25e président américain William McKinley.
Le changement de nom du mont Denali en mont McKinley se fait contre l’avis de certains sénateurs de l’Alaska, qui avaient obtenu gain de cause en 2015 sous Obama pour renommer le sommet Denali, son appellation originelle en langue athabaskane.
Noms à géométrie variable selon les pays
Mais tout le monde ne verra pas ces changements controversés. Selon un message de Google Maps sur les réseaux sociaux, les noms géographiques contestés entre différents pays apparaîtront sous le nom officiel de chaque pays pour ses citoyens. Autrement dit, le golfe du Mexique ne changera pas de nom pour les utilisateurs mexicains, dont la présidente Claudia Sheinbaum s’est moquée de Trump pour avoir suggéré une nouvelle appellation.
Dans les autres pays, Google Maps affichera côte à côte les noms américain et mexicain du golfe. Un casse-tête géopolitique pour la firme de Mountain View, qui doit jongler avec les susceptibilités de chaque nation.
- Les changements seront effectifs dans Google Maps quand la base de données GNIS sera mise à jour
- Pour l’instant, le GNIS mentionne toujours « golfe du Mexique » et « Denali »
- L’exécutif peut renommer des lieux par décret, sans passer par le Congrès
La carte, un instrument de pouvoir
Au-delà de l’anecdote, cette affaire est révélatrice de l’importance capitale des cartes et des noms géographiques dans l’exercice du pouvoir. En modifiant unilatéralement des appellations ancrées dans l’usage, Trump affirme la prééminence américaine, quitte à brusquer ses voisins.
Google, malgré sa puissance, n’a d’autre choix que de prendre acte et répercuter ces changements auprès des millions d’utilisateurs qui se fient chaque jour à Google Maps. Une situation inconfortable pour le groupe, tiraillé entre la volonté de proposer une information géographique universelle et objective, et la nécessité de se plier aux directives des autorités de chaque pays.
Une chose est sûre : cette histoire n’a pas fini de faire parler d’elle, et illustre une fois de plus les tensions entre technologie et géopolitique dans notre monde interconnecté. Affaire à suivre, sur Google Maps et ailleurs.