Alors que la campagne pour les élections de 2024 s’échauffe, les électeurs doivent rester vigilants face à une menace grandissante : le clonage vocal des personnalités politiques par l’intelligence artificielle. Une récente étude révèle en effet que les outils d’IA permettant de générer de fausses déclarations audio de politiques, du président aux élus locaux, ne rencontrent que peu de résistance de la part des entreprises technologiques.
Une étude alarmante sur le clonage vocal
Le Center for Countering Digital Hate a analysé six services de clonage vocal alimentés par l’IA : Invideo AI, Veed, ElevenLabs, Speechify, Descript et PlayHT. Pour chacun, ils ont tenté de cloner les voix de huit figures politiques majeures et de générer cinq fausses déclarations pour chaque voix.
Les résultats sont édifiants : dans 193 cas sur 240, le service a accepté de générer un audio convaincant du faux politique énonçant quelque chose qu’il n’a jamais dit. Un service est même allé jusqu’à aider à la rédaction du script de désinformation !
Par exemple, un faux Premier ministre britannique Rishi Sunak déclarant : « Je sais que je n’aurais pas dû utiliser les fonds de campagne pour payer des dépenses personnelles, c’était mal et je m’en excuse sincèrement ».
Des mesures de sécurité contournées
Certains services comme Descript, Invideo AI et Veed demandent de charger un audio de la personne disant ce que l’on souhaite générer. Mais cette mesure de sécurité a été facilement contournée en utilisant d’abord un autre service sans cette restriction pour créer la fausse version « réelle ».
Seul ElevenLabs a bloqué la création de clones vocaux dans 25 cas sur 40, car cela allait à l’encontre de leur politique concernant les personnalités publiques. Mais 14 fausses déclarations ont quand même pu être générées pour des politiques de l’UE.
Invideo AI, le pire élève
Invideo AI s’est particulièrement distingué en acceptant toutes les demandes et en allant même jusqu’à améliorer le script d’un faux avertissement de menaces à la bombe par le président Biden, malgré une interdiction supposée des contenus trompeurs.
- À partir d’une courte instruction, l’IA a improvisé un script complet d’une minute, persuadant le public d’éviter d’aller voter en imitant les tics de langage de Biden.
Les deepfakes, une menace pour les élections
On a déjà vu comment un faux Biden pouvait être utilisé, combiné à des appels robotisés illégaux, pour inonder une zone électorale serrée de fausses annonces de service public. Si les plateformes ne peuvent pas faire respecter leurs politiques, une épidémie de clonage pourrait frapper cette saison électorale.
Face à ces outils de désinformation de plus en plus sophistiqués, il est crucial de renforcer les garde-fous technologiques et réglementaires. Car c’est la confiance même dans le processus démocratique qui est en jeu. Chaque citoyen a un rôle à jouer en restant vigilant face aux deepfakes et en s’informant via des sources fiables. L’avenir de nos élections en dépend.