Dans un revirement spectaculaire, Glovo, l’application espagnole de livraison détenue par l’allemand Delivery Hero, a finalement plié face à la pression sur les droits des travailleurs dans son pays d’origine. La société a annoncé lundi son intention d’embaucher environ 15 000 coursiers, qui étaient jusqu’à présent considérés comme des « auto-entrepreneurs ».
La réforme du droit du travail espagnol de 2021 au cœur des débats
Cette décision intervient dans le sillage de la réforme du droit du travail espagnol de 2021, qui a reconnu les coursiers travaillant pour des plateformes de livraison comme des salariés à part entière. Cependant, Glovo avait jusqu’à présent continué à fonctionner avec la plupart de ses coursiers hors des effectifs, en utilisant des sous-traitants pour contourner cette obligation.
Les entreprises n’étaient pas habituées à ce qu’on leur dise « non ». Glovo pensait pouvoir agir en dehors de la loi.
– Yolanda Díaz, Ministre espagnole du Travail
Selon Reuters, Glovo a également averti d’un impact de 100 millions d’euros sur ses bénéfices suite à ce changement de cap. Dans un communiqué, la société a déclaré vouloir « éviter de nouvelles incertitudes juridiques ».
Glovo déjà dans le viseur des autorités avant la réforme
Ce n’est pas la première fois que Glovo se retrouve dans le collimateur des autorités espagnoles. La société a déjà fait l’objet de multiples amendes pour des infractions au droit du travail antérieures à la loi sur les coursiers de 2021 :
- Le PDG et cofondateur Oscar Pierre doit comparaître devant les tribunaux cette semaine pour des violations présumées de cette loi.
- Glovo fait également face à un procès en concurrence intenté par son rival Just Eat, qui réclame 295 millions d’euros de dommages et intérêts.
Un tournant majeur pour l’économie de plateforme en Espagne
La décision de Glovo marque un tournant significatif pour le secteur de la livraison et l’économie de plateforme en Espagne. Alors que de nombreuses startups technologiques ont prospéré grâce à un modèle reposant largement sur des travailleurs indépendants, les pressions croissantes en faveur d’une meilleure protection des droits des travailleurs les obligent à revoir leur copie.
Cette évolution n’est pas sans conséquences pour les entreprises concernées, comme en témoigne l’avertissement de Glovo sur l’impact financier de sa décision. Cependant, elle pourrait ouvrir la voie à un modèle plus durable et équitable, conciliant l’innovation technologique et le respect des droits fondamentaux des travailleurs.
L’exemple de Glovo sera suivi de près par les autres acteurs de l’économie de plateforme, en Espagne et au-delà. Il illustre la nécessité pour ces entreprises de s’adapter à un cadre réglementaire en constante évolution, tout en recherchant un équilibre entre croissance économique et responsabilité sociale.