L’Autorité De La Concurrence Japonaise Perquisitionne Amazon

Le géant de l’e-commerce Amazon se retrouve une nouvelle fois dans le collimateur des autorités de régulation, et cette fois-ci au Japon. L’Autorité japonaise de la concurrence (JFTC) a en effet mené une perquisition dans les locaux d’Amazon Japan, soupçonnant la firme d’avoir enfreint les lois anti-monopole du pays en incitant illégalement ses vendeurs tiers à baisser leurs prix.

Amazon Japan collabore avec les autorités

Suite à cette perquisition surprise, Amazon Japan a déclaré qu’elle coopérerait pleinement avec la JFTC dans le cadre de cette enquête. Selon un porte-parole de l’entreprise, Tomoko Inoue : « Nous collaborons entièrement avec les autorités [japonaises] ». Cette affaire concerne plus précisément le système de « Buy Box » utilisé par Amazon.

Le système de « Buy Box » dans le viseur

La Buy Box est cet encart bien visible sur les pages produits d’Amazon qui met en avant un vendeur en particulier. Pour le client, cliquer sur le bouton « Ajouter au panier » signifie acheter auprès de ce vendeur sélectionné. Un véritable enjeu de visibilité donc pour les marchands.

Or, Amazon Japan est soupçonné d’avoir réclamé des « prix compétitifs » (comprendre plus bas) à ses vendeurs, par rapport à d’autres places de marché en ligne, pour pouvoir figurer dans cette fameuse Buy Box. De plus, pour être éligibles, les vendeurs auraient dû utiliser les services logistiques et de paiement internes d’Amazon.

Un sujet récurrent pour Amazon

Ce n’est pas la première fois qu’Amazon est épinglé pour ses pratiques autour de la Buy Box. Plusieurs autorités antitrust à travers le monde s’y sont déjà intéressées ces dernières années :

  • En Europe, Amazon a dû proposer des engagements pour clore une enquête de la Commission Européenne fin 2022
  • Au Royaume-Uni, une investigation similaire s’est aussi soldée par des engagements de la part d’Amazon en 2023
  • Aux États-Unis, Amazon fait face à une plainte antitrust de la FTC et de 17 États, notamment sur la question du contrôle des prix

La firme de Seattle risque jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires annuel mondial en cas de violation avérée du Digital Markets Act européen. Des sanctions qui pourraient s’avérer très lourdes.

Une situation qui ne date pas d’hier au Japon

Amazon est un acteur majeur de l’e-commerce au Japon, deuxième marché du groupe après les États-Unis. Mais ses relations avec les autorités de régulation y sont tendues de longue date. En 2018 déjà, la JFTC avait perquisitionné Amazon Japan, la soupçonnant de faire payer à ses fournisseurs une partie des coûts de vente à perte. L’affaire s’était soldée par un plan d’amélioration des pratiques.

Si Amazon est reconnu coupable de violation de la loi anti-monopole, les sanctions pourraient être très lourdes.

Analyste du marché japonais

Cette nouvelle enquête montre que le sujet est loin d’être clos et qu’Amazon va devoir revoir en profondeur ses pratiques, au Japon comme ailleurs. Car au-delà des amendes potentiellement très élevées, c’est la réputation et la confiance dans le groupe qui sont en jeu à terme. Dans un marché du e-commerce de plus en plus concurrentiel, Amazon ne peut se permettre de prendre le risque de se mettre à dos ses vendeurs et les autorités de régulation.

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