Imaginez un monde où l’intelligence artificielle devient un atout stratégique pour protéger nos démocraties. C’est précisément la mission que s’est donnée la startup allemande Helsing, qui vient de boucler un tour de table impressionnant de 487 millions de dollars en série C. Avec cette levée record menée par General Catalyst, Helsing compte bien renforcer sa présence dans les pays baltes pour faire face à la menace grandissante de la Russie.
Fondée il y a seulement 3 ans, Helsing développe des logiciels d’IA destinés à optimiser les systèmes de défense, améliorer les capacités des drones et avions de chasse, et aider à la prise de décision sur le champ de bataille. Une technologie qui s’avère cruciale dans le contexte actuel, comme l’explique Gundbert Scherf, co-PDG de Helsing :
L’Ukraine a utilisé la technologie pour se défendre contre l’invasion russe à grande échelle. Le fait de pouvoir les aider et déployer notre technologie pour exécuter la mission que nous nous étions fixée il y a trois ans et demi, à savoir utiliser l’IA pour protéger nos démocraties, a été un moteur important pour nous.
– Gundbert Scherf, co-PDG de Helsing
Un ancrage stratégique en Estonie
Pour matérialiser ses ambitions, Helsing a créé une nouvelle entité en Estonie et prévoit d’investir 70 millions d’euros dans des projets de défense dans les pays baltes au cours des trois prochaines années. Un choix loin d’être anodin, comme le souligne Torsten Reil, l’autre co-PDG :
L’Estonie est un pays qui est évidemment aussi un leader dans le domaine de la technologie et la Première ministre y est très convaincue de la nécessité de protéger les démocraties européennes. C’était donc un point de départ naturel.
– Torsten Reil, co-PDG de Helsing
Dans un communiqué, la Première ministre estonienne Kaja Kallas a d’ailleurs salué l’arrivée d’Helsing, soulignant que « nous avons besoin d’actions, pas seulement de mots ». Face à l’augmentation du budget de défense russe, qui atteint désormais 7% de son PIB, l’Europe se doit en effet de réagir.
Des partenariats de poids
Malgré son jeune âge, Helsing a déjà su nouer des partenariats stratégiques avec des acteurs majeurs du secteur comme Airbus, les ministères de la défense allemand et ukrainien, ou encore Saab. La startup travaille notamment sur :
- La mise à niveau de la guerre électronique de l’Eurofighter allemand
- L’infrastructure d’IA pour le système de combat aérien du futur (FCAS)
- De nombreux contrats classifiés dans les domaines maritime et terrestre
Avec cette nouvelle levée de fonds, qui porte le total récolté à 769 millions d’euros, Helsing entend bien devenir un leader mondial de l’IA appliquée à la défense. Un positionnement unique en Europe, comme le souligne Jeannette zu Fürstenberg, directrice générale de General Catalyst :
Alors que nous sommes témoins de fronts de bataille sur le sol européen pour la première fois depuis des décennies, nous pensons que le rôle d’entreprises comme Helsing n’a jamais été aussi crucial.
– Jeannette zu Fürstenberg, General Catalyst
Un secteur en plein essor
L’annonce d’Helsing intervient alors que les startups de la défense ont le vent en poupe, dans un contexte géopolitique tendu. Rien qu’en 2023, la Silicon Valley a investi près de 35 milliards de dollars dans ces entreprises, et plus de 9 milliards depuis le début de l’année 2024 selon PitchBook.
Avec l’augmentation des budgets de défense occidentaux, c’est tout un écosystème qui se structure pour répondre aux nouveaux enjeux sécuritaires. Si les États-Unis restent en pointe avec des pépites comme Anduril, l’Europe compte bien rattraper son retard, comme en témoigne la success story d’Helsing. Une course à l’innovation qui ne fait sans doute que commencer, mais qui soulève aussi de nombreuses questions éthiques sur l’usage de l’IA dans les conflits…