Dans un premier cas du genre, la Federal Trade Commission (FTC) vient d’interdire à une application de servir des utilisateurs de moins de 18 ans. L’agence a annoncé mardi qu’elle bannit NGL, une appli sociale anonyme, de faire la promotion auprès des mineurs ou de leur offrir ses services. NGL devra payer une amende de 5 millions de dollars pour régler le litige.
Lancée en 2021, NGL s’est rapidement hissée au sommet des classements d’apps en proposant aux utilisateurs de poster des liens vers leurs comptes sur les réseaux sociaux. Les amis peuvent cliquer pour envoyer des questions de façon anonyme, un concept qui a séduit les ados mais qui comporte aussi des risques.
Des pratiques trompeuses et dangereuses
La FTC et le procureur de Los Angeles accusent non seulement NGL et ses cofondateurs de cibler les mineurs, mais aussi d’avoir faussement prétendu que son système d’IA de modération filtrait les messages nuisibles et le cyberharcèlement. La plainte allègue également que NGL envoyait de fausses questions qui semblaient venir de vraies personnes pour inciter les utilisateurs à payer un abonnement mensuel de 9,99$ afin d’obtenir des indices sur l’identité des expéditeurs.
En 2022, notre équipe a pu constater ce stratagème en partageant un lien NGL dans une Story Instagram visible un court instant avant de la supprimer. Quelques heures plus tard, nous avons reçu des questions de soi-disant « personnes » sur NGL. Mais personne n’avait en réalité vu notre lien puisqu’il n’était resté en ligne qu’une seconde.
La tactique d’appât de NGL a incité de nombreux consommateurs à se plaindre, ce que les dirigeants de NGL ont balayé d’un revers de main, qualifiant ces utilisateurs de « pigeons ».
– La FTC
Violations des règles de protection des mineurs
En plus de ces pratiques trompeuses, la plainte souligne que NGL n’a pas divulgué clairement le consentement pour les frais récurrents de son service payant. La société aurait aussi violé la règle COPPA (Children’s Online Privacy Protection Act) qui exige des applis destinées aux moins de 13 ans d’informer les parents sur les données personnelles collectées.
NGL a commercialisé son application auprès des enfants et des adolescents tout en sachant qu’elle les exposait au cyberharcèlement. Compte tenu du mépris flagrant de NGL pour la sécurité des enfants, l’ordonnance de la FTC interdirait à NGL de commercialiser ou d’offrir son application aux moins de 18 ans.
— Lina Khan, Présidente de la FTC
Les mesures imposées à NGL
Dans le cadre du règlement, NGL doit mettre en place une limite d’âge empêchant les utilisateurs nouveaux et actuels d’accéder à l’appli s’ils ont moins de 18 ans. La société a aussi l’interdiction de faire de fausses déclarations sur l’identité des expéditeurs de messages et doit divulguer les informations sur les frais récurrents. De plus, il lui est défendu de prétendre que son système d’IA de modération peut filtrer le cyberharcèlement.
Le cofondateur de NGL, Joao Figueiredo, voit dans cet accord une opportunité d’améliorer l’application pour ses utilisateurs, bien qu’il conteste certaines allégations sur la jeunesse de sa base d’utilisateurs. Il espère que les procédures convenues serviront de référence pour d’autres dans ce domaine.
Une action marquante de la FTC
Ce règlement représente l’une des actions les plus significatives menées par la FTC sous la présidence de Lina Khan, visant à empêcher les réseaux sociaux de tirer profit de pratiques potentiellement néfastes pour les enfants. Un signal fort envoyé à l’industrie tech sur l’importance de la protection des mineurs en ligne.
La sécurité et le bien-être des jeunes utilisateurs doivent être une priorité absolue pour les entreprises technologiques développant des services et plateformes en ligne. Il est crucial que des garde-fous soient mis en place et appliqués rigoureusement pour prévenir les dérives et abus. Des initiatives comme celles de la FTC sont essentielles pour réguler cet écosystème numérique en constante évolution et s’assurer que les enfants puissent en profiter en toute quiétude.