Malgré les sanctions américaines qui ont durement touché Huawei, le géant chinois des télécommunications a su rebondir de manière spectaculaire sur son marché domestique. Son système d’exploitation mobile alternatif, HarmonyOS, est en train de bouleverser le duopole iOS/Android en Chine, avec une part de marché atteignant désormais 16% au quatrième trimestre 2023.
Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle s’approche de celle d’Apple, qui détient environ 20% du parc mobile chinois avec iOS et ses iPhone. Au niveau mondial, HarmonyOS représente presque 4% des parts de marché, selon l’institut Counterpoint Research. Bien que ce chiffre soit encore loin des 74% d’Android, Huawei affiche une croissance constante depuis le lancement de son OS mobile.
Un exploit inédit dans l’histoire de la téléphonie mobile
Le succès de HarmonyOS est d’autant plus impressionnant que d’autres géants de la tech, comme Microsoft et BlackBerry, ont échoué par le passé à casser le duopole iOS/Android. Même Alibaba, le mastodonte chinois du e-commerce, n’a pas réussi à s’imposer face à ces deux leaders du marché mobile.
L’exploit réalisé par Huawei avec HarmonyOS est donc inédit dans l’histoire de la téléphonie mobile. Le constructeur chinois a su tirer son épingle du jeu malgré un contexte géopolitique défavorable et des sanctions américaines qui l’ont privé de composants clés et de partenariats stratégiques, comme celui avec Google pour Android.
Une plateforme qui attire de plus en plus de développeurs
Forte de son succès en Chine, la plateforme HarmonyOS attire un nombre croissant d’équipes de développement. Basé, comme Android, sur un noyau Linux, l’OS mobile de Huawei compterait déjà plus de 4000 applications compatibles. Un millier d’autres devraient arriver prochainement pour atteindre le seuil critique des 5000 applications.
Selon Huawei, ce chiffre couvrirait « 99% des usages mobiles », permettant ainsi au constructeur d’entamer sereinement son divorce définitif avec Android. Pour booster la popularité de son écosystème, Huawei a noué des partenariats avec plusieurs universités chinoises afin de former les développeurs à HarmonyOS.
Des promesses de protectionnisme économique
Au-delà de l’aspect technologique, le développement de HarmonyOS revêt aussi une dimension économique et politique. Huawei affirme que la création de logiciels pour son OS mobile pourrait générer plus de 3 millions d’emplois en Chine.
Ces promesses de protectionnisme économique sont de nature à séduire le gouvernement chinois, qui cherche à renforcer l’autonomie technologique du pays face aux pressions américaines. Huawei joue ainsi habilement la carte du patriotisme économique pour asseoir son leadership sur le marché mobile chinois.
Vers un fossé entre l’écosystème mobile chinois et le reste du monde ?
Le succès de HarmonyOS en Chine pourrait cependant creuser un fossé de plus en plus important entre l’écosystème mobile chinois et celui du reste du monde. Si Huawei parvient à imposer son OS sur son marché domestique, on pourrait assister à l’émergence de deux sphères technologiques distinctes, avec des applications et des services différents.
Cette fragmentation du marché mobile mondial pourrait avoir des conséquences sur l’innovation et la standardisation des technologies mobiles. Elle pourrait aussi compliquer la tâche des développeurs qui devront adapter leurs applications à des écosystèmes de plus en plus divergents.
Conclusion
La montée en puissance de HarmonyOS en Chine est un événement majeur dans l’histoire de la téléphonie mobile. Huawei a réussi un exploit inédit en parvenant à bousculer le duopole iOS/Android sur son marché domestique, malgré un contexte géopolitique défavorable.
Si cette success story est pour l’instant limitée à la Chine, elle pourrait avoir des répercussions sur le marché mobile mondial. L’émergence d’un troisième écosystème mobile d’envergure, porté par un acteur chinois, pourrait rebattre les cartes de la concurrence et de l’innovation dans ce secteur stratégique.
