L’année 2024 a été un véritable tournant pour le géant de l’automobile électrique Tesla. Malgré le lancement très attendu du Cybertruck, le constructeur a enregistré sa première baisse annuelle de livraisons depuis ses débuts. Une situation qui soulève des questions sur la capacité d’Elon Musk à maintenir la croissance effrénée qui a fait la réputation de l’entreprise.
Des livraisons en berne malgré le Cybertruck
Tesla a annoncé jeudi avoir livré 1,77 million de véhicules dans le monde en 2024, soit une baisse de 2,2% par rapport aux 1,81 million de 2023. Parmi ces livraisons, seulement 85 133 étaient des modèles que Tesla qualifie d’ »autres », incluant les Model S et X vieillissants ainsi que le Cybertruck.
Ce recul est d’autant plus notable que le Cybertruck, premier vrai nouveau modèle de Tesla depuis 2020, était censé donner un coup de fouet aux ventes. Mais force est de constater que le pick-up futuriste n’a pas réussi à compenser le fléchissement des autres modèles.
L’objectif des 50% de croissance annuelle s’éloigne
Cette baisse des livraisons tranche avec les années précédentes où Tesla et Elon Musk martelaient l’objectif d’une croissance annuelle de 50%. Un rythme que le constructeur peinait déjà à tenir ces derniers temps, malgré des baisses de prix massives et incessantes.
La chute de 2024 est la première fois que les ventes annuelles déclinent depuis que Tesla a commencé à livrer sa première voiture grand public, la Model S, en 2012.
Tesla avait pourtant prévenu les investisseurs début 2024 que la croissance pourrait être « nettement plus faible », se disant dans une phase « entre deux grandes vagues de croissance ». Une manière de tempérer les attentes après des années d’envolées boursières.
Recentrage sur le robotaxi au détriment des nouveaux modèles
En avril, Tesla a licencié plus de 10% de ses effectifs dans le cadre d’une restructuration visant à recentrer l’entreprise sur le projet de robotaxi 100% autonome, un serpent de mer promis de longue date par Musk. En parallèle, le constructeur a abandonné l’idée d’une voiture électrique à 25 000 dollars.
Les seuls autres nouveaux véhicules attendus à court terme sont de mystérieux modèles que Tesla dit vouloir produire sur ses lignes existantes. Ils devraient être moins chers que l’offre actuelle (qui démarre dans les 40 000 dollars), sans que l’on sache de combien.
L’action Tesla sous pression malgré le soutien de Musk à Trump
L’action Tesla, qui avait connu un rebond après le soutien affiché par Musk à Donald Trump lors de sa réélection en novembre, a chuté de 5,4% suite à l’annonce des livraisons décevantes.
Cela montre que même les prises de position politiques controversées du fantasque milliardaire ne suffisent plus à faire oublier les fondamentaux de l’entreprise. Les investisseurs attendent désormais des actes concrets pour relancer la machine Tesla, au-delà des effets d’annonce et des promesses futuristes.
Cybertruck : un lancement en demi-teinte
Le cas du Cybertruck illustre bien les difficultés actuelles de Tesla. Présenté en grande pompe fin 2019 avec des lignes dignes d’un film de science-fiction, le pick-up devait initialement entrer en production fin 2021. Mais les retards se sont accumulés, repoussant les premières livraisons à 2023.
Et si le Cybertruck suscite incontestablement la curiosité avec son look hors normes, ses ventes semblent pour l’instant loin des attentes. Un début timide qui pose question sur le réel potentiel de ce véhicule atypique au sein du très concurrentiel marché des pick-up aux États-Unis.
Vers la fin d’une ère ?
Avec cette première baisse de ses livraisons annuelles, Tesla semble arriver à la fin d’un cycle. Celui d’une croissance à tout va portée par un statut de pionnier de l’électrique et un Elon Musk survitaminé enchaînant les paris fous.
Mais à l’heure où les concurrents historiques montent en puissance et où l’électrique se banalise, le constructeur californien va devoir trouver de nouveaux relais. Le pari du robotaxi suffira-t-il à compenser l’érosion des ventes de ses modèles vieillissants ? L’avenir nous le dira. En attendant, Tesla n’a plus droit à l’erreur.
- Le Cybertruck peine à relancer les ventes de Tesla
- Première baisse annuelle des livraisons en 2024
- Des doutes sur la capacité d’Elon Musk à maintenir la croissance