Alors que l’engouement pour l’intelligence artificielle bat son plein et que les startups de ce secteur lèvent des fonds à des valorisations impressionnantes, la réalité est bien différente pour celles qui n’ont pas misé sur l’IA. Selon Brian Hirsch, co-fondateur de Tribeca Venture Partners, des milliers de startups peinent encore à boucler leur prochain tour de table à une valorisation supérieure, voire à simplement survivre.
Le grand écart des valorisations
L’analyse de près de 2000 deals de Carta illustre parfaitement ce phénomène à deux vitesses. Pour les tours de Série B, les 10% les moins bien valorisés affichent une valorisation pré-money de seulement 40 millions de dollars. À l’inverse, le top 10% caracole à près d’1 milliard de dollars. Le contraste est encore plus saisissant en Série D, où les valorisations s’échelonnent de 27 millions à 5,2 milliards de dollars.
Sans surprise, les startups qui trustent le haut du panier sont celles qui misent sur l’IA. ElevenLabs a ainsi levé 920 millions de dollars en Série B sur une valorisation pré-money à 920 millions. Quant à Cohere, sa Série D s’est bouclée à 5 milliards de valorisation pré-money.
Le parcours du combattant des startups non-IA
De l’autre côté du spectre, même les startups ayant levé post-bulle spéculative galérent. Celles qui ont bouclé une Série A il y a 18 mois font face à de grandes difficultés pour sécuriser un tour de Série B, et ce malgré une croissance décente de leurs revenus. Seuls 9% des startups en Série A arrivent à lever une Série B dans les 2 ans, contre 25% auparavant selon Carta.
Les fondateurs de startups non-IA doivent avoir l’impression de ne pas avoir été invités à la cool party du lycée. Ils ont souvent un bon business, mais tout le monde s’en fiche.
– Brian Hirsch, Tribeca Venture Partners
Redresser la barre via les down rounds
Face à cette situation, certains fonds comme Tribeca Ventures se positionnent pour aider à valoriser les down rounds (tours à une valorisation inférieure) de startups plus matures, ayant généralement plus de 20 millions de dollars de revenus annuels. Bien que leur croissance soit correcte, leur valorisation est souvent trop élevée pour le marché actuel.
D’après Brian Hirsch, il faudra encore au moins 2 à 3 ans pour « nettoyer » les valorisations excessives héritées de l’ère de l’argent facile. Une période durant laquelle les startups non-IA devront redoubler d’efforts pour convaincre les investisseurs, en misant notamment sur :
- une trajectoire de croissance rentable et durable
- des revenus récurrents et prédictibles
- un positionnement et un avantage concurrentiel clairs
- une équipe de direction solide et complémentaire
Garder le cap malgré la tourmente
Si la frénésie autour de l’IA ne faiblit pas, les startups plus « traditionnelles » ne doivent pas pour autant renier leur vision et leur modèle. Certes, l’accès aux financements est plus ardu. Mais en se concentrant sur les fondamentaux, en faisant preuve d’agilité et en ayant un narratif bien rodé, elles pourront traverser cette zone de turbulences et en ressortir renforcées.
Loin des projets IA parfois plus spéculatifs, ces startups non-IA construisent l’économie de demain. Avec de la résilience et un soutien adapté des investisseurs, elles ont toutes les cartes en main pour s’imposer durablement sur leur marché. Le boom de l’IA finira bien par retomber, les laissant idéalement positionnées pour accélérer.