inDrive : Vers un Super App Global Innovant

Saviez-vous qu’une application initialement conçue pour révolutionner le covoiturage pourrait bientôt transformer la manière dont nous faisons nos courses ou gérons nos finances ? inDrive, célèbre pour son modèle de covoiturage basé sur les enchères, se lance dans une aventure audacieuse : devenir un super app global, en intégrant des services variés, de la livraison de courses aux services financiers, avec un focus particulier sur les marchés émergents. Cette stratégie, qui pourrait sembler ambitieuse face à des géants comme Uber ou WeChat, repose sur une vision claire : répondre aux besoins spécifiques des consommateurs dans des régions souvent négligées par les grandes plateformes. Plongeons dans cette transformation fascinante et explorons comment inDrive redéfinit les règles du jeu.

Des origines du ride-hailing à une ambition globale

Lancée en 2012, inDrive s’est imposée comme une alternative unique dans le secteur du covoiturage grâce à son modèle d’enchères, permettant aux utilisateurs de négocier directement les tarifs avec les chauffeurs. Avec plus de 360 millions de téléchargements et 6,5 milliards de transactions à son actif, l’application est devenue la deuxième plus téléchargée au monde dans sa catégorie, juste derrière Uber. Présente dans 982 villes à travers 48 pays, elle domine déjà huit marchés, notamment en Asie et en Amérique latine. Mais l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. En s’appuyant sur sa forte croissance, elle vise à devenir une plateforme tout-en-un, capable de répondre à une multitude de besoins quotidiens.

Pourquoi cette transition ? Selon Andries Smit, directeur de la croissance chez inDrive, l’objectif est clair : augmenter la fréquence d’utilisation de l’application pour renforcer la fidélité des utilisateurs.

Si les clients utilisent votre application plus souvent, ils restent plus longtemps, deviennent plus précieux pour l’écosystème et sont globalement plus loyaux.

– Andries Smit, Chief Growth Business Officer chez inDrive

Cette logique s’appuie sur une observation simple : un utilisateur qui trouve plusieurs services au sein d’une même application est moins susceptible de se tourner vers la concurrence. Cette stratégie, bien que risquée, pourrait permettre à inDrive de se démarquer dans un secteur ultra-concurrentiel.

Pourquoi commencer par la livraison de courses ?

Pour amorcer son virage vers le super app, inDrive a choisi de se lancer dans la livraison de courses, un secteur en pleine expansion. En 2024, l’entreprise a enregistré plus de 41 millions de commandes dans son segment de livraison, dont 14 millions au deuxième trimestre 2025. Ce succès a conduit au lancement d’un service pilote de livraison de courses au Kazakhstan, où inDrive propose plus de 5 000 produits avec une promesse de livraison en 15 minutes. Ce choix n’est pas anodin : le Kazakhstan, plus grande économie d’Asie centrale, connaît une adoption massive des services numériques, ce qui en fait un terrain d’expérimentation idéal.

Le modèle repose sur des dark stores, des entrepôts dédiés à la préparation rapide des commandes. Environ 90 % des produits proposés sont des plats prêts à consommer, tandis que 10 % sont des produits frais. Cette approche a déjà porté ses fruits, avec un net promoter score de 83 % et une moyenne de cinq commandes mensuelles par utilisateur. Mais inDrive ne s’arrête pas là : l’entreprise a augmenté de 30 % le nombre de ses dark stores depuis août, signe de son engagement à scaler rapidement.

Les avantages de cette stratégie incluent :

  • Une réponse rapide aux besoins des consommateurs grâce à des délais de livraison ultra-courts.
  • Une offre axée sur la commodité avec des produits prêts à consommer.
  • Une personnalisation accrue grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle pour optimiser l’expérience utilisateur.

Le Kazakhstan : un choix stratégique

Pourquoi le Kazakhstan ? Ce choix peut sembler surprenant, mais il est loin d’être aléatoire. Le pays, qui abrite la plus grande économie d’Asie centrale, connaît une croissance fulgurante de son écosystème technologique, évalué à 26 milliards de dollars selon un rapport de Dealroom, soit une augmentation de 18 fois depuis 2019. inDrive y bénéficie d’une forte présence, avec un centre de R&D et une équipe importante sur place. De plus, le pays a vu une hausse significative de l’adoption des services numériques, offrant un terrain fertile pour tester de nouveaux services.

Contrairement à d’autres marchés où la concurrence est féroce, inDrive mise sur une stratégie de prix abordables pour séduire les consommateurs kazakhs, souvent sensibles aux coûts. Comme le souligne Smit :

Certains de nos consommateurs soucieux des coûts finissent par ne pas acheter dans les bons endroits ou ne pas acheter les bons produits, et ils le savent, mais ils estiment n’avoir pas d’autre choix.

