L’histoire de Fisker, ambitieuse startup de véhicules électriques, est celle d’une ascension fulgurante suivie d’une chute tout aussi spectaculaire. Retour sur la trajectoire tumultueuse de cette entreprise, de ses débuts prometteurs à son dépôt de bilan en juin 2024.
Les débuts ambitieux de Fisker
Fondée par Henrik Fisker, designer automobile de renom, la startup Fisker avait pour ambition de révolutionner le marché des véhicules électriques avec son SUV Ocean. Les premières fissures sont cependant apparues dès le lancement du véhicule en 2023, avec des baisses répétées des objectifs de production, des ventes en deçà des attentes et des licenciements.
Mais les problèmes de Fisker ne s’arrêtaient pas là. L’Ocean était en proie à de nombreux bugs logiciels et défauts mécaniques : problèmes de freins, pertes de puissance soudaines, portières bloquées… Des défauts qui ont conduit à de multiples enquêtes de sécurité et finalement à une suspension de la production pour lever de nouveaux fonds.
Le début de la fin
Malgré les efforts de Fisker pour redresser la barre en 2024, avec notamment une transition vers un modèle de vente via des concessionnaires, la situation financière est restée précaire. En mars, la startup annonçait une pause de la production du SUV Ocean, ne disposant plus que de 121 millions de dollars en banque.
S’en est suivie une succession de mauvaises nouvelles : échec des négociations avec Nissan qui devait apporter des fonds, suspension de la cotation par le NYSE, licenciements massifs pour préserver les liquidités, et révélations sur des millions de dollars de paiements clients « perdus » pendant des mois suite à un manque de suivi interne…
Dépôt de bilan et liquidation des actifs
N’ayant pas réussi à trouver un repreneur ou de nouveaux investisseurs, Fisker s’est résolu à déposer le bilan le 18 juin 2024. S’en est suivi un processus de liquidation des actifs, entre rappels de véhicules à la charge des propriétaires, cession du stock de SUV à un loueur à bas prix, et vente aux enchères des équipements industriels.
La débâcle de Fisker illustre les immenses défis auxquels font face les startups automobiles, entre intensité capitalistique, complexité industrielle et réglementation stricte.
Alors que les véhicules électriques représentent l’avenir de l’automobile, le cas Fisker montre que réussir sur ce marché est loin d’être une garantie, y compris pour une startup portée par un nom connu et des ambitions élevées. Au-delà des effets d’annonce, l’exécution opérationnelle et la qualité des produits restent déterminants.
Les leçons de l’échec de Fisker
Au final, plusieurs facteurs expliquent la déroute de Fisker :
- Un produit insuffisamment mature et fiable
- Des processus internes défaillants
- Une stratégie de croissance trop ambitieuse
- Des besoins en capitaux sous-estimés
Autant de pièges dans lesquels de nombreuses startups automobiles risquent encore de tomber. Car si la transition vers l’électrique ouvre indéniablement des opportunités, elle ne fait pas disparaître pour autant les immenses barrières à l’entrée propres à cette industrie. La triste épopée de Fisker en est l’illustration.