Le marché immobilier de San Francisco n’en finit plus de surprendre. Dernière trouvaille en date : une maison en ruine, ravagée par les flammes, mise en vente pour la modique somme de 299 000$. Retour sur ce phénomène qui en dit long sur la folie des prix dans la ville.
San Francisco, ville la plus chère des États-Unis
Avec un prix médian avoisinant les 1,26 million de dollars, San Francisco détient le record de la ville la plus chère des États-Unis. Les raisons de cette flambée ? L’attrait de la Silicon Valley et l’afflux massif de tech workers aux salaires mirobolants, combinés à une pénurie chronique de logements.
San Francisco est devenue inabordable pour la plupart des Américains. Seuls les plus riches peuvent encore s’offrir un bout de ce rêve californien.
Michael Johnson, professeur d’économie à Berkeley
Une maison brûlée à 299 000$ : le summum de l’absurde
Mais le cas de cette maison en ruine mise en vente à 299 000$ pousse le bouchon encore plus loin. Située dans l’un des quartiers les plus au sud de la ville, cette « pépite à retaper » comme la décrit pudiquement l’agent immobilier, a attiré pas moins d’une vingtaine de visiteurs le week-end dernier.
Les potentiels acheteurs ont dû signer une décharge avant de pénétrer dans les décombres fumants. L’agent immobilier s’attend d’ailleurs à ce que le bien parte à un prix encore plus élevé que l’offre de départ. Bienvenue dans la folie immobilière façon San Francisco.
Des biens insalubres qui partent à prix d’or
Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Début 2022, avant le retour de nombreux travailleurs tech qui avaient fui la ville pendant la pandémie, une maison victorienne de 122 ans présentée comme « la pire baraque du meilleur quartier » s’était vendue près de 2 millions de dollars.
On en est réduit à s’arracher des taudis au prix de manoirs. C’est une vraie crise du logement qui profite aux plus riches.
Sarah Martinez, militante pour le droit au logement
Une bulle spéculative sur fond d’inégalités criantes
Ces ventes immobilières ubuesques mettent en lumière la bulle spéculative qui sévit à San Francisco, creusant un peu plus le fossé entre les ultra-riches de la tech et le reste de la population. Avec l’envolée des prix, de nombreux habitants historiques sont poussés vers l’exode, incapables de suivre la cadence infernale des loyers.
- Les loyers ont augmenté de 52% en 10 ans à San Francisco
- 30% des habitants consacrent plus de la moitié de leurs revenus au loyer
- On compte plus de 8 000 sans-abris dans les rues de San Francisco
Face à cette situation explosive, la municipalité tente de réagir en encadrant les loyers et en imposant des quotas de logements sociaux dans les nouvelles constructions. Mais face à l’appétit gargantuesque de l’immobilier local, difficile d’inverser la tendance. San Francisco restera-t-elle une ville réservée aux plus fortunés ?
Vers une prise de conscience collective ?
L’exemple de cette ruine brûlée vendue à prix d’or est peut-être le électrochoc dont la ville avait besoin. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette folie immobilière qui dévore San Francisco et chasse ses habitants. Associations, élus locaux et même certains acteurs de la tech appellent à un sursaut collectif.
Il est temps de repenser notre modèle de développement urbain. San Francisco ne peut pas sacrifier son âme sur l’autel de la spéculation immobilière.
London Breed, maire de San Francisco
Cette prise de conscience suffira-t-elle à faire retomber la fièvre des prix ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est certaine : San Francisco joue son avenir sur sa capacité à rester une ville diverse et accessible. Espérons que le message sera entendu avant qu’il ne soit trop tard.