– Andries Smit, Chief Growth Business Officer chez inDrive

En se positionnant comme une alternative économique, comparable à un Aldi des courses en ligne, inDrive cherche à capter une clientèle souvent négligée par les plateformes traditionnelles.

Un super app : une ambition risquée ?

Le concept de super app n’est pas nouveau. Des géants comme WeChat en Chine ou Gojek en Asie du Sud-Est ont réussi à intégrer une multitude de services dans une seule application, de la messagerie au paiement en passant par les livraisons. Cependant, d’autres, comme Meta, ont échoué à reproduire ce modèle. Alors, qu’est-ce qui rend inDrive confiant ?

Andries Smit, fort de son expérience chez WeChat, mise sur une combinaison d’intelligence artificielle et de personnalisation pour différencier inDrive. L’IA permettra d’adapter les services aux besoins spécifiques des utilisateurs, tout en améliorant l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ou celles ayant un faible niveau d’alphabétisation. Cette approche pourrait donner un avantage compétitif dans des marchés où la personnalisation est encore peu développée.

De plus, inDrive a lancé un fonds de 100 millions de dollars pour des investissements stratégiques et des acquisitions, dont 30 % ont déjà été déployés dans le développement du super app. Par exemple, l’entreprise a investi dans Krave Mart, une startup pakistanaise de livraison de courses, marquant une première étape vers l’expansion de ses services dans d’autres régions.

Les défis en Inde : un marché complexe

L’Inde représente un défi majeur pour inDrive. Malgré sa présence dans le pays, l’application peine à s’imposer face à des concurrents comme Uber, Ola et Rapido. Selon les données d’Appfigures, inDrive a enregistré une baisse de 22,6 % de ses téléchargements en 2025 par rapport à l’année précédente, tandis qu’Uber a progressé de 60,6 % et Rapido de 80,9 %.

Plusieurs obstacles expliquent cette situation. Tout d’abord, des préoccupations liées à la sécurité ont été soulevées par les utilisateurs, notamment en raison du modèle d’enchères qui peut être exploité par certains pour négocier de manière agressive. Smit reconnaît ces défis :

Oui, nous devons faire beaucoup plus pour parler de cette perception de la sécurité et pour former et éduquer nos chauffeurs et passagers.

– Andries Smit, Chief Growth Business Officer chez inDrive

Pour contrer ces difficultés, inDrive teste de nouveaux modèles, notamment dans le fret, et explore des mécanismes de paiement pour les chauffeurs, comme des versements quotidiens. L’entreprise se concentre également sur des villes clés pour renforcer sa présence.

Vers de nouveaux horizons : services financiers et micro-mobilité

Le projet de super app de inDrive ne s’arrête pas à la livraison de courses. L’entreprise envisage de se diversifier dans les services financiers, avec des prêts à petite échelle déjà proposés aux chauffeurs au Brésil et au Mexique. Ces services pourraient bientôt s’étendre aux passagers et aux petites entreprises impliquées dans les livraisons.

En parallèle, inDrive explore la micro-mobilité, un domaine qui pourrait inclure des connexions avec des commerces locaux ou des services de transport public. Cette approche, adaptée aux spécificités de chaque ville, vise à créer un écosystème intégré où les utilisateurs peuvent accéder à une multitude de services sans quitter l’application.

Les prochaines étapes incluent :

  • Lancement de services financiers pour les passagers et les petites entreprises.
  • Expansion dans la micro-mobilité pour connecter les utilisateurs aux transports locaux.
  • Partenariats avec des acteurs locaux pour accélérer le déploiement dans de nouveaux marchés.

Une stratégie centrée sur l’utilisateur

Ce qui distingue inDrive de ses concurrents, c’est son focus sur les consommateurs soucieux des coûts. Contrairement à Uber, qui cible souvent une clientèle urbaine aisée, inDrive s’adresse à une population souvent ignorée par les grandes plateformes. Cette stratégie est particulièrement pertinente dans les marchés émergents, où le pouvoir d’achat est limité et où l’accès à des services abordables peut faire une réelle différence.

En intégrant des technologies comme l’intelligence artificielle pour personnaliser l’expérience et en formant ses chauffeurs pour répondre aux préoccupations de sécurité, inDrive construit un modèle qui pourrait redéfinir les attentes des consommateurs dans ces régions.

Conclusion : un pari audacieux pour l’avenir

En se lançant dans la course au super app, inDrive prend un risque calculé. Si des géants comme WeChat ont prouvé que ce modèle peut fonctionner, d’autres ont échoué à cause d’une concurrence féroce ou d’une mauvaise exécution. Avec une stratégie centrée sur les marchés émergents, une utilisation intelligente de l’intelligence artificielle et une volonté de s’adapter aux besoins locaux, inDrive pourrait bien réussir là où d’autres ont trébuché. Reste à voir si l’entreprise parviendra à transformer cette vision en réalité, mais une chose est sûre : son ambition de devenir un acteur incontournable du numérique mondial est à surveiller de près.

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