Le New York Times a révélé jeudi l’existence d’une clause surprenante dans le contrat liant OpenAI, le créateur de ChatGPT, à son investisseur et partenaire Microsoft. Selon les informations du journal, qui a interrogé 19 personnes proches du dossier, cette clause permettrait à OpenAI de couper l’accès de Microsoft à ses technologies si l’entreprise venait à développer ce qu’on appelle une intelligence artificielle générale (IAG), c’est-à-dire un système capable de rivaliser avec la pensée humaine.
Cette disposition contractuelle viserait à garantir que Microsoft ne puisse jamais mésuser de cette technologie révolutionnaire. Mais le plus fascinant est que le conseil d’administration d’OpenAI aurait le pouvoir de décider quand ce stade de l’IAG sera atteint. Or, Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a déjà déclaré que ce moment sera quelque peu subjectif.
Plus on s’en rapproche, plus j’ai du mal à répondre à cette question car je pense que ça va être beaucoup plus flou et graduel que ce que les gens pensent.
– Sam Altman, PDG d’OpenAI
Un Partenariat Sous Tension
Cette révélation intervient alors que les relations entre OpenAI et Microsoft semblent se détériorer, sous l’effet de plusieurs facteurs :
- La pression financière qui pèse sur OpenAI
- La puissance de calcul limitée fournie par Microsoft
- Des désaccords sur les règles du jeu entre les deux entités
Leur idylle de 5 ans, scellée par un investissement de Microsoft dans OpenAI en 2019, semble donc s’effriter alors même que les deux entreprises sont de plus en plus perçues comme des rivales dans la course à l’IA.
L’Enjeu De L’Intelligence Artificielle Générale
Au cœur de cette clause se trouve la notion d’intelligence artificielle générale (IAG), souvent présentée comme le Saint Graal de l’IA. À la différence des IA actuelles, spécialisées dans des tâches précises, une IAG serait capable de raisonner comme un humain et de s’adapter à n’importe quelle tâche intellectuelle.
Le développement d’une telle technologie, aux implications philosophiques et pratiques vertigineuses, soulève de nombreuses interrogations éthiques. D’où l’importance pour OpenAI de garder le contrôle sur son utilisation, même vis-à-vis d’un partenaire aussi proche que Microsoft.
Une Course À L’IA Qui S’Accélère
Mais la clause révélée par le New York Times soulève aussi la question de la concurrence féroce qui se joue actuellement dans le domaine de l’IA. OpenAI et Microsoft ne sont pas les seuls sur le coup, loin de là.
- Google a lancé cette année son chatbot Bard pour concurrencer ChatGPT
- Meta (Facebook) planche sur son propre modèle de langage, LLaMA
- De nombreuses start-up, comme Anthropic, se lancent aussi dans la course
Dans ce contexte, la possibilité pour OpenAI de se libérer de l’emprise de Microsoft pourrait s’avérer un atout décisif. D’autant que selon le New York Times, l’accord actuel donne à Microsoft l’exclusivité des licences sur les modèles d’OpenAI.
L’Avenir Incertain De L’IA
Reste à savoir quand et comment OpenAI jugera qu’il a atteint le stade de l’IAG. Comme le souligne Sam Altman, cette frontière risque d’être plus floue et progressive que les scenarios de science-fiction ne le laissent penser.
Mais une chose est sûre : le développement fulgurant de l’IA ces derniers mois, illustré par le succès planétaire de ChatGPT, nous rapproche chaque jour un peu plus de ce moment fatidique. Et les géants de la tech l’ont bien compris, se livrant une bataille sans merci pour prendre les rênes de cette disruption majeure.
La clause secrète entre OpenAI et Microsoft est donc un symbole de plus de cette course effrénée vers l’IA du futur, dont l’issue pourrait bien redéfinir les équilibres de pouvoir dans la Silicon Valley et au-delà. Affaire à suivre de très près…
