Le groupe de télécommunications Iliad, fondé par l’entrepreneur Xavier Niel, a annoncé un ambitieux plan d’investissement de 2,5 milliards d’euros sur 10 ans dans sa filiale de centres de données Opcore. Cet effort conséquent vise à positionner l’entreprise comme un acteur majeur de l’hébergement des infrastructures nécessaires au développement de l’intelligence artificielle en Europe.
Un pari sur l’avenir de l’IA
L’essor fulgurant de l’IA ces dernières années, symbolisé par les prouesses des grands modèles de langage comme GPT, nécessite des capacités de calcul et de stockage massives. Les centres de données, véritables usines du numérique, sont au cœur de cette révolution technologique. Iliad l’a bien compris et compte bien en profiter en misant gros sur ces infrastructures critiques.
L’ambition d’Iliad, en termes de data centers, est à la taille de l’Europe
Thomas Reynaud, directeur général du groupe Iliad
L’atout de l’énergie décarbonée française
Si l’investissement d’Iliad se veut européen, la France devrait en être la principale bénéficiaire. Et pour cause, l’Hexagone dispose d’un avantage compétitif de taille : son mix énergétique largement décarboné grâce au nucléaire. Un argument de poids pour attirer ces infrastructures énergivores que sont les centres de données, à l’heure où la question environnementale est sur toutes les lèvres.
Le président Emmanuel Macron lui-même a vanté les mérites de l’énergie nucléaire française pour accueillir plus de data centers lors d’une table-ronde sur l’IA organisée en marge de Vivatech. Iliad surfe donc sur une tendance de fond en pariant sur une « IA souveraine » s’appuyant sur une infrastructure 100% européenne.
Iliad n’est pas seul sur le créneau
Mais la concurrence s’annonce rude face aux géants américains du cloud comme AWS, Microsoft Azure ou Google Cloud qui investissent aussi massivement dans de nouveaux centres de données aux quatre coins du globe. Iliad devra jouer la carte du « local » et de la maîtrise de la chaîne de valeur de bout en bout pour se différencier.
Le groupe dispose néanmoins de sérieux atouts, à commencer par sa bonne santé financière. Son chiffre d’affaires est en hausse de plus de 11% sur un an à 2,4 milliards d’euros et il vise la barre des 10 milliards en 2024. De quoi voir venir et financer ses ambitions dans l’IA et le cloud souverain.
Au-delà des data centers, un écosystème IA
L’investissement dans les centres de données n’est qu’une des facettes de la stratégie IA d’Iliad. Le groupe a aussi mis la main sur un supercalculateur Nvidia et financé à hauteur de 200 millions d’euros un laboratoire de recherche en IA fondamentale, Kyutai. Preuve qu’il ne compte pas se contenter d’héberger l’intelligence artificielle mais bien participer activement à son développement.
Avec ce pari sur l’IA et les data centers, Xavier Niel montre une nouvelle fois son flair et son goût du risque. Reste à transformer l’essai face à une concurrence mondiale féroce. Les prochaines années nous diront si Iliad aura réussi son pari de devenir un acteur incontournable de l’infrastructure de l’intelligence artificielle en Europe.
