Inde: La Suppression De La « Taxe Ange », Un Boost Pour Les Startups

L’Inde vient de franchir un pas de géant en faveur de son écosystème de startups. Le gouvernement fédéral a en effet décidé de supprimer la controversée « taxe ange » pour toutes les catégories d’investisseurs, une mesure qui était réclamée depuis des années par les entrepreneurs et les investisseurs du pays.

La fin d’un frein à l’investissement dans les startups indiennes

Introduite en 2012, la taxe ange a longtemps été une épine dans le pied des jeunes entreprises indiennes et de leurs soutiens financiers. Elle s’appliquait aux investissements dans les startups lorsque les valorisations dépassaient ce que les autorités fiscales considéraient comme la juste valeur du marché, un calcul qui entrait souvent en conflit avec les projections plus optimistes des investisseurs.

Le problème venait de la façon dont les différentes parties évaluaient les jeunes entreprises. Les investisseurs utilisent généralement des méthodes d’actualisation des flux de trésorerie, en pariant sur le potentiel futur. Les autorités fiscales, en revanche, se basaient sur la valeur actuelle, généralement faible pour les startups en phase de démarrage. Ce décalage entraînait des maux de tête pour les fondateurs cherchant à lever des fonds.

Pour renforcer l’écosystème des startups en Inde, stimuler l’esprit d’entreprise et soutenir l’innovation, je propose d’abolir la taxe ange pour toutes les catégories d’investisseurs.

– Nirmala Sitharaman, Ministre des Finances de l’Inde

Un lobbying de longue haleine qui porte ses fruits

Pendant des années, des voix éminentes de l’écosystème startup indien se sont élevées contre cette taxe ange. Elles arguaient qu’elle étouffait les financements vitaux pour l’innovation. Le gouvernement indien avait tenté de simplifier la taxe en 2019, mais même la nouvelle structure n’offrait que des avantages limités pour l’écosystème.

La suppression pure et simple de cette taxe est donc une victoire majeure pour les startups indiennes et leurs investisseurs. Elle devrait fluidifier les levées de fonds et encourager davantage de capital-risqueurs à miser sur les pépites technologiques du pays.

D’autres mesures de soutien annoncées

Lors de son discours budgétaire, la ministre des Finances Nirmala Sitharaman a également annoncé que le gouvernement fédéral allait lancer un fonds de capital-risque de 120 millions de dollars pour stimuler la croissance de l’économie spatiale du pays. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de l’Inde de devenir un acteur majeur du New Space.

D’autres mesures de soutien à l’écosystème tech sont attendues dans les prochains mois, alors que le pays cherche à s’imposer comme un hub mondial de l’innovation. Avec une population jeune et connectée, un vivier de talents dans l’ingénierie et l’informatique, et un marché intérieur gigantesque, l’Inde a tous les atouts pour voir émerger ses propres géants technologiques.

Un signal fort envoyé aux investisseurs étrangers

Au-delà des startups nationales, la suppression de la taxe ange est aussi un message adressé aux investisseurs étrangers. Malgré un climat des affaires parfois complexe, l’Inde veut montrer qu’elle est ouverte et attractive pour les capitaux venus de l’étranger.

Ces dernières années, des fonds de la Silicon Valley comme Sequoia Capital ou Accel Partners ont massivement investi dans des startups indiennes, à l’image de Flipkart (racheté par Walmart) ou de Ola Cabs. Mais beaucoup jugent que ce n’est qu’un début au regard du potentiel du pays.

  • L’Inde compte plus de 50 000 startups, dont une centaine de licornes valorisées à plus d’1 milliard de dollars
  • L’écosystème tech indien a attiré 38,5 milliards de dollars d’investissements en 2022
  • Le gouvernement vise 150 milliards de dollars d’exportations de services informatiques d’ici 2025

Avec un vivier de talents de plus en plus important, formés dans les meilleures universités du pays comme les IIT, et une diaspora influente à l’étranger, en particulier dans la tech américaine, l’Inde a des atouts de poids pour séduire les investisseurs.

Quel impact attendre sur l’écosystème startup indien ?

À court terme, la suppression de la taxe ange devrait mécaniquement entraîner une augmentation des levées de fonds, en particulier pour les startups en phase d’amorçage. Les valorisations pourraient aussi grimper, les investisseurs incorporant cet avantage fiscal.

Mais les bénéfices devraient aller au-delà du seul aspect financier. En facilitant les investissements, cette mesure va encourager l’entrepreneuriat et l’innovation, en particulier chez les jeunes générations. Dans un pays où la création d’entreprise reste difficile malgré des progrès récents, c’est un signal important.

La suppression de la taxe ange devrait aussi profiter à tout l’écosystème qui gravite autour des startups : incubateurs, accélérateurs, espaces de coworking… En stimulant la création d’entreprises innovantes, c’est toute une dynamique vertueuse qui peut s’enclencher.

Des défis qui restent à relever

Si la fin de la taxe ange est une avancée majeure, l’écosystème startup indien fait encore face à de nombreux défis. Les lourdeurs administratives, les lacunes des infrastructures, la pénurie de talents dans certains domaines sont autant de freins à lever.

Le financement reste aussi un sujet épineux, en particulier pour les startups cherchant à passer à l’échelle. Si les premiers tours de table sont de plus en plus fournis, il est encore difficile de lever des montants supérieurs à quelques dizaines de millions de dollars en Inde. Beaucoup d’entrepreneurs sont contraints de s’exiler à Singapour ou aux États-Unis.

Enfin, la concurrence des géants étrangers de la tech est une donnée avec laquelle les startups indiennes doivent composer. Les GAFAM sont très implantés dans le pays et rendent difficile l’émergence de champions nationaux dans certains secteurs comme le e-commerce ou la recherche en ligne.

Malgré ces obstacles, la suppression de la taxe ange envoie un signal fort et positif à l’écosystème startup indien. C’est un pas dans la bonne direction pour libérer le potentiel entrepreneurial du pays et faire émerger des leaders technologiques qui rayonneront bien au-delà des frontières de l’Inde.

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