C’est une rivalité qui n’a rien à envier aux plus grands duels de l’histoire. Kalshi et Polymarket, deux poids lourds des paris en ligne, se livrent une guerre sans merci. Dernier épisode en date : les révélations explosives du PDG de Kalshi sur un podcast, qui admet avoir demandé à des influenceurs de poster des mèmes négatifs sur son concurrent, suite à un raid du FBI au domicile du PDG de Polymarket. Bienvenue au Far West du pari événementiel.
Polymarket dans le viseur du FBI
Tout commence le mois dernier, quand le FBI débarque chez Shayne Coplan, le patron de Polymarket. Un raid en bonne et due forme, qui secoue le petit monde des marchés prédictifs. Rapidement, les langues se délient. Polymarket serait visé pour avoir autorisé des paris illégaux sur les élections américaines, entre autres. L’entreprise a déjà eu maille à partir avec les autorités par le passé et n’est plus autorisée à opérer auprès des parieurs américains depuis un accord avec la CFTC en 2022.
Le Département de la Justice enquête sur Polymarket pour avoir prétendument autorisé des transactions restreintes pour les utilisateurs américains.
– Bloomberg
Kalshi en profite pour enfoncer le clou
Chez Kalshi, le grand rival de Polymarket, on y voit une opportunité en or. Tarek Mansour, le PDG, admet dans un podcast avoir demandé à certains influenceurs de propager des mèmes suggérant que Polymarket et son patron agissaient dans l’illégalité. Un extrait rapidement supprimé, mais que TechCrunch a pu écouter.
Certains membres de notre équipe se sont un peu échauffés. Ils n’ont payé personne, ils ont juste demandé à certains de nos affiliés de longue date de poster des mèmes.
– Tarek Mansour, PDG de Kalshi
Problème : Polymarket ne serait pas en reste et aurait lui aussi usé de tactiques douteuses sur les réseaux, selon Mansour, en suggérant notamment que le FBI avait aussi perquisitionné chez Kalshi. Une fake news balayée par l’intéressé. Les deux entreprises nient toute implication directe, mais la hache de guerre est déterrée. Chacun accuse l’autre d’user de stratagèmes d’influence sur les réseaux sociaux.
Rien ne va plus entre les deux géants du pari
Au-delà de cette guéguerre d’influences, Kalshi et Polymarket s’affrontent surtout sur le terrain de la régulation. Kalshi, soutenu par des investisseurs de renom comme Sequoia et Y Combinator, a obtenu les autorisations pour opérer légalement auprès des parieurs américains dès 2021, là où Polymarket bataille encore avec les autorités. Un avantage compétitif certain sur ce marché en plein essor des paris événementiels, estimé à plusieurs milliards de dollars.
Reste que ces révélations jettent une lumière crue sur les pratiques douteuses de ces nouveaux acteurs, prêts à tout pour tirer leur épingle du jeu dans cet Eldorado encore peu régulé. Influenceurs, mèmes, fake news : tous les coups semblent permis pour déstabiliser la concurrence et attirer les faveurs du public et des autorités. Une concurrence féroce qui n’est pas sans rappeler les heures sombres de l’industrie du jeu avant l’arrivée des régulateurs.
Avec un marché colossal en jeu et des investisseurs de renom derrière eux, Kalshi et Polymarket sont engagés dans un bras de fer qui est loin de connaître son épilogue. Mais à force de se crêper le chignon par mèmes et podcasts interposés, les deux licornes risquent surtout de se tirer une balle dans le pied et d’attirer l’attention des législateurs sur un secteur qui peine encore à trouver ses marques. Une bataille de coqs qui pourrait coûter cher à toute une industrie.